La ville d’Imola s’apprête à devenir la capitale mondiale du cyclisme, elle qui accueillera les Championnats du Monde Route UCI du 24 au 27 septembre prochain, 52 ans après la glorieuse performance de l’Italien Vittorio Adorni en 1968, qui avait revêtu le maillot arc-en-ciel à l’issue d’une course en ligne masculine remportée avec près de 10 minutes d’avance sur son dauphin. Imola se situe en Emilie-Romagne, terre de cyclisme, où le vélo est le moyen de transport privilégié par de nombreux habitants.
En matière de cyclotourisme, l'Emilie-Romagne est la deuxième région la plus fréquentée d'Italie après le Trentin-Haut-Adige, avec 300’000 touristes à vélo par an sur un total d'environ 1,4 million de visiteurs. Son offre convient à tous les types de sportifs, des cyclosportifs aux cyclotouristes en passant par les vététistes, grâce à ses 8’000 km de routes, de pistes cyclables et de chemins de terre, et son faible trafic. Les pistes que l'on trouve dans les neuf provinces offrent une grande variété de longueur et de difficulté.
Nous en avons discuté avec Andrea Corsini, Conseiller d’Emilie-Romagne pour la mobilité et les transports, les infrastructures, le tourisme et le commerce.
Quelle est l'ambiance à la veille des Championnats du Monde UCI ?
Andrea Corsini : Nous sommes très heureux ! Nous sommes très occupés à organiser en seulement 20 jours ce qui prend habituellement trois mois. Nous goudronnons toutes les routes et pouvons profiter du hub logistique de l'Autodromo Enzo e Dino Ferrari, à Imola, qui est déjà équipé de tous les services nécessaires. C’est une ressource précieuse pour nous, car le circuit accueille régulièrement des événements majeurs et ça a été décisif dans le choix d’Imola.
Comment les installations d'Emilie-Romagne sont-elles utilisées pour accueillir ces événements ?
A.C. : Plus les jours passent, plus l'attente augmente également du côté des agences touristiques : le secteur hôtelier bénéficiera d’un grand coup de pouce économique à Imola, Faenza et Bologne. Du 11 au 13 septembre, nous avons organisé le Festival italien du vélo à Rimini, ce qui était un bon moyen d'entrer dans la bonne ambiance cycliste. Et après les Championnats du Monde Route UCI, nous aurons également trois étapes du Giro d’Italia en octobre.
Dans quelle mesure l'été a-t-il été affecté par le Covid-19 en Emilie-Romagne ?
A.C. : Nous avons été obligés d'annuler nos six cyclosportives après avoir essayé de les reporter en septembre et octobre, mais ce n'était pas possible. Nous les avons reportées en 2021. Il est clair que nous avons eu des dégâts, mais nous avons trouvé un flux important de visiteurs nationaux, en particulier dans les Apennins et sur les collines avec des cyclotouristes sur les routes et les sentiers. Il n'y avait presque pas de tourisme étranger, qui a toujours été une composante importante pour nous, mais nous sommes prêts à le relancer de la meilleure façon possible à partir des Championnats du Monde Route UCI et au-delà.
Que signifie le concept de « slow tourism » (« tourisme lent ») pour l’Emilie-Romagne ?
A.C. : Le « slow tourism » est un principe que nous suivons depuis des années, en favorisant le contact avec la nature et l'environnement, et en valorisant les identités caractéristiques des territoires. Nous nous concentrons beaucoup sur l'entretien des pistes cyclables et des sentiers, disposons d’un vaste réseau d'hôtels cyclistes offrant tous les services pour les cyclotouristes, et il existe des consortiums d'hôteliers accueillant bien les cyclistes partout. Nous investissons dans la communication depuis des années, en mettant en avant les merveilles de notre territoire, de la mer aux montagnes, des collines aux anciens villages, en accordant toujours une attention particulière à la grande variété de produits alimentaires et viticoles.
Que représente le vélo pour vous, en tant que citoyen ?
A.C. : Comme la plupart des gens, j'utilise mon vélo tous les jours pour me déplacer, en particulier au printemps et en été. Je vis à Ravenne, à seulement 1,5 km du centre-ville, et c’est la meilleure façon de se déplacer. Nous avons une belle tradition ici : l'été, toutes les familles se rendent au bord de la mer directement depuis la ville en empruntant une piste cyclable de moins de 10 km, le tout calmement, ensemble.
10 % des voyages en Emilie-Romagne se font sur deux roues, contre 5 % pour le reste de l'Italie. Ces dernières années, des pistes cyclables régionales ont été construites (Destra Po, Adriatica, Francigena, Sole, Emilia) qui, combinées aux pistes cyclables urbaines, représentent plus de 1’120 km, sur une distance planifiée de 3’800 km.
La Région a injecté 17,2 millions d'euros dans des projets co-financés avec les collectivités locales, pour un investissement total de 36 millions d'euros ; l’objectif global d’atteindre 20 % de tous les déplacements dans la zone sur deux roues est inclus dans le Plan régional intégré de transport (PRIT). Les itinéraires existants sont rendus plus sûrs dans le but de réduire de moitié le nombre de morts sur les routes, et davantage de structures sont construites, telles que des vélo-stations et des parkings pour le stockage, la location, la réparation et d'autres services. Chaque nouvelle route aura une nouvelle piste cyclable, même si elle n’est pas directement adjacente. Des investissements importants sont en cours dans les villes pour stocker les vélos de banlieue et pour faciliter le stationnement sécurisé dans les résidences.
Trois grandes routes cyclables touristiques (« Ciclovie »), actuellement en construction, traverseront la région. Il s'agit de la Ciclovia del Sole, intégrée à la route européenne du Cap Nord à Malte et qui passera le long de la ligne ferroviaire désaffectée Vérone-Bologne, descendant le long de la vallée de Reno jusqu'à la frontière toscane ; de la Ciclovia Vento, de Turin à Venise (plus de 700 km de long) ; et de la Ciclovia Adriatica, de Venise au Gargano, dans les Pouilles.