1900-1922 : Émile de Beukelaer (BEL) – Le colosse belge
Comme beaucoup des dirigeants du sport naissant au tournant des XIXe et XXe siècles, Émile de Beukelaer (1867-1922) est un fils de bonne famille gagné aux idéaux du sport, en l’occurrence du cyclisme. Son père, François-Xavier de Beukelaer, alors étudiant en chimie, a mis au point en 1863 l’Élixir d’Anvers, liqueur artisanale toujours en vogue aujourd’hui. Appelé à lui succéder, Émile s’éprend de la « petite reine » et rejoint à l’âge de 15 ans le Bicycle Club d’Anvers, fondé par les jeunes sportsmen de la bourgeoisie libérale anversoise. Champion de Belgique amateur sur route en 1885 et 1886, il s’illustre aussi sur la piste, où sa stature et sa sveltesse font merveille, mais il abandonne sa carrière sportive en 1889 pour épauler son père dans l’entreprise familiale. Il y fait preuve de qualités d’autorité et de conciliation qui lui sont bien utiles dans le rôle de dirigeant sportif qu’il endosse dès lors. En 1890, il devient Président de la Commission sportive de la Royale Ligue Vélocipédique Belge et en 1893, il prend la présidence du Bicycle Club d'Anvers. Il dirige alors la construction du vélodrome de la ville à Zurenborg, démoli depuis. Il fait partie des comités d’organisation de l’exposition universelle d’Anvers en 1894 et des Championnats du Monde de cyclisme sur piste organisés la même année. Il occupe également de hautes fonctions dans les sports automobile et aéronautique de son pays. Lors de la création de l’Union Cycliste Internationale (UCI) à Paris, le 14 avril 1900, il révèle son autorité et son sens de la diplomatie pour devenir le premier Président de l’institution. Il a en effet su trouver les ressorts pour mettre fin à la tutelle du Royaume-Uni sur l’International Cycling Association, qui dirige alors le cyclisme mondial, et pour créer une nouvelle instance plus représentative. Sous son mandat, l’UCI devient l’incontestable instance dirigeante du cyclisme et, en 1921, les premiers Championnats du Monde UCI de cyclisme sur route se déroulent sous la forme d’un contre-la-montre réservé aux Amateurs. Il meurt de la grippe en 1922, à l'âge de 54 ans. Lui rendant hommage à sa mort, le journal l’Auto écrit : « Toujours de sang-froid, il parvenait à calmer les esprits surexcités même dans les moments les plus difficiles. On obtenait grâce à lui un peu de clarté dans des discussions qui s’envenimaient singulièrement. Le colosse belge en imposait à tous. »
1922-1936 : Léon Breton (FRA) – Le self-made man
Fils d’hôteliers dans la petite ville de Cravant (dans le département français de l’Yonne), à côté d’Auxerre, Léon Breton (1861-1940) s’était fait une réputation de self-made man. C’est en réalité en épousant Aline Vansteenbrughe, héritière d’une grande famille de bandagistes, que le jeune homme, amateur de cyclisme et d’alpinisme, s’était lancé dans la vente de matériel médical et, monté à Paris, en avait tiré une importante fortune personnelle. Dans la capitale, il n’oublia jamais son amour pour le vélo et continua à pratiquer la bicyclette jusqu’à un âge avancé. Cette passion le poussa à s’engager très tôt dans l’Union Vélocipédique de France, dont il devint le Vice-président en 1900 et le Président dix ans plus tard. Il fut à ce titre Président du comité d’organisation des Championnats du Monde cyclistes sur piste en 1907,1924 et 1933, Commissaire international UCI aux Jeux Olympiques en 1932 à Los Angeles (États-Unis d’Amérique), et Vice-président du Comité national des sports – l’instance représentative des Fédérations sportives françaises auprès du gouvernement – jusqu’en 1939. Vice-président de l’Union Cycliste Internationale dès sa création en 1900, il en prit la présidence après le décès d’Émile van Beukelaer en 1922. Consensuel et volontaire pendant ses dix premières années de mandat, il se fit ensuite des ennemis, aussi bien à l’étranger que dans son pays, où on lui reprochait notamment de ne pas mettre sa fortune à contribution pour servir les intérêts du vélo. Très contesté, il fut débarqué en 1936 lors d’un Congrès de l’UCI houleux où, malgré le soutien des délégués français et son refus de renoncer à son mandat, il fut contraint de céder sa place au Suisse Max Burgi et de se contenter d’un titre de Président honoraire. On lui doit notamment d’avoir su imposer la création d’un Championnat du Monde Professionnel de cyclisme sur route en 1927 en dépit des oppositions des tenants de l’amateurisme et des organisateurs de courses. Léon Breton est décédé en 1940 dans le petit village des Pyrénées françaises où il s’était réfugié durant la Guerre. Sa dépouille fut transférée au cimetière de Montmartre, à Paris, en 1946.
