La Britannique Lizzie Deignan (Trek-Segafredo) et le Slovène Primož Roglič (Jumbo-Visma) ont remporté Liège-Bastogne-Liège 2020 à l'issue de deux courses éprouvantes qui ont naturellement fait émerger les plus forts du jour à l'avant de "La Doyenne". Deuxième en 2017, La Championne du Monde Route UCI 2015 ajoute à un nouveau Monument à son palmarès après le Tour des Flandres 2016. Cette édition 2020 correspondait à la première participation de Roglič.
"On court à l'instinct, sans avoir à craindre l'échec, et c'est ce qu'il y a de plus beau dans cette équipe. Je me suis dit qu'il fallait que je franchisse La Redoute avant Anna van der Breggen, Annemiek van Vleuten et Elisa Longo Borghini. Donc j'y suis allée à l'instinct”, a expliqué la Britannique après la course.
"C'est incroyable, ça s'est joué à si peu, a commenté Roglič. Ça montre qu'il ne faut jamais arrêter d'y croire et pousser jusqu'au dernier centimètre. C'est la première fois que je disputais la course la plus ancienne du calendrier. Remporter un Monument faisait partie de mes rêves. Je suis super content d'y être arrivé."
Un peloton de 138 coureuses (de 24 équipes) a pris le départ de la quatrième édition de Liège-Bastogne-Liège Femmes sur un parcours difficile de 135 km comprenant cinq ascensions : les côtes de Wanne et de la Haute-Levée dans la première partie, avant de retrouver dans les 50 derniers kilomètres la côte de la Vecquée, l'emblématique côte de la Redoute et enfin la très ardue montée de la Roche-aux-Faucons.
Les conditions de course, avec de la pluie, une température de 12ºC et un rythme soutenu ont rapidement fait fondre le peloton. L'échappée décisive s'est constituée autour de grands noms comme Marianne Vos (CCC Liv), Lizzie Deignan et Ellen van Dijk (Trek-Segafredo), Amy Pieters (Boels Dolmans Cyclingteam), Hannah Barnes (Canyon//SRAM Racing), Juliette Labous (Team Sunweb), Marlen Reusser (Equipe Paule Ka), Grace Brown (Mitchelton Scott) et Katrin Aalerud (Movistar Team Women).
Il ne restait plus qu'une quarantaine de coureuses dans le peloton avant d'attaquer la côte de la Redoute avec 1'30'' de retard sur les attaquantes. Deignan a placé une accélération décisive à 1 km du sommet, tandis que Demi Vollering (Parkhotel) augmentait l'allure dans le peloton sans trouver de soutien. Fin août au GP de Plouay - Lorient Agglomération Trophée WNT, Deignan avait bénéficié du soutien de Lizzie Banks dans son offensive, mais cette fois elle était lancée seule vers Liège. Sur les 30 derniers kilomètres, elle est parvenue à résister à l'Australienne Grace Brown, partie à sa poursuite dans la côte de la Roche-aux-Faucons.
“C'était vraiment horrible, a expliqué Deignan à l'arrivée. A la fin, je préférais penser que je poursuivais les motos devant moi plutôt que de penser à ma poursuivante, parce que c'est éprouvant nerveusement. Je savais que Grace irait plus vite que moi dans la descente, donc je priais pour que la ligne vienne plus vite."
Brown a effectivement refait une large partie de son retard : de 55 à 15'' à 3 km de l'arrivée. Elle pouvait même voir la leader dans le dernier kilomètre. Mais Deignan a conservé une avance de 9'' sur la ligne. Une autre représentante de la Trek-Segafredo, Ellen van Dijk, a dominé le sprint parmi les poursuivantes pour prendre la 3e place. C'est la première fois qu'une Britannique remporte Liège-Bastogne-Liège Femmes après trois succès néerlandais, ceux d'Anna van der Breggen (2017 et 2018) et d'Annemiek van Vleuten (2019).
La 106e édition de Liège-Bastogne-Liège présentait un parcours presque identique à celui de l'année précédente : 256 km avec 11 ascensions typiques, courtes et explosives, de la côte de la Roche-en-Ardenne jusqu'à la côte de la Roche-aux-Faucons (1,5 km à 9,3 %), où Jakob Fuglsang s'était envolé vers la victoire en 2019. L'emblématique côte de la Redoute (1,6 km à 9,5 %) se dressait elle face aux coureurs à 35 km de l'arrivée.
Huit échappés sont sortis après 10 km de course : Iñigo Elosegui (Movistar Team), Kobe Goossens (Lotto Soudal), Michael Schär (CCC Team), Kenny Molly (Bingoal WB), Omer Goldstein (Israel Start-Up Nation), Valentin Ferron et Paul Ourselin (Total Direct Energie) et Gino Mäder (NTT Pro Cycling). Ils ont rapidement été rejoints par Mathijs Paasschens (Bingoal WB) et l'écart a atteint un maximum de 5'30'' après 100 km de course, mais le peloton emmené par la Deceuninck–Quick-Step, Jumbo-Visma et le Team Sunweb reprenait peu à peu du terrain.
Malheureusement, la course a perdu deux favoris sur chute, Greg Van Avermaet (CCC Team) et Adam Yates (Mitchelton-Scott), tandis que Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix) restait dans les premières positions du peloton au lendemain de son succès sur le BinckBank Tour. Une autre chute a impliqué le Champion du Monde UCI Julian Alaphilippe (Deceuninck–Quick-Step), qui étrennait son maillot arc-en-ciel. Les Suisses Gino Mäder et Michael Schär ont été les derniers échappés à rendre les armes, le vétéran de la CCC étant finalement repris à 37 km de l'arrivée.
L'attaque décisive est intervenue une nouvelle fois dans la Roche-aux-Faucons, lorsqu'Alaphilippe a imposé son arc-en-ciel à l’avant de la course, accompagné de quatre autres grands protagonistes du Tour de France 2020 : le vainqueur final de la Grande Boucle Tadej Pogačar (UAE Team Emirates), son dauphin Primož Roglič (Jumbo-Visma), le super combatif Marc Hirschi (Team Sunweb) et le vainqueur d'étape Michał Kwiatkowski (Ineos Grenadiers), qui a perdu contact peu de temps après.
Le sprint sous haute tension réservait un coup de théâtre : trop confiant, Alaphilippe a levé les bras trop tôt, et Roglič a jeté son vélo sur la ligne pour signer son premier succès dans un Monument. Le Champion du Monde UCI a finalement été relégué à la 5e place. Pogačar montait sur le podium, tandis qu'un autre Slovène, Matej Mohoric (Bahrain-McLaren), prenait la 4e place après avoir rejoint les échappés dans le dernier kilomètre.