Matthias Dandois : « Si tu es à terre, tu dois te relever »

Champion du Monde UCI en titre de BMX Freestyle Flatland, Matthias Dandois aura à cœur de défendre son maillot arc-en-ciel lors des Championnats du Monde Urban Cycling UCI 2022 à venir.

Mais sa préparation en vue de l’événement qui se déroulera à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) a été fortement contrariée par une fracture de la cheville. Mais comme le dit le Français, « quand on veut, on peut… »

Votre préparation pour Abu Dhabi n’a pas été idéale. Que s’est-il passé ?

Matthias Dandois : Il n'y a eu aucune préparation ! Je me suis cassé la cheville le 7 septembre, soit il y a presque deux mois. Le médecin a dit que je pouvais rouler à nouveau à partir du 7 décembre. Au début, je pensais que participer aux Championnats du Monde n'étaient pas envisageable, mais après trois semaines dans le plâtre, mon kiné Azedine Bousnana m'a dit que je pouvais commencer à bouger un peu la cheville. Au bout de six semaines, j'étais capable de marcher et j'ai recommencé à faire du vélo. C'était il y a deux semaines. Ma cheville est maintenant assez forte pour rouler correctement, et même si la préparation n'a pas été la même, je suis content de pouvoir rouler.

Vous avez déjà eu un problème similaire auparavant ?

MD : Oui, j'ai eu une infection au même pied une semaine avant la manche de Coupe du Monde BMX Freestyle UCI de Montpellier. Ils n'ont pas trouvé les bons antibiotiques au début, mais ils ont fini par les trouver et j'ai pu marcher juste avant la qualification. J’ai fait la qualification sur un pied en quelque sorte, et c'était super douloureux. Je me suis qualifié pour la finale mais j'étais vraiment fatigué, et épuisé mentalement. Je n'ai pas fait une très bonne performance, mais au moins je me suis qualifié pour la finale et j'étais content de répondre présent devant le public à Montpellier après la période du Covid.

Qui vous a aidé pour la récupération ?

MD : Il a fallu beaucoup d'efforts fous et des gens incroyables pour arriver là où j’en suis maintenant. Quand je me suis cassé la cheville, j'ai demandé à mon sponsor Red Bull de me mettre en contact avec leur médecin en France, qui m'a dit d'appeler un orthopédiste du sport à Paris. J'ai été opéré le lendemain, ce qui n'arrive normalement pas. J'ai laissé reposer mon pied pendant trois semaines parce que c'était douloureux, mais dès que la douleur a un peu disparu, je suis entré dans le programme de mon kiné, qui s'occupe aussi de beaucoup de footballeurs et de combattants de MMA, et il m'a dit que ce n'était pas une bonne idée d'avoir mon pied dans un plâtre pendant six semaines et que je devrais commencer à le bouger lentement.

En parallèle, mon coach Jordan Joseph a continué à entraîner le reste de mon corps juste après l'opération, et j'ai aussi travaillé avec Steve Compagnon au centre de cryothérapie et de bien-être Pøle Recup à Paris où ils ont toute une série de machines incroyables pour récupérer plus vite. J'ai aussi eu l'aide d'un nutritionniste de Red Bull, Stephen Smith, qui m'a dit ce qu’il fallait que je mange pour que les os guérissent plus vite. J'avais donc une équipe de cinq ou six personnes qui m'aidaient à récupérer plus vite.

Il faudrait normalement trois mois pour s'en remettre… Ça fait deux mois, et ce matin je roulais, et j'ai aussi roulé hier. J'ai gagné un mois par rapport à une période de récupération normale.

Pendant que vous ne pouviez pas monter sur votre vélo, pensiez-vous encore à de nouvelles figures ?

MD : Je ne pensais pas vraiment au vélo pendant ces six semaines parce que c'est vraiment pénible d'y penser quand on ne peut pas en faire. J'essayais vraiment de me concentrer sur deux projets avec ma société de production, et comme ma copine est enceinte, c'était agréable de passer du temps avec elle et à Paris. J'ai commencé à penser à des figures il y a deux semaines. Maintenant, je fais des figures vraiment basiques parce que ma cheville est encore assez faible.

