La pandémie de coronavirus et les règles de distanciation physique qu’elle a rendues nécessaires confrontent les transports publics à des problématiques inédites. Dans ce contexte, un véhicule né il y a quelque 200 ans s’affirme de plus en plus comme une solution viable : le vélo.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) souligne les bienfaits de la pratique du vélo et de la marche pour les déplacements, car ils permettent de faire de l’exercice tout en respectant les consignes de distanciation physique. Quant à l’organisation C40 Cities, elle indique que sans investissements dans les aménagements piétonniers et cyclables, les villes risquent d’assister à une augmentation de la circulation automobile, avec son lot de conséquences néfastes : embouteillages, émissions de gaz à effet de serre, pollution atmosphérique, pollution sonore et accidents de la route.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, de nombreuses villes dans le monde ont rapidement mis en œuvre des mesures temporaires (parfois destinées à être pérennisées) visant à promouvoir l’usage du vélo. Elles se traduisent, entre autres, par le réaménagement des axes urbains afin d’absorber l’augmentation potentielle du trafic cycliste tout en permettant aux cyclistes de respecter les consignes de distanciation physique et de se déplacer en toute sécurité.
Qualifiées de « pop-up » car apparues en un temps record, ces pistes cyclables voient le jour dans de nombreuses villes afin de faciliter la pratique du vélo durant la crise actuelle. Dans le même temps, elles sont la preuve que les villes peuvent rapidement reconfigurer leurs rues pour accueillir davantage d’usagers de ce moyen de transport bon pour la santé et respectueux de l’environnement. Ces enseignements ont été au cœur d’un webinaire récemment animé par Marianne Weinreich, Présidente de l’Ambassade cycliste du Danemark (avec laquelle l’UCI a lancé la plateforme Cycling: Danish Solutions) et Gestionnaire de marché de l’entreprise Ramboll Smart Mobility. Les aménagements très réussis de pistes cyclables « pop-up » récemment réalisés à Berlin (Allemagne), Bogotá (Colombie) et en Nouvelle-Zélande ont été présentés aux plus de 400 participants à cet événement numérique (qui peut être suivi en cliquant ici).
Berlin, à l’image du quartier densément peuplé de Kreuzberg, a été l’une des premières villes à mettre en place des pistes cyclables « pop-up », afin de réagir plus efficacement à l’évolution des modèles de mobilité provoquée par la pandémie de Covid-19. Forte de son expérience, la capitale allemande partage ses recommandations et ses orientations pratiques avec d’autres villes pour les aider à planifier une infrastructure temporaire conforme aux règles de sécurité et réalisable en 10 jours seulement. A Bogotá, 76 km de pistes cyclables temporaires ont été aménagés en utilisant des cônes de signalisation, ce qui a permis de désengorger les transports publics et d’améliorer la qualité de l’air, en portant le réseau cyclable de la ville à plus de 600 km.
Ces exemples d’urbanisme tactique destinés à améliorer l’environnement urbain sont de plus en plus relayés par les médias du monde entier. Bruxelles (Belgique) a transformé son centre-ville en zone où piétons et cyclistes sont prioritaires, la vitesse des voitures, des trams et des bus étant limitée à 20 km/h. La capitale de la Belgique travaille également à la création de 40 km de pistes cyclables supplémentaires, afin de diminuer la fréquentation des transports publics durant la période d’assouplissement des restrictions.
En France, le gouvernement a annoncé un plan de 20 millions d’euros portant sur la réparation de vélos, l’installation de places de stationnement temporaires et le financement de formations à la pratique du vélo. L'objectif est ici d'offrir un rôle central à la bicyclette dans la période post-confinement. UCI Bike City depuis 2019, Paris prévoit de créer 50 km de nouvelles pistes cyclables d’ici à l'été. Bordeaux a recensé au sein de son aire urbaine métropolitaine 100 zones prioritaires qui manquent d’aménagements cyclables adaptés. La ville girondine est en train de créer 78 km de pistes cyclables temporaires.
La ville de Barcelone (Espagne) a prévu une enveloppe de 4,4 millions d’euros pour créer 21 km de pistes cyclables et aménager 12 km de zones réservées aux piétons. A Milan (Italie), 35 kilomètres de voies urbaines seront transformés pour mieux accueillir les cyclistes et les piétons. Ce réaménagement prévoit des pistes cyclables temporaires sur certaines des artères principales, l’élargissement de trottoirs, la création de zones limitées à 30 km/h, et la priorité aux piétons et aux cyclistes dans certaines rues.
Aux Etats-Unis, où une pénurie de vélos est constatée, Boston, Minneapolis et Oakland ont bloqué la circulation des voitures dans de nombreuses rues. Quant à la ville de New York, elle a annoncé l’ouverture temporaire de 100 km de voies aux piétons et aux cyclistes. Les autres initiatives de ce type sont nombreuses aux Etats-Unis et au Canada : Seattle prévoit de fermer définitivement 32 km de routes, et Toronto entend créer 25 km de nouvelles pistes cyclables.
Alors que les villes assouplissent progressivement les règles de confinement, il est à espérer que l’essor du vélo, facilité par ces stratégies d’urbanisme tactique, ira crescendo, permettant aux habitants de profiter des nombreux bienfaits de sa pratique en termes de santé, d’environnement, de qualité de l’air, de sécurité routière et d’accessibilité. Inspirons-nous tous de cette phrase de Matthew Baldwin, Directeur Général adjoint de la Direction Générale de la mobilité et des transports de la Commission européenne, lors du webinaire Ramboll consacré aux pistes cyclables « pop-up » : « Si l’on crée des pistes cyclables, les gens les emprunteront ».