Le retour de Mariana Pajón

La double Championne Olympique Mariana Pajón a vu sa carrière prendre un tournant défavorable l'an dernier lors de l'une des manches de Coupe du Monde BMX Supercross UCI de Papendal, aux Pays-Bas. Une chute lors du premier saut a provoqué une blessure à un genou qui a écarté la Colombienne des pistes pour le reste de la saison 2018.

Après son opération, Pajón a dû se reposer de longs mois avant de pouvoir reprendre sa vie normale – pour une professionnelle du BMX–, entre entraînements et routines. Tuer le temps sans avoir la possibilité de bouger beaucoup peut être très difficile. Si l’on ajoute à cela le fait de voir ses adversaires courir semaine après semaine, c’est encore pire, psychologiquement surtout.

Le fait d’être privée de l'occasion de partager ses résultats avec ses près de deux millions d'abonnés Instagram crée un vide, mais la Pajón a pu s'appuyer sur le soutien de son mari Vincent Pelluard, de sa famille et de ses amis. Lentement mais sûrement, la fin de cette inactivité contrainte approche, et le feu vert pour reprendre l'entraînement doit avoir résonné comme une victoire.

Tout en rêvant d'une troisième médaille d’or olympique aux JO de Tokyo 2020, Pajón, n’a pas brûlé les étapes, et a signé au début de 2019 un retour bienvenu sur le circuit international du BMX Racing.

Mariana Pajón pratique le BMX depuis l'âge de quatre ans. Elle sait qu'il faut du temps pour retrouver le rythme et ses meilleures sensations. C’est pour cette raison qu’elle participe à autant d'événements, des courses locales de Classe 1 aux manches de la Coupe du Monde UCI en passant par les rendez-vous de la Coupe de France. Après Manchester (GBR), Papendal (NED) et Saint-Quentin-en Yvelines (FRA).

Son meilleur résultat en Coupe du Monde UCI cette saison est une 4e place, signe qu’elle n’a pas encore totalement retrouvé la forme. Elle progresse régulièrement cependant. C’est à ce stade de sa campagne en vue de Tokyo 2020 que nous nous sommes entretenus avec elle.

Quelle était votre blessure ?

Une rupture partielle du ligament collatéral tibial avec fracture du plateau tibial, et un nerf était touché.

Combien de temps a pris votre récupération avant de pouvoir courir à nouveau ?

Je suis tombée le 6 mai 2018 et j'ai repris l’entraînement le 28 février 2019.

Comment passiez-vous le temps sans pouvoir rouler ?

J'ai fait beaucoup de choses que j'ai été incapable de faire pendant ma vie : simplement rester à la maison, me consacrer à ma famille et à mes amis et prendre du temps pour moi. Et j'ai passé beaucoup de temps dans la maison que Vincent et moi construisons. J'ai aussi eu beaucoup de temps pour développer ma marque, donc j'en tire du positif même si ce n'était pas facile. Cette blessure m'a fait apprécier beaucoup de choses dans ma vie... Ça l'a ralentie.

Qui étaient vos plus grands soutiens à côté du vélo ?

Mes premiers supporters sont ma famille, mon mari qui était là pour sécher mes larmes, des amies comme Andrea Escobar qui ont pris le temps d'être avec moi et de me motiver à pédaler à nouveau, Andrés Arenas qui m'a fait rire chaque jour, et beaucoup d'autres encore. Les médecins et thérapeutes m'ont permis d'être positive chaque jour pendant ma rééducation, et tout le monde m'a envoyé de beaux messages sur les réseaux sociaux, me donnant envie d'être sur un vélo à nouveau.

Comment vous êtes-vous sentie pour votre course de reprise ?

Courir à nouveau, c'était comme remporter une nouvelle médaille d’or olympique. Je ne savais pas si je serais capable de marcher correctement... ou même de pédaler. Alors, être à la porte de départ, c'était irréel. La nuit avant la course, je n'ai pas pu dormir, je me demandais si j'allais pouvoir faire un tour entier, alors ça a été un week-end de course très émouvant pour moi.

Quand avez-vous besoin d'être de retour à 100 % ?

Je travaille très dur pour revenir à 100 %. Il me reste un long chemin ; j'ai perdu tous mes muscles et ma mobilité, j'ai été opérée deux fois et je vais subir une troisième intervention. J'ai beaucoup progressé de la première manche de Coupe du Monde à Manchester à la plus récente, en France, donc ça me donne de l'espoir. Je compense encore avec la hanche quand je pédale, et je travaille pour retrouver un coup de pédale rond et la force que j'avais avant. Je suis vraiment contente de mes sensations sur la piste et simplement de pouvoir courir à nouveau et représenter mon pays.

Je veux remercier tout le monde pour sa gentillesse dans cette épreuve et pour m'envoyer tant d'énergie positive, ça m'aide ! 🤗