De même que les Quatre Jours de Dunkerque sont une course de… six jours, les Driedaagse Brugge-De Panne (les Trois Jours de Bruges-La Panne) n’en font plus qu’un ! Du reste, les deux cités des bords de la Mer du Nord sont distantes de 18 kilomètres seulement, l’une du côté français et l’autre du côté belge de la frontière.
De 1977 à 2017, le premier vainqueur étant Roger Rosiers et le dernier Philippe Gilbert sur leur format d’origine, les Trois Jours de La Panne étaient une course par étapes de préparation au Tour des Flandres. Ils utilisaient tous les ingrédients bien connus du cyclisme flamand (vent, pavés, sprints) et, souvent, s’achevaient par un contre-la-montre, si bien que de véritables spécialistes de l’effort solitaire (Viatcheslav Ekimov, Raivis Belohvosciks, David Millar) figurent au palmarès au milieu des triomphateurs du « Ronde » : Eric Vanderaerden, Michele Bartoli, Johan Museeuw, Peter Van Petegem, Stijn Devolder, Alessandro Ballan, Alexander Kristoff ou Philippe Gilbert.
Longtemps organisés par Bernard Vandekerkhove (vainqueur d’étapes et Maillot Jaune du Tour de France en 1964 et 1965), jusqu’à son décès en 2015, ils généraient un tas d’histoires du fait de leur proximité avec le Tour de Flandres, qui se déroulait le dimanche suivant. Il fallait être à La Panne pour jauger la forme des favoris, comme en 2007 lorsque Ballan a remporté les deux courses d’affilée. Mais tout était sujet à interrogation, certains ténors étant passés experts en maquillage de l’état réel de leur condition physique. Les rumeurs proliféraient, y compris les fausses alertes de blessures ou de maladie. Tout le monde ne voulait pas prendre part au contre-la-montre qui, souvent, clôturait l’épreuve, après une demi-étape disputée le matin du dernier jour. Certains préféraient se reposer ou aller reconnaître le final du « Ronde » à trois jours du grand rendez-vous.
Au bas mot, c’était contre nature d’avoir une course par étapes courte au beau milieu des Classiques et semi-Classiques qui font la vivacité du sport cycliste en mars et avril dans la partie Nord de la Belgique. Les organisateurs, KVC Panne Sportief et Golazo Sports, ont pris l’heureuse décision de diviser l’événement en trois pour toucher plus largement la communauté cycliste : une épreuve cyclosportive, une course professionnelle d’un jour pour les hommes et une autre pour les femmes.
« Nous sommes fiers d’organiser deux épreuves du plus haut niveau, pour les hommes et pour les femmes, confie Nick Van den Bosch, de Golazo Sports. Ça en dit long sur l’histoire et le potentiel de cette manifestation. » La parité est grandissante dans le giron de l’UCI WorldTour : Strade Bianche, Gent-Wevelgem in Flanders fields, Tour des Flandres/Ronde van Vlaanderen, Amstel Gold Race, La Flèche wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Amgen Tour of California, Prudential RideLondon - Surrey Classic, Bretagne Classic - Ouest-France, Gree - Tour de Guangxi, tandis que les trois Grands Tours (d’Italie, de France et d’Espagne) ont aussi une version féminine sous un format différent.
Lauréate de la première édition de la Lotto Women Classic Bruges-De Panne, Jolien D’Hoore est cette fois absente, victime d’une fracture de la clavicule, mi-mars, au Drentse 8 à Westerveld, aux Pays-Bas, mais Marta Bastianelli et Marianne Vos, qui viennent de s’imposer dans l’UCI Women’s WorldTour, respectivement au Women’s WorldTour Ronde van Drenthe et au Trofeo Alfredo Binda - Commune di Cittiglio, seront en lice le 28 mars, au lendemain de l’épreuve masculine, nouvelle venue dans l’UCI WorldTour et où Elia Viviani défendra son titre acquis l’an passé au sprint.
Les Trois Jours de Bruges-La Panne relient désormais deux cités puisque le départ est donné à Bruges, ville natale du basketteur Tony Parker, connue de millions de touristes comme « la Venise du Nord » pour ses canaux et ses monuments. De 1998 à 2016, la capitale de la province des Flandres Occidentales a accueilli le départ du Tour des Flandres. Sa Grand-Place était un endroit magique pour un point de ralliement du monde du cyclisme. La régénération des Trois Jours de La Panne a aussi le mérite de la remettre à la mode.
La 43e édition inclut le franchissement du Mont Kemmel comme au bon vieux temps – en 2003, une bonne partie du peloton l’avait boycotté en raison des conditions de course dangereuses. C’est le point culminant de l’épreuve à 153 mètres d’altitude. Il se situe à 111 km de l’arrivée de l’épreuve masculine, tandis que la version féminine est, elle, absolument plate, se déroulant plutôt en bord de mer, là où le vent promet de générer un grand spectacle.
Le dernier-né de l’UCI WorldTour est un concept moderne ayant le mérite de recycler des recettes ayant fait leur preuve.