A l’aise sur la route comme sur la piste, Elinor Barker (GBR) se concentre actuellement sur cette dernière discipline, son objectif consistant à conserver le mémorable titre olympique de la poursuite par équipes qu’elle avait remporté à Rio (BRA) avec ses coéquipières Laura Kenny, Joanna Rowsell-Shand et Katie Archibald.
« J'ai beaucoup couru sur la route cette année, mais l'an prochain, ce sera tout différent. Je serai complètement concentrée sur la piste et particulièrement sur la poursuite par équipes, parce qu'est ce qui m’importe le plus. Ça prend le dessus, et tout le reste sera mis de côté jusqu'à la fin des Jeux Olympiques », a expliqué l’athlète galloise.
Barker a démontré son investissement total sur la piste lors de la deuxième manche de la Coupe du Monde Piste UCI Tissot, à Glasgow, en Ecosse, au mois de novembre. Elle faisait alors partie du quartet britannique qui a dominé l'Allemagne pour prendre l'or dans un temps impressionnant de 4'12"244. C'était plus d'une demi-seconde de mieux que la performance qui leur avait apporté le titre européen à Apeldoorn, aux Pays-Bas, en octobre. Sur les deux événements, Barker a couru avec Archibald, Ellie Dickinson, Neah Evans et Laura Kenny. Il reste à déterminer qui parmi ces cinq coureuses roulera sur la piste japonaise en 2020, mais la place de Barker semble assurée.
Barker disputera-t-elle également l'Omnium, dont le nouveau format à quatre courses inclut le Scratch ? En Pologne, en février, Barker avait remporté le deuxième titre mondial individuel de sa carrière dans cette spécialité, après sa victoire dans la course aux points aux Mondiaux UCI 2017 de Hong Kong. En Pologne, Barker avait sprinté au coude à coude avec la championne néerlandaise Kirsten Wild et décroché une victoire qui en avait surpris plus d'un, elle la première.
« Je ne crois pas avoir déjà remporté une épreuve de Scratch dans ma vie, a déclaré Barker après sa victoire. Je pensais avoir fait une petite erreur de timing, et j'ai fini deuxième dans beaucoup de courses de Scratch. Gagner, c’est génial. »
Surmonter la maladie
La superbe performance de Barker est d'autant plus incroyable qu'elle a dû lutter contre une maladie non-diagnostiquée pendant des années, l'endométriose. Ses symptômes (parmi lesquels des règles douloureuses, une souffrance invalidante et une fatigue intense) sont similaires à ceux de nombreuses autres maladies, et poser le bon diagnostic prend parfois des années. Barker a subi une cœlioscopie en 2018, après avoir remporté la médaille d'or dans la course aux points aux Jeux du Commonwealth. Elle a expliqué que la maladie n'était pas complètement soignée et qu'elle aurait probablement besoin d'une nouvelle intervention chirurgicale. Mais à l'heure actuelle, elle est en pleine forme et vole sur la piste, malgré un autre passage récent à l'hôpital.
Lors de la RideLondon Classic, début août, Barker a été prise dans une chute au sprint et s'est relevée avec une fracture à une clavicule. Comme à son habitude, la Galloise est restée positive. Le lendemain matin, elle écrivait sur Twitter : « On dit que vous n'êtes pas un vrai cycliste tant que vous ne vous êtes pas cassé la clavicule. J'ai évité de rejoindre le club pendant 15 ans, mais je ne pouvais pas faire grand-chose hier. »
Barker portait les couleurs de l'Equipe Féminine UCI britannique Drops Cycling Team, qu'elle a rejoint l'hiver dernier après la fin de la formation Wiggle High5. La Galloise a signé de jolis résultats sur la route, et le manager de l'équipe Bob Varney a expliqué qu'elle se concentrerait davantage sur cette discipline après les JO. Avec ses qualités d'endurance et son démarrage dévastateur, pourra-t-elle, à l'image de son compatriote Geraint Thomas sur le Tour de France, remporter la plus prestigieuse course par étapes féminine, le Giro d’Italia Internazionale Femminile ?
L’école de cyclisme Maindy Flyers
Le parcours vers les sommets de Barker et de Thomas est passé pour chacun d'eux par l'école de cyclisme galloise Maindy Flyers. Ce club de Cardiff est né en 1995 et a vu passer dans ses rangs des milliers d'enfants, parmi lesquels Barker, Thomas, Dani King et le coureur du Team Ineos Owain Doull. La soeur d'Elinor, Meg, est elle aussi passée dans cette école et vise désormais la gloire olympique.
Rejoindra-t-elle sa sœur en brillant dans l’arène olympique ? Elle peut en tous cas s'inspirer d'Elinor, notamment de sa capacité à s'isoler de l'environnement à très haute pression d'un vélodrome. En dehors du cyclisme, elle sait se reposer, mais également tirer parti de son esprit comme elle le fait de son corps : elle suit actuellement des études universitaires en biologie humaine et santé mentale, et apprend par ailleurs la langue des signes.
Elinor Barker est une femme investie, et sa mission est de conquérir à nouveau l'or olympique dans la poursuite par équipes aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Barker n’aura alors que 25 ans, ce qui laisse envisager un avenir sportif brillant et ouvert pour la cycliste galloise. Peut-être s'orientera-t-elle vers la route après Tokyo. Et en cas de nouveau succès olympique, elle aurait encore toutes ses chances pour un triplé à Paris en 2024.