1936-1939 : Max Burgi (SUI) – Un Président de transition
Max Burgi (1882-1946) appartient à cette espèce assez répandue des journalistes également dirigeants sportifs. Dès son plus jeune âge, il rédige des nouvelles sportives pour ses petits camarades de classe. Amateur et pratiquant de cyclisme, de rugby, de course à pied, de boxe et d’escrime, il suit une formation d’imprimeur avant de devenir correspondant à Genève (Suisse) des deux principaux journaux de sport en France, le Vélo et l’Auto. Volant de ses propres ailes, il devient ensuite rédacteur en chef du magazine cycliste La Suisse sportive, qui paraît jusqu’en 1932. En 1905, Max Burgi a également fondé Genève-sport, qu'il dirigera jusqu'à sa mort, et en 1938 La Semaine à Genève. Il est membre de plusieurs associations sportives et crée un syndicat suisse de cyclistes. En 1912, il est l’un des cofondateurs du Comité National Olympique suisse dont il restera membre à vie. De 1920 à 1930 et de 1939 à 1946, il est Président de l'Union Cycliste Suisse, qui fusionnera plus tard avec son pendant alémanique pour former la Fédération Nationale suisse actuelle. Délégué de sa Fédération Nationale auprès de l'Union Cycliste Internationale dès 1906, il en devient le Président en 1936, s’affirmant comme le successeur le plus consensuel du Français Léon Breton, contesté en interne. Son mandat d’un an est finalement porté à trois ans pour lui laisser le temps de travailler. Selon un accord tacite réservant le poste à un délégué belge à l’issue de cette période, il cède la place en 1939 à Alban Collignon.
1939-1947 : Alban Collignon (BEL) – Une action entravée par la guerre
Alban Collignon (1876-1955) a poursuivi naturellement la lignée des journalistes à la tête de l’Union Cycliste Internationale en succédant à l’unanimité au Suisse Max Burgi à la tête de l’institution. Considéré, à l’image de son prédécesseur, comme un « pionnier » de l’UCI, puisqu’il était membre de la Ligue Vélocipédique Belge, l’un des piliers de l’instance internationale, depuis 1905, Alban Collignon avait fondé dès 1907 le journal Les Sports, considérant que la presse généraliste belge ne parlait pas assez de vélo. Ce journal, depuis intégré à La Dernière heure, existe encore. Comme le notait le journal L’Auto lors de sa nomination : « C’est un fanatique, c’est un dévoué, c’est un travailleur, c’est un homme qui connaît le sport cycliste. Alban Collignon doit faire un bon Président de l’UCI. » Également passionné d’automobile, Alban Collignon avait créé en 1928 le Trophée national du mérite sportif, devenue la principale distinction sportive en Belgique. Son action à la tête de l’UCI fut évidemment entravée par la guerre, puisque les Championnats du Monde UCI ne purent se disputer entre 1940 et 1945. Il parvint cependant à maintenir la liaison entre les différentes Fédérations Nationales avant de passer la main en 1947.
