A 21 ans, Luke Lamperti (Soudal Quick-Step) rêve de Paris-Roubaix, des Championnats du Monde Route UCI et du maillot vert du Tour de France.
Parmi les onze recrues de l’équipe Soudal Quick-Step pour 2024, neuf sont des néo-professionnels. Historiquement, la structure belge est l'une des meilleures pour faire émerger de jeunes talents, et ce nouveau millésime brille déjà sur les routes, notamment avec Paul Magnier et Luke Lamperti, tous deux issus de l’Equipe Continentale UCI britannique Trinity Racing.
Le duo a commencé en fanfare à Majorque, en Espagne, où le coureur américain a mené son coéquipier français vers la victoire dans le Trofeo Ses Salines-Felanitx, tout en se hissant sur la troisième marche du podium. Depuis l'Espagne, ils se sont rendus à Oman, avec là aussi de belles performances à la clé : Lamperti a porté le maillot de leader du général une journée, terminé deux étapes à la deuxième place et fini la course à la deuxième place du classement par points, tandis que Magnier rentrait dans le top 5 d’une étape et suivait immédiatement son coéquipier américain au classement par points.
« J'ai toujours espéré être compétitif tout de suite, mais là je suis vraiment surpris », déclarait Lamperti, qui a encore impressionné au moment de goûter aux pavés lors du week-end d’ouverture belge (7e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne). La sensation américaine ambitionne de faire flotter la bannière étoilée sur les plus grandes courses d'un jour, après que son compatriote Sepp Kuss (Team Visma | Lease A Bike) a conquis un Grand Tour l'année dernière, La Vuelta Ciclista a España.
« Tu veux être comme les grands »
Vos premières expériences sur deux roues viennent du motocross, avant d’adopter le vélo. Comment avez-vous opéré ce changement ?
Luke Lamperti (L.L.) : Mon père faisait du motocross et c'est lui qui m'a initié à cette discipline. J'ai participé à des courses dès que j'ai eu une moto de cross, à trois ans. Et vers 10-11 ans, j'ai commencé à faire du vélo. En fait, je m'entraînais pour le motocross avec mon frère aîné Gianni. Nous avons commencé à faire du mountain bike et de la route. Et j’ai tellement aimé le vélo que j'ai commencé à participer à des courses locales. De là, lentement, je suis passé dans une équipe Juniors locale, puis dans une équipe Juniors plus importante qui courrait à travers les États-Unis, et enfin dans l'équipe nationale.
A quoi ressemblent vos sorties dans votre région, la Californie du Nord ?
L.L. : A vrai dire, je dirais que c'est le meilleur endroit du monde pour rouler. J'ai fait du vélo dans beaucoup d'endroits et ça reste mon préféré. Bien sûr, je suis un peu biaisé vu que c’est chez moi, mais il y a vraiment tout ce qu'il faut. Il y a de très belles montées, on peut faire un peu de tout. Nous avons aussi des vignobles, des paysages magnifiques, c'est un endroit parfait pour s'entraîner. BMC y avait son service course. Et il y avait pas mal d'autres gars qui venaient du comté de Sonoma et de la région.
Avec vos performances chez les Moins de 23 ans, à quel point avez-vous été sollicité par des équipes ?
L.L. : J'ai eu la chance de faire une bonne saison en 2023 avec Trinity. La première moitié de l'année, j'ai remporté beaucoup de victoires [des étapes sur la Volta ao Alentejo, le Circuit des Ardennes, le Tour de Bretagne, le Tour du Japon, le Giro Next Gen], ce qui m'a bien sûr aidé. Mon choix s'est fait en fonction de mon intuition et de l'endroit où je me sentais à l'aise. Je pense que l’équipe Soudal Quick-Step a peut-être fait le meilleur travail dans le passé au moment de prendre des coureurs de Classiques et des sprinteurs, des profils comme le mien, et d’en faire de grandes stars du peloton. Je pense que c'est ce à quoi tout néo-pro aspire à devenir : tu veux être comme les grands, être une grande star qui gagne des courses. Savoir qu'ils l'ont fait avec tant d'autres coureurs m’apporte de la confiance.
« Roubaix, ce serait le plus grand rêve »
On vous compare à des coureurs comme Tom Boonen, Johan Museeuw, Peter Sagan... Que représentent-ils pour vous ?
L.L. : Ce sont des légendes du sport. Quand on entend ces noms, bien sûr que ce sont des gars qui ont fait de grandes choses. Je suis encore un peu jeune, et juste au début de ma carrière, pour dire que je serai peut-être comme eux, mais je pense que c'est le but bien sûr. Lorsqu'on débute, l'objectif est d'être au sommet du sport, et tout le monde s'efforce d'y parvenir. Donc, si c'est possible, bien sûr, tu veux faire comme ces gars-là.
Sagan entretient une relation forte avec la Californie...
L.L. : Je pense qu'il est celui que j'admire le plus. Lorsque j'ai commencé à pratiquer le cyclisme, il a remporté une étape du Tour de Californie dans ma ville. Depuis, je l'ai suivi. Il a ensuite remporté trois Championnats du Monde Route UCI. Il a également travaillé avec Specialized pendant une longue période, et je roule maintenant avec Specialized depuis près de six ans. Il a fait quelques sorties dans le comté de Sonoma, et il est certain que j'admire beaucoup Peter Sagan.
Vous êtes également passionné par Paris-Roubaix. Que représente cette course pour vous ?
L.L. : C'est la course que je regarde avec le plus de passion depuis que je suis enfant. Je l'ai courue une fois en tant que Junior et ça reste mon épreuve préférée parmi toutes celles que j’ai disputées. J'espère y revenir et, à un moment donné de ma carrière, être en mesure de la remporter. C'est la course la plus légendaire pour moi. Roubaix, ce serait le plus grand rêve. Mais gagner une grande Classique, n'importe laquelle, serait un rêve devenu réalité.
Y a-t-il un maillot qui vous inspire particulièrement ?
L.L. : On a toujours envie de gagner un Championnat du Monde UCI. C'est quelque chose que j'ai tenté pendant mes trois années chez les Moins de 23 ans. Et ce n'est pas facile. Il faut tout mettre en œuvre le jour J, et les gars qui y parviennent sont vraiment spéciaux. J'aimerais aussi décrocher le maillot vert sur un Grand Tour, mais il est difficile de penser à tout cela maintenant, c'est encore loin.