Dans le quatrième épisode de notre série « Globe Riders », nous nous intéressons au cyclisme dans cette ville-État indépendante située au cœur de Rome.
Le plus petit État du monde a déjà une équipe cycliste et un maillot – blanc et jaune comme le drapeau du Vatican –, et il a organisé sa première course dans les ruelles étroites de la Villa Pontificia à Castel Gandolfo, près de Rome. Avec ses 50 membres licenciés en 2022, son objectif immédiat n’est pas d'exploser sur la scène internationale, mais plutôt de commencer à construire une véritable communauté sportive en mettant l'accent sur les valeurs de service, d'inclusion et de solidarité.
« Nous nous soucions vraiment de bâtir une communauté, une équipe, explique le Président de l’Athletica Vaticana – Vatican Cycling, Giampaolo Mattei. Nous ne nous focalisons pas sur les individus mais sur l'ensemble du groupe. »
Malgré sa petite taille, la Fédération est fière du passé du Vatican dans le sport, tant sur le plan humain que sportif.
Les grands noms de l’histoire
Le cyclisme est en effet intimement lié à l'histoire du Vatican.
Don Giovanni Fornasini, un jeune prêtre tué par les nazis en 1944 alors qu'il tentait de sauver son peuple, a récemment été béatifié à Bologne. La bicyclette que Don Giovanni utilisait pour aller d'un village à l'autre est aujourd'hui exposée comme une relique, témoignant de son service auprès de la population.
Et comment ne pas citer le grand Gino Bartali, vainqueur de trois Tours d'Italie et de deux Tours de France dans les années 1930 et 1940. La star italienne du cyclisme était un ami personnel des Papes, en particulier de Pie XII. Il sera peut-être bientôt Saint Gino Bartali, car ce grand homme de foi est en voie de canonisation.
La foi de Bartali était évidente à la lecture des cartes postales qu'il écrivait à sa femme Adriana après chaque étape du Tour de France. Les jours de repos, il lui écrivait de longues lettres, partageant ses méditations centrées sur la spiritualité de Sainte Thérèse de Lisieux. Fausto Coppi, ami de Bartali, lui a demandé de veiller sur sa mère lors de la mort de son frère Serse. Et, au plus fort de leur rivalité sportive, Bartali était aux côtés de la mère de Coppi pour la soutenir dans sa douleur.
Les efforts courageux de Bartali pour aider les Juifs persécutés en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale sont désormais bien connus. À l'initiative du Cardinal de Florence, Elia Dalla Costa, Bartali cachait les documents requis à l'intérieur des tubes métalliques de son vélo et prétendait s’entraîner entre Florence et Assise. Aujourd'hui, les membres d'Athletica Vaticana parcourent cette route avec humilité.
La naissance d'une Fédération Cycliste
La Fédération Cycliste du Vatican fait partie d'Athletica Vaticana, une association multisports officiellement établie au Vatican. Elle rassemble les citoyens et employés du Vatican – et les membres de leur famille immédiate – qui pratiquent le cyclisme, l'athlétisme, le padel, le taekwondo, le basket-ball et le cricket.
Les deux premières « sorties » cyclistes du Vatican ont été dédiées à l'un des grands athlètes italiens, Alex Zanardi, une personnalité très appréciée dans le monde du paracyclisme depuis qu'il a perdu ses jambes dans un accident de course automobile en 2001. Le multiple Champion Paralympique et Champion du Monde UCI a subi un grave accident de vélo à mains il y a deux ans, alors qu'il participait à un relais paracycliste qu'il avait organisé à travers l'Italie. Zanardi étant gravement blessé à l'hôpital, deux cyclistes d'Athletica Vaticana ont pris la relève et ont accompagné le cycliste à main Tiziano Monti pour son étape du relais en l'honneur du grand Zanardi. Ils ont répété l'expérience en 2021.
« C'était un début riche de sens, très spécial, et l’expression, selon moi, de l'esprit même de l'équipe », confie Giampaolo Mattei.
Pour poursuivre son développement, Athletica Vaticana - Vatican Cycling peut compter sur le soutien des autres Fédérations chapeautées par Athletica Vaticana, ainsi que sur la collaboration de la Federazione Ciclistica Italiana (FCI) et de son Président Cordiano Dagnoni. En effet, c'est Renato Di Rocco, alors Président de la FCI, qui a joué un rôle déterminant dans l'affiliation du Vatican à l'UCI.
La jeune Fédération entretient également une étroite collaboration avec la Federazione Sammarinese Ciclismo et s’appuie sur l'expérience de Saint-Marin au sein de l'Association des petits États d'Europe, notamment en tant que triple hôte des Jeux des petits États d'Europe.
Selon les mots du Pape François
Avant même l'affiliation du Vatican à l'UCI, le sport cycliste était déjà présent au sein du Palais apostolique du Vatican, à Rome. En mars 2019, le Pape François avait accueilli les membres de l'Union Européenne de Cyclisme (UEC) et de la Confédération Africaine de Cyclisme (CAC), qui tenaient leurs Congrès respectifs à Rome.
Très heureux d’avoir rencontrer ce jour sa Sainteté le Pape François @Pontifex au Vatican et d’avoir pu prononcer un discours sur les valeurs de paix et d’amitié portées par le cyclisme à l’occasion des congrès de @UEC_cycling et de la Confédération Africaine @UCI_cycling pic.twitter.com/l2dpw9RoOJ
— David Lappartient (@DLappartient) March 9, 2019
Lors de cette rencontre, le Pape avait fait cette déclaration :
« En cyclisme sur route, nous voyons comment pendant les courses toute l’équipe travaille ensemble… et quand un membre de l’équipe traverse un moment difficile, ses coéquipiers le soutiennent et l’accompagnent. De même, dans la vie de tous les jours, il est nécessaire de cultiver un esprit d’altruisme, de générosité et de communauté pour aider ceux qui ont du mal à avancer et qui ont besoin d’aide pour atteindre un objectif déterminé. »
Giampaolo Mattei confirme que ce message décrit l'essence actuelle de l'Athletica Vaticana - Vatican Cycling : « Nous encourageons le dialogue fraternel qui découle de l'amitié de l'ensemble de la communauté sportive, tant amateure que professionnelle ...
« Pour résumer, nous n'avons pas d'athlètes qui gagneront le Giro ou le Tour, Paris-Roubaix, Milan-Sanremo ou les Championnats du Monde UCI ! Mais nous avons des coureurs qui font partie du grand groupe du cyclisme mondial, partagent une expérience de solidarité et cherchent, comme aimait à le répéter Gino Bartali, ‘une médaille à accrocher sur l'âme avant la poitrine’. »