1947-1957 : Achille Joinard (FRA) – Un conservateur ouvert au monde
Seul candidat à la succession d’Alban Collignon, le Président de la Fédération Française de Cyclisme, Achille Joinard (1889-1957), est élu par acclamation Président de l’UCI le 8 février 1947. Si, comme ses deux prédécesseurs, il a été journaliste, son parcours est beaucoup plus atypique et le personnage plus complexe. Fervent nationaliste, membre actif des ligues d’extrême droite dans sa jeunesse, il a dirigé Le Mousquetaire, organe de la Ligue de la Rose blanche, un groupuscule royaliste et catholique. Son activité politique lui vaut quelques démêlés avec la police, mais il s’assagit pendant les années 1930, où il travaille dans une banque tout en restant membre de la Ligue des patriotes. Sa ferveur militante n’a d’égale que sa passion pour le vélo, et il crée à Paris plusieurs clubs cyclistes « patriotes ». Cette activité le conduit à la Vice-présidence de l’Union Vélocipédique de France Entre 1942 et 1943, il est l’artisan de la transformation de cette dernière en Fédération Française de Cyclisme. Et il en prend la présidence en 1945. L’UCI suit deux ans plus tard, et il s’y révèle un président audacieux, à l’écoute notamment des pays d’Europe de l’Est. C’est ainsi qu’il fait participer des coureurs français à la Course de la Paix, mais surtout décide, malgré l’hostilité de beaucoup, d’intégrer le cyclisme féminin, qui dispose enfin de ses Championnats du Monde UCI de cyclisme sur route et sur piste à partir de 1958. À la suite du décès d’Achille Joinard et jusqu’à l’élection de son successeur, la fonction de Président de l’UCI a été exercée par Juan Bautista Soler Seuba (ESP), plus ancien Vice-président alors en fonction.
1958-1981 : Adriano Rodoni (ITA) – Le plus long règne
Porté à la tête de l’UCI à la suite de la disparition d’Achille Joinard, Adriano Rodoni (1898-1985) était déjà une figure éminente de l’institution lorsqu’il présida enfin à ses destinées. Les deux hommes, qui s’estimaient par ailleurs, avaient souvent été confrontés l’un à l’autre, notamment en raison du différend qui opposait leurs Fédérations Nationales à propos de la publicité, les Italiens souhaitant autoriser sur les maillots des annonceurs sans lien avec le cyclisme tandis que les Français, sous la pression des fabricants de cycles, s’y opposaient. L’opposition amicale entre les deux hommes reflétait l’état du cyclisme professionnel routier d’après-guerre, où les Italiens Fausto Coppi et Gino Bartali d’un côté, les Français Louison Bobet et Jacques Anquetil de l’autre, dominaient les débats. Comme Achille Joinard, Adriano Rodoni avait sa part d’ombre : ses détracteurs ne se gênaient pas pour exhiber une photographie où il posait en chemise noire mussolinienne, mais le Milanais avait su prendre ses distances avec le régime fasciste. Son mandat à la tête de l’UCI reste le plus long de tous à ce jour, et le cyclisme connut au cours des vingt-trois ans de sa présidence de nombreux bouleversements. C’est ainsi qu’en 1965, seule Fédération Internationale à gérer aussi bien le sport amateur que professionnel, l’UCI dut se scinder momentanément entre Fédération Internationale Amateur de Cyclisme (FIAC) et Fédération Internationale du Cyclisme Professionnel (FICP), sous la pression du Comité International Olympique. C’est aussi sous sa présidence, en 1969, que l’UCI quitta définitivement Paris pour la Suisse (Genève en l’occurrence).
