Pour la première fois aux Championnats du Monde, l’Union Cycliste Internationale a réuni les directeurs sportifs des Fédérations Nationales dans le cadre d’un cours de sensibilisation à la conduite responsable à l’échelon-course. Une action inédite qui fait partie du programme engagé par l’UCI ces dernières années pour accroître la sécurité en course.
Saal Brüssel, dans l’Innsbruck Messe, Centre des Congrès de la capitale du Tyrol, mercredi 26 septembre 2018, 18h30. Rohan Dennis vient tout juste d’être sacré Champion du Monde UCI du contre la montre individuel Hommes Elite, consacrant un coureur issu d’une Fédération Nationale importante, Cycling Australia, et courant le reste de l’année sous les couleurs d’une formation majeure de l’UCI WorldTour, BMC Racing.
Dans la salle qui accueille les conférences de presse des détenteurs du maillot arc en ciel, Philippe Mariën commissaire international UCI a devant lui un parterre hétérogène de directeurs sportifs (DS). Pour le compte de la Fédération belge de cyclisme (RLVB ou Belgian Cycling) ou de l’UCI, le Belge a l’habitude de former le peloton, coureurs comme encadrants : sécurité et antidopage constituent son quotidien quand il n’est pas membre du collège des commissaires.
Ici, l’audience est un peu différente : « Aux Mondiaux on a des DS qui participent pour la première fois à une compétition internationale, plus habitué à conduire dans des échelons course d’épreuves continentales ou nationales. Notre mission ici est d’assurer une remise à niveau des conducteurs pour assurer la sécurité des coureurs et de toutes les personnes présentes dans la ‘bulle’. »
A Innsbruck, ce sont 77 nationalités qui sont représentées. Le décompte par continents témoigne de la diversité des horizons et d’une expérience du haut niveau inégale : Europe (39 nations), Amériques (16), Asie (14), Afrique (6) et Océanie (2).
L’an dernier à Bergen, l’UCI a prononcé des sanctions quand le comportement des conducteurs mettait en danger la sécurité des coureurs.
Les catégories Junior et Moins de 23 ans sont celles où le manque de ressources des équipes nationales peut se faire sentir, et potentiellement avoir des conséquences sur la sécurité en course. La limitation à 25 véhicules dans l’échelon course pour les équipes est une réponse apportée par l’UCI.
L’accident grave en 2016 du coureur belge Stig Broeckx, touché par deux motos signaleurs mobiles ainsi que l’accident mortel d’Antoine Demoitié après une chute impliquant également une moto, a rappelé que la sécurité est une priorité permanente et l’affaire de tous, indépendamment de l’expérience des acteurs de la course.
« Ici à Innsbruck des DS chevronnés côtoient des confrères peu habitués du haut niveau, explique Vincent Jourdain, chargé à l’UCI de superviser l’organisation des courses, notamment à l’échelon course. Notre discours s’adresse aux deux groupes parce que les pilotes ou conducteurs de l’UCI WorldTour ont aussi besoin d’être sensibilisés, il peut y avoir des mauvaises habitudes ou un excès de confiance. »
L’ancien entraîneur national canadien se souvient avoir appris à conduire en compétition sans véritable filet. « J’ai appris sur le tard. C’est bien si aujourd’hui on peut faire autrement. »
La formation offerte par l’UCI lors de ces Mondiaux 2018 s’inscrit dans le cadre d’un accroissement des ressources engagées ces dernières années par la Fédération Internationale dans le domaine de la sécurité en course.
Un guide intitulé Directives de circulation des véhicules en course donne un cadre règlementaire pour tout véhicule à l’échelon course. Des conseillers techniques expérimentés et reconnus, souvent ex-coureurs, sont présents sur les courses en amont et pendant les épreuves.
L’effort a été étendu à la sensibilisation des conducteurs et pilotes. En 2017, plus de 800 participants ont été recensés aux cours proposés par l’UCI, avec un effort particulier pour les nouvelles épreuves du calendrier UCI WorldTour. En 2018, l’initiative revenait aux organisateurs. La demande est restée très forte : 655 inscrits pour 12 formations, allant du Tour de France au Grand Départ du Giro d’Italia en Israël ou aux Championnats sportifs européens de Glasgow.
« On voit de plus en plus d’organisateurs ou de Fédérations Nationales profiter de ces cours pour former des conducteurs de courses de catégories inférieures ou nationales, se félicite Vincent Jourdain. Le projet à moyen terme est de transférer l’éducation des conducteurs et des pilotes aux fédérations pour les épreuves de classe 1, classe 2 et nationales. »
L’UCI travaille avec les représentants des coureurs (CPA), des équipes (AIGCP) et des organisateurs (AIOCC) afin d’assurer une participation le plus large possible de la part des acteurs clés du cyclisme sur route.
« Le succès de ce travail de sensibilisation passe par l’implication de toutes les parties présentes dans le convoi, voitures, motos, régulateurs, assistance, médical, coureurs … On peut produire des guides, faire des réunions, donner des formations, mais la sécurité des coureurs passe aussi par les coureurs. Ils font partie de la solution », conclut Vincent Jourdain.
Aucun comportement dangereux n’a été relevé à Innsbruck.