Rendre les villes propices au cyclisme: des solutions peu coûteuses en provenance des Antipodes

« Augmenter le nombre de personnes circulant à vélo dans notre ville ? Nous le ferions si nous le pouvions. »

De nombreux gouvernements locaux éprouvent des difficultés financières, se dérobent devant cette priorité pour leur ville par crainte du coût que cela entraînerait. L’établissement de politiques efficaces, le lancement de programmes favorables aux utilisateurs de vélos et l’amélioration de l’infrastructure cycliste nécessitent un financement.

L’investissement optimal dans le cyclisme est de l’ordre de 15 à 20 euros par personne de financement annuel récurrent. Les Pays-Bas dépensent 30 euros par année par personne. Mais un tel niveau de financement peut être hors de portée pour de nombreux partisans du cyclisme. Même en Grande-Bretagne, une nation qui prend très au sérieux la mise en place d’une culture du vélo, en dehors de villes telles que Londres, les dépenses annuelles pour une infrastructure cycliste sont d’environ 2 livres sterling par personne.

C’est à ce point qu’Austroads intervient. Cette association entreprenante des Antipodes rassemble des agences australasiennes du transport routier et de la circulation. Toutes les administrations locales et les praticiens en quête d’inspiration quant à la manière d’encourager le cyclisme sur leur territoire avec un budget très restreint, seront peut-être intéressés par le dernier rapport publié par l’association.

Le document présente 15 cas d’interventions réalisées à coût moindre qui ont fructueusement encouragé le cyclisme en Australie et en Nouvelle-Zélande : que ce soit des plans de signalétique, des rues conviviales pour la pratique du vélo, des espaces pour le rangement des vélos dans les parcs relais, ainsi que des campagnes publicitaires efficaces qui ont encouragé les gens à sortir à vélo.

Les projets retenus incluent une aire de stationnement pour les vélos (coût de l’installation : 15’000 dollars) qui génère auprès des commerçants locaux quatre fois plus de revenus que les espaces pour voitures qu’ils ont remplacés ; un entreposage de vélos (coût d’environ 55'000 dollars) qui stimule l’intermodalité; un plan de signalisation du réseau cycliste (10'000 dollars) qui aide les cyclistes à trouver leur chemin…

Tous les projets n’ont pas impliqué la construction d’une infrastructure. Des campagnes promouvant le cyclisme ont aussi été constatées, comme le programme d’incitation à « Aller-au-travail-à-vélo » en faveur des conducteurs de train, lancé par l’autorité de transport public de l’Australie Occidentale, et la production de cartes du réseau cycliste de Sydney (7’500 dollars pour l’impression de 13’000 cartes).

En dépit de ces initiatives peu coûteuses, il est certain que faire campagne pour un financement particulier est une étape nécessaire à l’accroissement du cyclisme dans les villes.

La position de l’UCI est que le cyclisme ne devrait pas se contenter du prix de consolation des budgets de transport, mais au lieu de cela, d’œuvrer pour obtenir un changement culturel et comportemental au niveau de la société. Toutefois, même la moindre amélioration devrait être soulignée, dans la mesure où il est clair qu’il ne s’agit que d’une étape intermédiaire sur le chemin de quelque chose de plus important (comme les « autoroutes » cyclistes de Londres, dont l’aménagement vient d’être récemment approuvé).

Un récent débat sur le blog de PeopleForBikes, la plus importante association cycliste du monde, comptant plus d’un million de membres, a comparé l’approche « progressive » envers l’infrastructure cycliste aux « complétionistes ». « De combien d’imperfection sommes-nous prêts à nous contenter pour parvenir à quelque chose de mieux ? » demande l’auteur. Le pays des rêves des cyclistes s’atteint probablement en passant par quelques étapes intermédiaires de Realpolitik.