1981-1990 : Luis Puig (ESP) – Le Samaranch valencien
Passionné de sport et notamment de hockey sur gazon – il fut international espagnol –, celui que la presse de son pays a surnommé « le Juan-Antonio Samaranch valencien » n’a jamais vraiment brillé sur une bicyclette : « Je n’ai disputé qu’une seule course, pour la Saint-Antoine, à Alcúdia, et à mi-parcours je me suis assis sous un figuier », racontait ce proche de l’ancien Président du CIO à un journaliste. Peu importe, la passion était là, et le cyclisme, peut-être son moins bon sport en tant qu’athlète – il fut aussi un nageur émérite – s’avéra être le sport de sa vie. Étudiant en médecine, Luis Puig (1915-1990) renonce à sa vocation parce que ses parents ne peuvent payer de front ses études et celles de son frère. Mais son talent pour le hockey décide de son destin : il s’y distingue d’abord comme joueur, mais aussi très vite comme dirigeant, puisqu’il prend la direction de la Fédération National. Il dirigera par la suite quasiment toutes les instances du sport de la communauté de Valence, dont son club de football. C’est à ce moment que naît sa passion pour le vélo et qu’il se met en tête de monter une équipe, puis d’organiser une course par étapes pour amateurs, le Tour de Valence. Devenu un pilier du cyclisme espagnol, il dirige les formations de son pays lors des Grands Tours disputés alors par équipes nationales. En 1979, il sauve in extremis le Tour d’Espagne, 48 heures avant son coup d’envoi, les organisateurs ayant mis la clef sous la porte. Président de la Fédération Royale Espagnole de Cyclisme (RFEC) en 1968, il reste à sa tête plus de seize ans. Pendant cette période, sa stature internationale s’affirme : élu membre de la Commission technique de la Fédération Internationale de Cyclisme Professionnel (FICP) en 1974, il est nommé Président de la Fédération Internationale de Cyclisme Amateur (FIAC) en 1981. La même année, la santé fragile d'Adriano Rodoni, Président de l'UCI, oblige à convoquer des élections. Luis Puig en devient le premier Président espagnol et est régulièrement réélu jusqu’à sa mort d’un accident vasculaire cérébral en 1990. Ceux qui l’ont connu évoquent son autorité naturelle, mais aussi sa simplicité : refoulé un jour de l’aire d’arrivée d’une course Amateurs par un jeune bénévole, il le félicite d’avoir fait son travail. Son rêve était d’organiser des Championnats du Monde UCI dans la communauté de Valence : il sera exaucé, mais malheureusement deux ans après sa mort, en 1992, où les Mondiaux UCI de cyclisme sur route se déroulent à Benidorm. À la suite du décès de Luis Puig et jusqu’à l’élection de son successeur, la fonction de Président de l’UCI a été exercée par Valéry Syssoev (URS), plus ancien Vice-président alors en fonction.
1991-2005 - Hein Verbruggen, le bâtisseur
Porté à la présidence de l’UCI par le décès de Luis Puig, Hein Verbruggen (1941-2017) va redonner à l’institution, vidée de sa substance après sa scission en FIAC et FICP, ses lettres de noblesse. Soutenu dans cette entreprise par le Président du Comité International Olympique Juan-Antonio Samaranch, qui œuvre de son côté au rapprochement des sports amateur et professionnel, ce Néerlandais matois est celui qui a non seulement réuni les deux instances, mais développé l’Union Cycliste Internationale pour en faire l’une des Fédérations Internationales les plus puissantes au monde. Rien ne prédisposait a priori Hein Verbruggen à occuper les plus hautes fonctions de l’organisation du vélo mondial. Issu d’un pays qui compte plus de bicyclettes que d’habitants, ce natif de Helmond – petite ville célèbre pour son château médiéval–, est Directeur des ventes dans une importante compagnie agro-alimentaire lorsque celle-ci, sur son initiative, devient le sponsor de l’équipe cycliste Flandria-Mars, dont le leader est le Belge Roger de Vlaeminck. Le virus est pris, et Hein Verbruggen fait son entrée à l’Union Royale Néerlandaise de Cyclisme en 1974, puis en 1979 à la FICP, dont il devient le Président en 1984, battant d’une voix le Français