Mauro Vegni, Directeur du Giro d'Italia : “Ce sera une course animée du départ à l’arrivée”

Le Giro d'Italia 2020 est prêt à s'élancer de Monreale, en Sicile, samedi 3 octobre, avec un contre-la-montre individuel de 15,1 km qui permettra d'attribuer le premier maillot rose de la première édition automnale de la "Cosa Rosa". Le parcours va remonter la péninsule avec un terrain varié pour tous les spécialistes et une troisième semaine des plus difficiles, les coureurs ayant rendez-vous avec de grandes étapes de montagne avant le contre-la-montre individuel final à Milan dimanche 25 octobre. Le Directeur de la course Mauro Vegni partage ses attentes en vue d'une édition inhabituelle du Giro.

Le Giro est sur le point de s'élancer une semaine après les Championnats du Monde UCI d'Imola. Quel est l'état d'esprit à quelques jours du départ ?

Mauro Vegni : “En dépit du peu de temps disponible, les Championnats du Monde UCI d'Imola ont montré une grande capacité d'organisation dont notre pays peut s'enorgueillir. Cette année, ce sera la première fois que le Giro d'Italia se déroulera juste après les Championnats du Monde Route UCI. Ça va certainement nous tirer vers le haut."

Le Giro d'Italia 2020 offre un parcours pour tous les types de spécialistes, beaucoup d'ascensions et un départ difficile...

M.V. : “Notre objectif a toujours été d'offrir un spectacle quotidien, que cela soit avec un terrain pour les grimpeurs, les baroudeurs ou les sprinteurs. On essaye de ne jamais traverser une période trop longue sans émotions fortes, pour impliquer le public. Avec une affluence forcément limitée sur place cette année, nous allons porter une attention particulière aux audiences TV."

Pour organiser le Giro en octobre, il a fallu vous adapter à la saison, avec des températures différentes de celles du mois de mai, et surtout, une luminosité plus basse...

M. V.: “Oui, absolument. Nous avons dû réorganiser les horaires de toutes les étapes parce que les journées raccourcissent à cette époque de l'année. En Italie, sur une seule journée, il peut y avoir une différence de 15 minutes d'ensoleillement. On a avancé les arrivées d'étapes de près d'une heure et on a pris beaucoup d'éléments en compte, qu'il s'agisse du lever du soleil ou de l'exposition. On oublie souvent qu'une course ne se termine pas à l'arrivée des premiers coureurs, mais lorsque tout le monde a terminé. On a donc cherché la meilleure programmation vis-à-vis de la lumière du jour et pour les diffuseurs."

Malgré les autres courses au calendrier, il y aura de grands noms au départ du Giro...

M. V. : “D'après ce que j'ai vu ces dernières années, les coureurs viennent sur le Giro par choix, parce qu'il n'y a pas la même pression que sur le Tour de France. Au Giro, ils ont certes des responsabilités, mais c'est moins excessif, et ils ont plus d'opportunités de s'exprimer sur un plan sportif. Je m'attends à un beau Giro où chaque coureur pourra faire sa course. Ce sera une épreuve animée du départ à l'arrivée. On pourrait avoir des changements de maillots presque tous les jours dans les premières étapes ; ce sera très intéressant pour le public."

Pour la première fois, il y aura un Italien Champion du Monde UCI du contre-la-montre, Filippo Ganna...

M. V. : “Ça nous flatte, et nous sommes très heureux d'avoir un maillot arc-en-ciel au départ, encore plus s'il est Italien. Nous ne nous y attendions peut-être pas, mais nous sommes fiers et heureux. Le Giro commencera par un contre-la-montre, même s'il n'est pas vraiment pour les spécialistes avec son parcours varié."

Comment imaginez-vous le Giro d'Italia 2021?

M. V. : “Si on devait se retrouver confiné à nouveau, le problème ne serait pas pour le Giro d'Italia, mais pour le pays dans son ensemble. Mais en considérant l'évolution de l'épidémie, je pense que si on prend toutes les précautions nécessaires, nous pouvons penser que l'épreuve peut avoir lieu. Nous allons certainement être concernés par des considérations publiques, parce que les gens se sentent légitimement concernés. La situation ne peut que s'améliorer avec l'arrivée des vaccins. Il est difficile d'attendre que 2021 soit comme 2019, mais je crois que ce sera déjà une grande amélioration par rapport à 2020 si on continue comme ça."