Le temps sans vélo est toujours précieux, car si vous ne pouvez pas faire ce que vous aimez faire pendant si longtemps, c'est si bon quand vous pouvez y revenir. Vous ne savez pas vraiment à quel point vous aimez quelque chose avant de ne plus pouvoir le faire.

Les coureurs japonais ont pris les quatre premières places lors de la manche de Coupe du Monde BMX Freestyle Flatland UCI 2022 de Montpellier. Qu'est-ce qui les rend si bons ?

MD : Tout d'abord, avec le système japonais existant des écoles de BMX Flatland, nous avons vu des « super kids », comme nous les appelons, arriver il y a cinq ans. Comme Yu Katagiri, qui était déjà doué à 12 ans. Ils ont travaillé si dur ces cinq dernières années. Des riders comme Yu Shoji, Yu Katagiri et Kio Hakawa… ces mecs font peur ! Ils sont à un autre niveau. C'est vraiment difficile de faire face à ça.

Je pense qu'ils sont vraiment bons parce qu'ils ont été bien formés dans les écoles de BMX Flatland, et leur détermination, combinée à la culture japonaise du travail acharné, les rend si forts. Kio s’entraîne 8 à 10 heures par jour. C'est complètement fou. En gros c'est tout ce qu'il fait. Je roule deux heures par jour, donc il y a une grande différence ici. Les Japonais prennent le relais dans de nombreux sports comme le skateboard, le snowboard, le surf, et en BMX Park ils ont Rim qui est l'un des meilleurs actuellement. Avant c’'était les Américains et les Australiens, mais maintenant je pense qu’une ère japonaise est en train de débuter.

Qu'est-ce que ça fait d'avoir vos propres installations d’entraînement ?

MD : C'est fou d'avoir mon propre spot. J'ai grandi avec un spot dans le jardin de mes parents, et j'ai vraiment beaucoup progressé entre 16 et 20 ans. Je roulais là-bas tous les jours sans distraction. Je retrouve ces sensations dans ma maison à la campagne. Je n'ai pas de distractions, je suis totalement concentré. Le spot est vraiment tout petit mais j'aime bien, c'est ma petite bulle de créativité. Chaque fois que j'y vais, je trouve quelque chose de nouveau.

Quand je roule à Paris, il y a toujours des gens qui passent pour me poser des questions, ce qui est super. J'aime ça parce que nous sommes un sport qui vient de la rue, mais c'est toujours difficile de se concentrer, et quand je suis dans mes installations perso, c'est tellement plus productif. L'une des raisons pour lesquelles j'ai pu reprendre le cyclisme si rapidement après ma blessure est que je peux avancer étape par étape sur ce spot privé.

A l'approche des Jeux Olympiques 2024 dans votre ville, que faire pour promouvoir le BMX Freestyle ?

MD : Oh mec, c'est fou le nombre d'opportunités que j'ai en ce moment. Même si le Flatland ne fait pas partie des Jeux Olympiques, il fait partie du BMX Freestyle. Pour le grand public, c'est vraiment marrant mais ils ne font pas vraiment de différence entre Park, Street, Flat… Le Flatland est le moyen le plus simple de promouvoir le BMX car vous n'avez pas besoin de rampes ou de quoi que ce soit. Tout le monde a déjà essayé de faire un wheeling à un moment de sa vie, et le Flatland est le wheeling 3.0 !

Paris 2024 veut vraiment mettre le BMX sur le devant de la scène car la scène vélo parisienne est en plein essor. On a ces enjeux écologiques avec les voitures, et la culture du vélo est vraiment mise en avant. Le BMX en fait définitivement partie. Avec la compétition de Park qui se déroule à La Concorde et Anthony Jeanjean qui fait partie des favoris, ça va être un carton !

Quels sont vos prochains projets ?

MD : Je vais essayer de me rendre aux Championnats du Monde BMX Freestyle UCI à Abu Dhabi la semaine prochaine et après cela, accueillir la venue au monde de mon fils.