Germain Simon. C’est alors qu’il s’emploie à réunir l’instance du cyclisme professionnel et celle du vélo amateur sous l’égide de l’UCI, qui n’est alors qu’un modeste organe de deux salariés chargés de faire le lien entre les deux mondes. C’est chose faite en 1991, lorsqu’Hein Verbruggen en prend la tête, puis en 1993, lorsque la FICP et la FIAC sont dissoutes. Dès lors, il va appliquer les méthodes du marketing à ses nouvelles fonctions et tenter d’organiser un sport reposant à cette époque sur des traditions fortes et des influences parfois contradictoires. C’est ainsi qu’il crée le Classement FICP (devenu ensuite Classement UCI), puis la Coupe du Monde UCI de cyclisme sur route, organisée sur le modèle de la Formule Un et regroupant les grandes Classiques, dont celle que l’on qualifie aujourd’hui de Monuments. Cette refonte du calendrier et la répartition des droits qui en découle l’opposent un temps aux organisateurs historiques et notamment à Amaury Sport Organisation (ASO), propriétaire du Tour de France et RCS, propriétaire du Giro d’Italia. Hein Verbruggen est également à l’origine du Centre Mondial du Cyclisme UCI, inauguré en 2002 à Aigle, en Suisse, et outil de l’un de ses combats majeurs : l’internationalisation de son sport. Entré au CIO en 1996, il en devient l’un des membres les plus influents (Membre honoraire à partir de 2008), notamment à la tête de sa Commission d’évaluation. Il reste l’incontestable bâtisseur de l’UCI moderne, même si son règne a coïncidé avec l’éclosion dans le peloton professionnel de l’EPO et avec les affaires qui feront à terme de l’UCI une pionnière en matière de lutte contre le dopage.
Hein Verbruggen est décédé le 4 juin 2017 des suites d’une leucémie.
2005-2013 - Pat McQuaid, le passionné
Élu confortablement à la tête de l’UCI en septembre 2005 avec l’aval de Hein Verbruggen, qui avait retiré sa candidature pour se consacrer à ses missions au CIO et notamment la coordination des Jeux Olympiques de Beijing, Pat McQuaid est d’abord apparu comme l’homme de la continuité. Mais cet Irlandais chaleureux a vite démontré qu’il était plus que cela. Il peut déjà se targuer d’être le seul Président de l’UCI à ce jour à avoir fait une carrière de cycliste professionnel. Champion d’Irlande sur route en 1974, il a par ailleurs remporté à deux reprises le Tour d’Irlande, en 1975 et 1976. Membre d’une famille de passionnés, puisque son père, son oncle, ses six frères et un de ses cousins ont été des coureurs de niveau parfois national et international, il a apporté à l’UCI cette passion, de même qu’une connaissance intime du milieu. Il y eut certes lors de son mandat de la continuité, notamment dans la volonté de repousser les frontières du cyclisme – création de courses importantes en Australie, en Chine, en Afrique ou au Canada, par exemple –, mais aussi des ruptures. C’est que Pat McQuaid, peut-être moins direct mais parfois plus diplomate que son prédécesseur, a apporté au poste de Président de l’UCI un sens aigu de la nécessité de faire évoluer l’institution. Cela lui a permis, dès 2007, d’imposer aux coureurs une charte antidopage qui a marqué le début du terme d’une décennie de tourmente, de créer la Fondation Antidopage du Cyclisme (CADF) avant d’enterrer, en 2008, la hache de guerre avec Amaury Sport Organisation (ASO). Toujours dans le domaine du dopage, Pat McQuaid a également imposé le passeport biologique, faisant de l’UCI un précurseur en la matière. Sa bonhomie et le savoir-faire acquis dans ses fonctions précédentes à la tête de la Fédération Nationale irlandaise de cyclisme ou comme organisateur de courses (Tour d’Irlande et Tour de Langkawi) lui ont permis de désamorcer bien des crises. Il n’a pourtant pas été réélu pour un troisième mandat, cédant la place en septembre 2013 au Britannique Brian Cookson, vainqueur par 24 voix contre 18. Après son mandat à la tête de l’UCI, Pat McQuaid a déménagé dans le sud de la France, notamment pour y organiser des séjours touristiques pour les cyclistes amateurs, avant de retourner en Irlande.
