Peu de cyclistes artistiques ont autant dominé leur sport que l’Allemand de Kirchehrenbach Lukas Kohl, sept fois Champion du Monde UCI de la catégorie Hommes Individuels. Bien qu'il n'ait encore que 28 ans, son incroyable carrière l'a vu sans cesse se fixer de nouveaux objectifs et augmenter la difficulté de ses programmes. Il a battu le record du monde à plusieurs reprises pour rapidement gagner le surnom de « Lukinator ».
Aujourd'hui, quelques semaines après avoir remporté la Coupe du Monde Cyclisme Artistique UCI 2024, Lukas Kohl a surpris son monde en annonçant qu'il mettait un terme à sa carrière de compétiteur international.
Un palmarès sans précédent
Kohl se retire en ayant gagné toutes les éditions de la Coupe du Monde Cyclisme Artistique UCI organisées à ce jour – la série a été lancée en 2018 –, remportant les 24 manches disputées et sept trophées au total. Sacré sept fois Champion du Monde UCI, il a décroché la médaille de bronze en 2024. Il a été Champion d'Allemagne chaque année depuis 2016 et Champion d'Europe à deux reprises (2018 et 2022). Détenteur du record du monde, il a également établi le record du monde de la catégorie Juniors en 2014, un record qui a tenu cinq ans.
Lukas Kohl a commencé le cyclisme artistique à l'âge de neuf ans au RMSV Concordia Kirchehrenbach. Son premier souhait était de jouer au cycle-ball après avoir lu un article sur la spécialité dans le journal. Les entraîneurs ont d’abord aiguillé le frêle petit garçon d’alors vers le cyclisme artistique pour qu’il acquière les techniques de base... et il n’a plus voulu faire autre chose. Ce qui le fascine dans son sport, c'est la variété : le cyclisme artistique combine la technique, la force, l'endurance, la coordination, l'acrobatie et la beauté.
« La solidarité au sein de la famille du cyclisme artistique est aussi une chose unique », souligne Kohl, qui a été entraîné par sa mère Andrea Kohl.
Sa série de succès n’allait pas de soi au départ. En réalisant 30 figures en cinq minutes – comme sauter de sa selle au guidon, l’appui tendu renversé, réaliser des pirouettes et autres évolutions sur la roue arrière, en avant et en arrière –, il a dû convaincre le jury à maintes reprises. L'ingénieur industriel a consacré une grande partie de sa vie quotidienne à son hobby, une vie qui « consistait à se lever, à travailler, à s'entraîner puis à se coucher ».
Son échec aux Championnats du Monde UCI 2024, à domicile, à Brême, en octobre dernier, après 188 victoires en compétition depuis son premier triomphe aux Championnats du Monde UCI de Stuttgart en 2016, n'a pas été la raison de sa retraite.
« À Brême, mon 'tunnel', celui dans lequel j'entre toujours, avait des trous. La première minute et demie s'est déroulée sans encombre, mais ensuite ça s’est gâté », a déclaré Kohl, revenant sur sa finale après s'être imposé avec confiance dans le tour préliminaire. Cependant, il considère sa troisième place comme une sorte de libération : « J'ai remporté la médaille de bronze aux Championnats du Monde Cyclisme en salle UCI. Et avec cela, j'ai été libéré de la pression qui pèse sur une personne soi-disant invincible ».
Une décision mûrement réfléchie
Avant même les Championnats du Monde Cyclisme en salle UCI 2024, Lukas Kohl avait réfléchi à la possibilité de mettre un terme à sa carrière. Comme les années précédentes, il souhaitait prendre une décision sereine après la fin de la saison. « Je fais toujours le bilan de l'année, je regarde ce que j'ai investi et ce que j'ai reçu en retour. »
En fin de compte, ce sont ses sentiments à la fin de la saison, à l’issue de la finale de la Coupe du Monde Cyclisme Artistique UCI, juste une semaine après les Championnats du Monde UCI, qui l'ont poussé à prendre sa décision. Pour Kohl, c'était tout simplement le bon moment. « La dernière fois que je m’étais senti aussi libéré que lors de cette finale de la Coupe du Monde UCI, c'était en 2016, lors de la finale des Championnats du Monde UCI, où j'avais été le vainqueur surprise. Une fin de saison parfaite pour moi.
« La saison 2024 a été un véritable point culminant, poursuit-il. La Coupe du Monde Cyclisme Artistique UCI, avec des manches en Italie, en Autriche, à Hong Kong et en Suisse, était plus internationale que jamais. Et avec les Championnats du Monde Cyclisme en salle UCI en Allemagne, j'ai pu une fois de plus vivre ce que notre sport a de mieux à offrir. Je n'aurais pas pu rêver d'une meilleure conclusion. »
Passer de l'autre côté de la compétition
Le retrait de Kohl de la compétition ne signifie en aucun cas qu'il va se couper du cyclisme artistique.
« Je me réjouis de continuer à être présent pour le sport dans de nouvelles fonctions, en tant que Commissaire, officiel, entraîneur et ainsi de suite, avec le même engagement et la même passion qui m'ont accompagné pendant toutes ces années.
« Un chapitre se termine, mais le suivant s'ouvre et l'histoire continue. »