Des vélos qui communiquent avec des véhicules. Des villes intelligentes qui comprennent mieux les flux de circulation afin de concevoir de meilleurs aménagements cyclistes. Des informations dans les mains – et sur le guidon – des cyclistes pour permettre des trajets plus rapides et plus sûrs. Ces scénarios font partie de la vision pour l’avenir du transport routier, et certains sont déjà en train de se réaliser aujourd’hui.
Comme tout autre domaine, le cyclisme peut bénéficier de l’arrivée de la numérisation et des nouvelles technologies. Ces dernières, utilisées de façon intelligente, pourraient être bénéfiques aux cyclistes tout en aidant à créer des espaces urbains plus sûrs et plus attractifs pour les déplacements sur deux roues.
En rassemblant des données pour mieux se représenter la circulation cycliste et les trajets à vélo, les urbanistes peuvent mieux répondre aux besoins des cyclistes et orienter le paysage urbain en faveur du vélo. Grâce à des compteurs de trafic routier – des dispositifs d’intelligence artificielle comptant le nombre de vélos via les caméras de circulation – ou aux données anonymisées générées par des entreprises de suivi de l’activité physique comme Strava, les villes traitent déjà les données pour le cyclisme de demain. Par exemple, PeopleForBikes a développé un outil innovant, Bicycle Network Analysis, qui se base sur des données d’Open Street Map et des informations sur l’infrastructure cycliste, pour juger de la qualité du réseau en évaluant la possibilité des habitants de l’utiliser pour se déplacer, notamment pour se rendre à l’école, au travail ou pour aller faire des courses.
MaaS à deux roues
Si la Mobility as a Service (MaaS – « Mobilité comme Service ») demeure l’un des sujets les plus en vogue dans le domaine des transports, le cyclisme, à bien des égards, incarne cette transition vers un modèle de transport plus distribué et partagé. Les habitants du monde entier ont été séduits par les systèmes de vélos en libre-service, qui sont aujourd’hui implantés dans plus de 1’000 villes. En Europe, on estime que 3 à 5 vélos en libre-service sont disponibles pour 1’000 résidents dans les villes majeures ; ce nombre devrait atteindre les 10 à 20 vélos pour 1’000 résidents au cours des cinq prochaines années.
Aujourd’hui, un déplacement commence de plus en plus sur une application mobile où différents modes (voiture, train, vélo, marche, transports en commun, etc.) sont proposés à l’utilisateur, et sur laquelle figurent la durée estimée et le coût du trajet. Pour les promoteurs du cyclisme, faire intégrer le vélo à l’offre numérique, aux côtés des autres modes de transport, est un objectif majeur. A l’été 2019, Google Maps – qui a également intégré des informations en temps réel sur les trains et les transports en commun – a commencé à intégrer des données sur les emplacements de vélos en libre-service et le nombre de vélos disponibles.
Vague verte danoise
Le Danemark – dont la culture cycliste n’est plus à prouver – s’est tourné vers des solutions technologiques pour améliorer les aménagements cyclistes et le temps passé à vélo. Dans le pays, des villes ont mis en place des projets « vague verte » qui permettent aux cyclistes d’adapter leur vitesse afin de bénéficier d’une vague verte de feux de circulation sans s’arrêter. Différents exemples de ces projets existent, notamment les « feux de voie » dans la ville d’Odense, qui donnent des indications visuelles aux cyclistes sur la vitesse nécessaire pour passer au vert à la prochaine intersection. En outre, des projets pilotes ont été lancés pour que les cyclistes aient la priorité aux intersections par temps de pluie ; à Copenhague, la plateforme de contrôle du trafic en temps réel évalue le nombre de cyclistes sur la route. Si beaucoup de cyclistes sont présents ou que les temps de trajet sont lents, le système adapte les feux de signalisation pour donner la priorité aux vélos. Pour plus d’exemples venant du Danemark, consultez Cycling - Danish Solutions.
Alors que la pratique du cyclisme augmente – particulièrement dans les grandes villes –, les domaines de la technologie et des affaires y prêtent une attention grandissante. Une plus grande utilisation de la technologie peut accélérer le travail, et les défenseurs du cyclisme, y compris Cycling Industries Europe (CIE), cherchent à renforcer leurs liens avec le secteur technologique. En plus de créer une plateforme de connaissances pour rassembler des données sur les systèmes de vélos en libre-service, le groupe d’experts du CIE sur le partage du vélo (BSEG) a un objectif annoncé : établir une norme européenne unique de données pour le secteur.
En outre, dans son rapport Prédictions 2020 sur la technologie, les médias et les télécommunications, publié début janvier, le cabinet de conseils Deloitte est allé jusqu’à faire figurer « la transformation numérique du cyclisme » dans ses six prédictions majeures de l’année.
L’avenir nous offrira davantage d’exemples où la technologie peut être utilisée pour faire du cyclisme le mode attractif de transport au quotidien pour tous.