2013-2017 - Brian Cookson, le réformateur discret
La présidence de l’UCI a souvent coïncidé avec l’état géopolitique du cyclisme. En ce sens, l’élection de Brian Cookson à la tête de l’institution en septembre 2013 tombait sous le sens : Président de British Cycling de 1997 à 2013, cet authentique passionné de vélo avait transformé un sport relativement confidentiel dans son pays en machine à gagner. Sous son impulsion, le cyclisme britannique triomphait sur tous les terrains, et notamment sur la piste avec les succès engrangés aux Jeux Olympiques de Beijing et de Londres, puis sur la route, où le pari fou de voir un Britannique remporter le Tour de France venait de se concrétiser avec Bradley Wiggins et Chris Froome. Mais Brian Cookson, s’il n’effectua qu’un mandat, fut bien plus qu’un Président de circonstance. Ses deux prédécesseurs, s’ils avaient fait franchir au cyclisme un cap important, n’avaient pas pu ou su réconcilier tous les intérêts parfois contradictoires de ce sport. C’est à cette tâche que s’attela Brian Cookson, avec un succès certain. Lui-même cycliste passionné – il fut un bon amateur et continue à courir en catégorie Masters –, il réorganisa en profondeur l’UCI pour la doter de structures et de garde-fous la mettant à l’abri des critiques et des polémiques qui avaient parfois paralysé son travail. Brian Cookson fut donc un réformateur discret, mais particulièrement efficace pour rationaliser et épurer un sport en pleine mutation. L’une de ses très grandes réussites fut sans doute, à l’image de ce qu’il avait déjà entrepris à British Cycling, de redonner toute sa place au cyclisme féminin et de préparer son irrésistible ascension. Il léguera à son successeur une Fédération respectée dans le monde sportif et un cyclisme à la crédibilité encore renforcée.
2017 - David Lappartient, le visionnaire
Président de l’UCI depuis 2017, président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) depuis 2023, Président du Conseil départemental du Morbihan depuis 2021, ancien Président de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) et ancien maire de la jolie petite ville bretonne de Sarzeau, David Lappartient affiche le CV d’un homme hyperactif. Il l’est. Si ce fin politique passionné de vélo – il roule régulièrement – a décidé d’endosser toutes ces responsabilités, c’est que son appétit d’action semble insatiable. Son engagement dans le cyclisme date de 1997, où il prend la présidence du Vélo Sport de Rhuys et entre au Conseil d’administration de la FFC. En 2009, après avoir fait son entrée à l’UCI, il prend les rênes du cyclisme français, où il participe notamment à la construction du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, ouvert en janvier 2014 et qui accueille dix ans plus tard les épreuves sur piste des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Son ascension se poursuit avec la Présidence de l’Union Européenne de Cyclisme (UEC) aux dépens de l’ancien coureur moldave Andreï Tchmil. Vice-président de l’UCI et Président du Conseil du Cyclisme Professionnel, il affronte en 2017 Brian Cookson pour la présidence du cyclisme mondial et est élu largement avant de voir son mandat reconduit par acclamation pour quatre ans en 2021. Depuis son élection, il a conforté l’apaisement du cyclisme mondial entamé par son prédécesseur, agi en profondeur pour aider les Fédérations Nationales et accentué l’œuvre de solidarité internationale du Centre Mondial du Cyclisme UCI, et professionnalisé le cyclisme sur route féminin, un secteur qui a connu grâce à cela un développement spectaculaire et mérité. Parmi ses principaux et très nombreux faits d’armes à la tête de l’UCI, on notera l’organisation en 2023 à Glasgow et à travers l’Écosse des Championnats du Monde de Cyclisme UCI regroupant l’ensemble des disciplines du vélo, véritables Jeux du cyclisme appelés à se dérouler tous les quatre ans l’année précédant les Jeux Olympiques d’été, mais aussi l’organisation des premiers Championnats du Monde UCI sur route en Afrique, en 2025, à Kigali, au Rwanda.
Membre du Comité International Olympique depuis février 2022, il se présente en 2025 à la présidence de l’institution, mais est battu par l’ancienne nageuse zimbabwéenne Kirsty Coventry, première femme à présider le CIO.