Les Australiens font les choses à leur manière. Cela vaut dans de nombreux domaines et notamment en cyclisme, dont l'internationalisation doit beaucoup aux coureurs et événements des antipodes. La Cadel Evans Great Ocean Road Race (1er-2 février) est prête à en apporter une nouvelle preuve en réunissant à Geelong des milliers de passionnés invités à participer à un événement populaire comme l'élite mondiale des pelotons féminin et masculin.
Le public australien profite aujourd'hui d'une scène en plein développement. Des événements pionniers comme le Santos Tour Down Under – événement inaugural de l’UCI WorldTour – et le Herald Sun Tour sont rejoints par des nouveaux venus séduisants comme la Cadel Evans Great Ocean Road Race (née en 2015) et la Race Torquay, dont la première édition se déroulera fin janvier. En plein été australien, ces courses font souffler un vent nouveau dans une ambiance vibrante pour célébrer coureuses et coureurs professionnels et encourager la pratique du cyclisme.
Sur la Cadel Road Race, les courses UCI Women's WorldTour et UCI WorldTour seront ainsi précédées par la Swisse People's Ride. Chaque année, plus de 3’000 amateurs roulent sur les routes empruntées par les pros sur l'un des trois circuits (35 km, 65 km ou 115 km) tracés autour de Geelong, passant par Barwon Heads (où Cadel Evans a grandi) et en empruntant la Great Ocean Road, une attraction touristique à part entière le long de la Surf Coast.
Ils partagent ce moment avec une légende du sport, le plus grand champion cycliste australien de l’histoire : Cadel Evans, qui participe également à une randonnée familiale consacrée aux enfants la veille. Vainqueur du Tour de France en 2011 et Champion du Monde Route UCI en 2009, Evans a pris sa retraite après avoir couru la première édition de la course professionnelle portant son nom en 2015. L'événement vise à faire vivre l'« héritage de Cadel », sur le vélo et à côté, en tant qu'« exemple de réussite à travers l'investissement personnel et la détermination ».
Une aventure qui se poursuit
Pour sa dernière journée en tant que coureur professionnel, Cadel Evans avait fini cinquième à Geelong au sein d'un petit groupe d'attaquants. « J'ai consacré ma vie à ce sport, j'ai découvert la passion du cyclisme à 14 ans, dans les années 90, et ça a été ma vie à temps plein pendant 20 ans, avait-il rappelé à cette occasion. Pour moi, il s'agit de donner en retour à ce sport qui m'a tant donné au fil des années. Je suis éternellement reconnaissant envers ce sport et tous ceux qui m'ont supporté dans ce parcours. »
Cadel Evans ne s'est pas arrêté là, et la Cadel Evans Great Ocean Road Race s'est rapidement élevée au niveau UCI WorldTour, rejoignant l'élite du cyclisme mondial en 2017. La course est désormais sur le point de devenir le premier événement de l'UCI Women's WorldTour organisé en Océanie, en spectaculaire ouverture de la saison 2020.
Avec un final dessiné autour de la montée de Challambra (une ascension nerveuse de 830 mètres), le parcours favorise des coureurs résistants avec une belle pointe de vitesse. Gianni Meersman, Peter Kennaugh, Nikias Arndt, le héros local Jay McCarthy et Elia Viviani sont les premiers noms au palmarès masculin. La course féminine a consacré trois championnes australiennes – Rachel Neylan (en 2015), Amanda Spratt (2016) et Chloe Hosking (2018) – ainsi que la Championne du Monde Route UCI 2019 Annemiek van Vleuten (2017) et la Cubaine Arlenis Sierra (2019).
Talents australiens, talents uniques
Il faut une très belle forme de début de saison pour briller sur la Surf Coast. Et maîtriser le terrain australien ne fait pas de mal. L'ancien vainqueur Jay McCarthy (Bora-hansgrohe) est de retour en 2020, accompagné par Cameron Meyer (Mitchelton-Scott), qui a déjà participé à l’événement à quatre reprises. Ils sont de sérieux prétendants à la victoire à Geelong, tout comme leurs compatriotes Caleb Ewan (Lotto Soudal) et Michael Matthews (Team Sunweb).
Ces deux derniers montrent que même lorsqu'il s'agit de l'art du sprint, les Australiens ont leur propre style. « Bling » Matthews a étendu son registre au point de remporter le classement par points du Tour de France (2017) et des Classiques exigeantes comme le Grand Prix Cycliste de Québec (2018, 2019) et le Grand Prix Cycliste de Montréal (2018). Il a même fini cinquième au sommet du terrible Mur de Huy (Flèche Wallonne 2018).
Vainqueur d'étape sur les trois Grands Tours, Caleb « Pocket Rocket » Ewan s'est attiré des admirateurs dans le monde entier avec son style unique et spectaculaire. Au sein de l'équipe Lotto Soudal, il bénéficie du soutien d'un autre Australien unique en son genre, l'expérimenté Adam Hansen. Originaire de l'Etat du Queensland, « Hanseeno » est réputé pour ses traits d'esprit et son ingéniosité. Il a notamment conçu des chaussures de cyclisme et des vêtements de sport ainsi qu'un logiciel pour son équipe. Il est également célébré comme le coureur avec le plus grand nombre de participations consécutives à des Grands Tours : 20, de la Vuelta a España 2011 au Giro d'Italia 2018. Et il les a tous finis !
Le peloton féminin est également rempli de talents australiens. Prenez Sarah Gigante (Team Tibco-Silicon Valley Bank) : à seulement 19 ans, elle a débuté l'année 2020 en remportant les contre-la-montre Femmes Elite et Femmes Moins de 23 Ans aux Championnats d'Australie !
Pour sa deuxième participation à la Cadel Evans Great Ocean Road Race, Gigante courra notamment aux côtés des anciennes vainqueures Chloe Hosking (Rally Cycling) et Amanda Spratt (Mitchelton-Scott), de retour pour leur cinquième participation. Les deux ont remporté une étape du Santos Women’s Tour Down Under cette saison (Spratt s’est également offert le titre de Championne d’Australie dans la course en ligne).
La victoire finale du Santos Women’s Tour Down Under est finalement revenue à l’Américaine Ruth Winder (Trek-Segafredo), qui sera également présente à Geelong. En 2017, elle avait fini deuxième. Elle aura encore fort à faire face aux Aussies sur la Great Ocean Road.