Les Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI qui se disputeront le 9 décembre constitueront une première pour le cyclisme et un grand pas en avant pour l’esport dans son ensemble.
Récemment nommé Manager Innovation de l’UCI au sein du Département des Sports, Michael Rogers ne boude pas son plaisir.
« En plus de s’annoncer passionnant, cet événement marquera un tournant historique , estime l’ancien cycliste professionnel, sacré Champion du Monde UCI du contre-la-montre individuel en 2003, 2004 et 2005. Une version digitale du maillot de Champion du Monde UCI sera remise aux vainqueurs dans les catégories féminine et masculine. C’est un virage non seulement pour le cyclisme, mais pour le sport tout entier. »
Féru d’informatique depuis toujours, Rogers a mis de côté sa passion pour les ordinateurs et les logiciels afin de se concentrer pleinement sur sa carrière cycliste. Celle-ci aura duré 16 ans, au cours desquels il a remporté ses trois titres mondiaux UCI, une médaille de bronze olympique (dans le contre-la-montre individuel des JO d’Athènes 2004) et trois étapes de Grands Tours (une sur le Tour de France 2014 et deux sur le Giro d’Italia la même année).
Mais lorsqu’il a raccroché son vélo en 2016, l’Australien n’a pas mis bien longtemps à renouer avec son amour pour les nouvelles technologies. Au cours des dernières années de sa carrière, il avait déjà découvert des prototypes du premier home trainer Tacx Neo et rencontré Eric Min, créateur de la première version de Zwift.
« Lorsque j’ai réalisé qu’un logiciel, ou encore mieux, un ‘jeu de cyclisme’, pouvait commander la nouvelle génération de home trainers, tout en synchronisant simultanément la position de tous les utilisateurs dans l’espace virtuel en temps réel par internet, j’ai été immédiatement accro », reconnaît Rogers. Tellement accro qu’au lendemain de sa retraite sportive, il a intégré la plateforme de cyclisme esport VirtuGO, dont il a été le Directeur Général pendant trois ans.
A l’occasion d’une interview consacrée à VirtuGO en 2018, on lui avait demandé s’il voyait le cyclisme professionnel se tourner vers les plateformes virtuelles.
« Je vais être très honnête : je n’imaginais pas que des Championnats du Monde UCI auraient lieu deux ans plus tard, admet-il aujourd’hui. Mais je suis content de m’être trompé. »
L’ancien pro garde plutôt en mémoire la monotonie des séances de home trainer durant ses années chez les pros.
« Je me suis beaucoup entraîné sur home trainer au cours de ma carrière. J’ai découvert très tôt que les séances de rouleaux étaient vraiment payantes. Les séances étaient un peu moins engageantes qu’aujourd’hui, quand on voit l’offre à disposition. Et dire qu’on s’embêtait à se créer des CD pour faire passer le temps et éviter de s’ennuyer ! Quand j’y repense, ça me fait rire. »
Compte tenu des possibilités offertes par la technologie aux adeptes du home trainer, Rogers est loin d’être surpris par le bond de popularité du cyclisme esport. Au-delà de la commodité offerte aux personnes devant concilier leurs activités sportives avec leurs obligations familiales ou professionnelles, ou restreintes dans leur pratique par les conditions climatiques ou la circulation, l’ancien professionnel voit dans le cyclisme esport un créateur d’opportunités.
« C’est qui est extraordinaire avec le cyclisme esport, c’est la possibilité qu’il offre de s’affranchir des barrières physiques et de rassembler les cyclistes. Le cyclisme esport s’adresse à tous, indépendamment de la situation géographique. Peu importe que vous vous trouviez dans l’endroit le plus reculé du monde. Si vous avez un home trainer, un appareil et une connexion Internet, vous avez tout ce qu’il vous faut. Cela peut s’adresser à une maman qui fait sa sortie avec ses amies pendant la sieste de son nouveau-né ou bien au club du coin qui peut continuer à organiser ses événements malgré un contexte de pandémie mondiale. Le cyclisme esport se sert de la technologie pour donner des occasions aux gens de se retrouver et de s’amuser tout en gardant la condition. »
Converti depuis l’apparition des premières plateformes d’entraînement connectées, Michael Rogers est convaincu que cette toute première édition des Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI va propulser la discipline encore plus haut.
« J’ai vraiment hâte d’assister à un événement réussi dans sa production, de voir la communauté du cyclisme pleine de joie et de fierté, et d’en apprendre encore davantage sur les opportunités à venir pour le cyclisme esport. »
« Au vu des athlètes de calibre mondial engagés dans les catégories Femmes et Hommes, je pense que les spectateurs peuvent s’attendre à des courses explosives. Naturellement, tous les coureurs sans exception vont se donner à fond pour entrer dans l’histoire en remportant les premiers Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI ! »