La Néerlandaise Kirsten Wild réussit une belle carrière depuis des années, sur la route comme sur la piste. Et avec les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 à l'horizon, la coureuse de 37 ans ne montre aucun signe de relâchement.
Wild court avec la confiance et la finesse tactique d’une athlète sur le point d’entrer dans sa 17e année de compétition. Prenez par exemple les récents Six Jours de Gand, en Belgique, où elle a fait preuve de ténacité, de talent et de beaucoup de puissance pour dominer l'Omnium. Wild a remporté aussi le Scratch et et la course Tempo ainsi que la course par élimination, devançant les Belges Jolien D’hoore et Lotte Kopecky. Avant la compétition, Wild avait identifié le duo belge comme étant ses rivales principales, affirmant aux médias locaux que « ce sera une bataille difficile entre nous ». Comme cela a été le cas à maintes reprises dans sa carrière, Wild a dû aller chercher très loin dans ses ressources pour sortir victorieuse de cet affrontement.
Wild ne cache pas ses ambitions actuelles, son objectif principal étant de se qualifier pour les Jeux de Tokyo 2020. « C’est ce qui me trotte dans la tête sans arrêt, dit-elle. L’ensemble de mon entraînement et de mes courses visent à accumuler suffisamment de points possibles afin de me qualifier pour obtenir ma sélection. Je vieillis, mais pour moi, l’âge n’est pas un obstacle. »
Une évidence si on se réfère à sa saison 2019. Wild a pris du plaisir à amuser le public de Gand vêtue de son maillot arc-en-ciel, elle qui avait remporté la Madison et l'Omnium aux Championnats du Monde Piste UCI présentés par Tissot de Pruszków, en Pologne, un peu plus tôt dans l'année. Wild avait également remporté deux médailles d'or aux Championnats d'Europe piste UEC à Apeldoorn, aux Pays-Bas, dans son pays d'origine, triomphant cette fois sur l’Omnium et dans la course par élimination.
Mais sa réussite ne s’est pas limitée aux vélodromes. Wild a rejoint l'équipe WNT-Rotor Pro Cycling en 2019, signant un contrat de deux ans, quelque temps après que son ancienne équipe sur route, Wiggle High5, a baissé le rideau. Et elle a rapidement obtenu de nombreux succès au sprint. Elle n’a pas attendu longtemps…
Par une journée fraîche et ensoleillée, à la fin du mois de mars, Wild s’était adjugée les Driedaagse Brugge-De Panne, une course d’un jour en Belgique, après un final palpitant qui avait débouché sur un sprint massif avec presque toutes les meilleures sprinteuses. Sa victoire s’apparente à une démonstration. Wild, qui était située en 40e position à 2 km de l’arrivée, a retrouvé la roue arrière de sa coéquipière allemande, Lisa Brennauer, située juste devant elle, en 30e position. Ensemble, elles ont commencé à remonter le peloton à environ 1,5 km de l'arrivée. Alors qu’il ne restait plus qu’un kilomètre à parcourir, Brennauer a pris la tête. Le Team Sunweb a alors assuré le relais… mais une Wild qui a su garder patience a lancé son sprint à 250 mètres de la ligne pour s’imposer. Trois jours plus tard, Wild remportait Gent-Wevelgem in Flanders Fields, emmenée à nouveau par Brennauer.
Wild a empoché quatre autres victoires sur la route – cela aurait pu faire cinq si la Néerlandaise n’avait pas été disqualifiée après une chute au Prudential RideLondon Classique en juillet –, qui sont venues s’ajouter à un palmarès impressionnant riche de 108 victoires au total. Mais c’est bien la piste qui lui tient le plus à cœur. « Je commencerai la saison 2020 avec de la piste, et ensuite je basculerai sur des courses comme La Panne et Gent-Wevelgem, a-t-elle confié au journaliste Andrew Greaves. «Ensuite, je ferai une petite pause avant de repartir à bloc pour les Jeux Olympiques sur la piste. »
Si elle se concentre autant sur cet événement, c’est en partie lié à une expérience inachevée. Les Jeux de Tokyo constitueront ses troisièmes JO. A Londres et à Rio, Wild n'avait pas réussi à gagner une médaille. Un manque important pour une athlète avec un palmarès aussi brillant, d'autant plus que la réussite, à première vue, a toujours été chose facile pour Wild.
Wild est née et a grandi à Almelo, aux Pays-Bas. A l'âge de 13 ans, sa carrière de cycliste était lancée quand elle a enfourché son premier vélo de course. Son idée initiale consistait à faire le tour de son pays d'origine avec son frère Werner et son père. Mais ce n’était pas assez pour Werner ou Kirsten, lesquels demandaient toutes les deux une licence de course, Werner en mountain bike et Wild sur la route.
Au début, le talent naturel de Wild s’est développé grâce à l’association locale AWV de Zwaluwen, avant de s’étoffer sous le regard bienveillant de Wim Kruis au sein de l’équipe UCI @Work Cycling. Wild décrochait ainsi ses premiers podiums. Deux ans plus tard, elle rejoignait l'équipe AA Drink-Cycling et remportait sa première course sur route, l’Omloop door Middag-Humsterland. A l'époque, elle jonglait entre sa pratique du cyclisme et ses études à l'ALO de Groningue, travaillant comme professeure d'Education Physique. Wild a gardé cet équilibre jusqu'en 2009 quand elle décida de s’investir à 100 % avec le Cervélo TestTeam.
Le changement a porté ses fruits puisque de nombreuses victoires sur la route ont commencé à garnir son palmarès. Mais c’est sur la piste que Wild allait vraiment se faire un nom, terminant deuxième au classement mondial en 2009 et 2010. Depuis cette période, Wild a remporté les titres de Championne d’Europe et du Monde, sans oublier son succès sur la Coupe du Monde. Elle a d’ailleurs obtenu trois médailles d’or sur piste – dans l’Omnium, la course aux points et le Scratch – aux Championnats du Monde Piste UCI 2018 présentés par Tissot à Apeldoorn.
A une période de leur carrière où de nombreuses coureuses commencent à se relâcher, Wild semble faire complètement l’inverse. On peut imaginer que, une fois qualifiée, elle se rendra au Japon avec l’objectif de mettre fin à sa disette olympique. Comme Wild l’a glissé, « l’âge n’est pas un obstacle à la réussite ».