Les sports d’hiver se pratiquent en hiver.
Toutefois, selon l’Organisation Météorologique Mondiale des Nations Unies, 2014 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et quatorze des quinze années les plus chaudes ont été observées au vingt-et-unième siècle.
Comme les températures augmentent, les analystes prédisent que quelques stations de ski, en particulier celles situées à basse altitude et latitudes, finiront par disparaître. Une étude publiée l’année dernière par l’Université de Waterloo, juste avant les Jeux Olympiques de Sochi, met en relief la difficulté qu’il y aura à l’avenir à reproduire les Jeux dans les villes qui les avaient accueillis auparavant, si les projections actuelles concernant les changements climatiques s’avèrent exactes.
Pour compenser les préoccupations résultant du temps capricieux et des conditions d’enneigement, les stations de ski cherchent de plus en plus à diversifier les recettes provenant du tourisme en offrant un éventail plus large d’activités qui se pratiquent tout au long de l’année : le mountain bike, par exemple.
Nous savons déjà que l’utilisation du vélo en tant que moyen de transport a le potentiel d’atténuer les changements climatiques en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais notre sport peut aussi contribuer à résoudre quelques difficultés économiques en stimulant le tourisme et en maintenant des emplois.
Se diversifier vers le mountain bike présente un intérêt commercial. Pour en savoir davantage, nous avons consulté Darco Cazin, le fondateur d’une entreprise basée en Suisse, dont la spécialité consiste à développer les stations de ski pour en faire des destinations pour le mountain bike. La société travaille à la fois pour le secteur privé (hôtels et entreprises de remontées mécaniques) et des entités publiques (villes, villages de montagne, consortiums touristiques). Cette entreprise effectue des analyses de marché. Elle est à l’origine de la conception et de la construction de réseaux de sentiers en coopération avec « Trail Solution », une branche de l’International Mountain Biking Association (IMBA).
Tout a commencé par un évènement UCI : les Championnats du Monde Mountain Bike et Trial 2005, à Livigno, en Italie. Là, les administrateurs ont envisagé de construire un legs pour les entreprises locales, dans le but de les aider à prospérer tout au long de l’année. Les Mondiaux de mountain bike UCI ont été le catalyseur pour des investissements dans une infrastructure cycliste récréative. Cette reconversion a été le premier projet de Cazin lié au développement de destinations MTB. Près de 40 autres démarches de ce type ont été entreprises dans les Alpes et ailleurs : de l’Écosse au Parc national du Durmitor, au Montenegro, site du patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Dans le monde entier, les stations de ski prennent de plus en plus conscience du potentiel qu’offre le mountain bike pour prolonger leur saison touristique, déclare Cazin. Les adeptes de mountain bike sont nombreux et appartiennent généralement à un segment aisé de la population. »
Même si, à l’échelle mondiale, les données socio-économiques concernant cette discipline sont rares, selon diverses études d’impact économique rassemblées par le site PinkBike.com, l’adepte américain moyen de mountain bike a un revenu par ménage de plus de 80 000 dollars et les dépenses journalières pour une sortie de MTB sont typiquement de 60 à 100 dollars (frais pour se rendre à destination non compris). Sur le site de l'IMBA, on trouve de nombreuses études concernant les aspects économiques du tourisme du MTB – dont certaines ont fait l’objet d’un autre article publié sur le site de l’UCI.
« Dans le canton alpin suisse des Grisons, les dépenses journalières par touriste MTB s’élèvent à 159 francs suisses (175 dollars) » dit encore Darco Cazin.
Toutefois, il n’existe aucune donnée au niveau mondial, quant au nombre de personnes qui aiment faire du vélo tout terrain – même si une société slovène de consultants en MTB essaie de dresser une carte de la participation mondiale pour le MTB.
« Dans les Alpes, les stations de ski s’empressent de devenir conviviales pour les adeptes de mountain bike. Les sentiers à voie unique que nous aidons à construire commencent à être rentables après seulement une ou deux années. Le délai est un peu plus long quand l’investissement inclut une infrastructure additionnelle pour le transport, par exemple, un téléphérique. »
Pour aider les sites de montagne à prendre leurs décisions stratégiques en faveur du tourisme MTB, la société a développé une application. Les coureurs l’utilisent pour évaluer les installations existantes et suggérer des améliorations. Ensuite, Darco et son équipe s’attellent à fournir solutions.
« Souvent, le long des sentiers MTB, nous installons aussi des sentiers parsemés d'obstacles pour le BMX. C’est un aménagement prisé par les stations car il offre la possibilité de pénétrer de nouveaux et plus jeunes segments du marché. »
Aux Etats-Unis, grâce aux campagnes de sensibilisation menées par l’IMBA, les instances politiques soutiennent la diversification du tourisme hivernal. En 2011, le Congrès a approuvé le « Ski Area Recreational Opportunity Enhancement Act » (loi sur la possibilité d’améliorer les domaines skiables) qui a levé les restrictions qui limitaient les stations de ski à ne fournir d’autres activités que le ski nordique et le ski alpin. La création de parcs et de sentiers de mountain bike est l’une des activités expressément envisagée par la loi qui, l’année dernière, a été transposée en un ensemble de directives. Une réussite pour l'IMBA USA, qui plaide en faveur du MTB et des sports d’extérieur.
« Il faut d’excellentes installations cyclistes pour montrer le potentiel du mountain bike, déclare Mark Torsius, directeur de l'IMBA Europe, mais nous ne saurions sous-estimer la nécessité de travailler aussi sur des politiques locales favorables aux utilisateurs de vélo.»