Michael Matthews (Team Sunweb) a parfaitement assumé la pancarte de favori qui l'accompagnait sur les routes de Plouay pour remporter mardi la Bretagne Classic - Ouest-France en faisant preuve d'une grande maîtrise dans le final. L'Australien est sorti dans la dernière descente avant de s'imposer dans un sprint en comité réduit face au Slovénien Luka Mezgec (Mitchelton-Scott) et au Français Florian Sénéchal (Deceuninck-Quick Step).
“Luka a dû lancer son sprint tôt donc j'ai pu attendre. J'ai lancé mon sprint au moment idéal, on dirait", a dit Matthews après s'être imposé. “Après ma chute sur Milano-Sanremo, c'était difficile dans la tête. Je savais que j'avais une très bonne forme, mais je suis très heureux de revenir de la sorte, pour ma deuxième course après le confinement."
La Bretagne Classic-Ouest-France se dispute habituellement juste après le Tour de France mais en 2020, dans le calendrier remodelé suite à la pandémie de Covid-19, les coureurs ont rendez-vous à Plouay dans la semaine qui précède le Grand Départ à Nice. La ville bretonne accueille également les Championnats d'Europe UEC et, dans la matinée, Lizzie Deignan (Trek-Segafredo) s'est imposée sous la pluie pour remporter le Grand-Prix de Plouay - Lorient-Agglomération - Trophée Ceratizit pour la troisième fois de sa carrière, devant sa compatriote britannique Elizabeth Banks (Équipe Paule Ka).
La 84e édition de cette institution bretonne (la 5e sous le nom de Bretagne Classic - Ouest-France) a traversé 37 municipalités des départements du Morbihan et des Côtes d'Armor en direction du nord-est, pour atteindre la baie de Saint-Brieuc et arriver à Plouay. Les organisateurs ont modifié plusieurs portions du parcours original, y compris dans le circuit final. Après une boucle de 235km vers Saint-Brieuc, les coureurs sont repartis vers le sud-ouest pour le final, sur le difficile circuit de Plouay (13,65km).
On comptait neuf ascensions, en commençant par celle de Mûr-de-Bretagne (1,5km à 8,1%) après 49km, suivies par celles de Porpair (1,6km à 6,1%) au km 126,5 et Kerdoret (1,7km à 6,3%) au km 141,5, avant les côtes de Bon Repos (1,7km à 7,7%) au km 168 et de Botcoët (1,7km à 5,2%) au km 196,5. Le final est particulièrement exigeant avec les ascensions de Kerhoat (1,4km à 5,8%) à 22 km de l'arrivée, Restergal (1km à 4,6%) à 16km de l'arrivée, la Côte du Lezot (900 mètres à 4,9%) à 12km de l'arrivée et à nouveau Restergal (1km à 5,1%) à seulement 3km du but. Ces difficultés sont courtes mais elles représentent un dénivelé total de plus de 3 200 mètres.
Les Français ont accumulé le plus grand nombre de succès sur ces routes : 62. Mais sur les dix dernières années, seul Sylvain Chavanel s'est imposé, en 2014. Les Belges ont remporté trois des quatre dernières éditions : un doublé pour Oliver Naesen en 2016 et 2018 (seuls 10 coureurs se sont imposés à deux reprises) et une victoire pour Sep Vanmarcke en 2019.
Trois équipes n'ont pas pris le départ : Bora-Hansgrohe, dont un coureur a reçu un test positif au Covid-19 dans la matinée, et les équipes Ineos et Jumbo-Visma, qui ont choisi de ne pas participer. La course s'est emballée avec une offensive menée par Rémi Cavagna (Deceuninck-QuickStep), Floris De Tier (Alpecin-Fenix), Joey Rosskopf (CCC Team), Will Clarke (Trek-Segafredo), Zhandos Bizhigitov (Astana), Alexander Cataford (Israel Start-Up Nation), Julien Morice et Maxime Cam (B&B Hotels-Vital Concept).
Après la pluie matinale, l'après-midi a été marquée par des éclaircies passagères. Morice a été le premier coureur distancé, à 122km de l'arrivée. Son équipier Cam a cédé peu après, et Cavagna a été le dernier résistant, repris par le peloton après environ 200km de course. Un trio est rapidement ressorti, sous l'impulsion de Harm Vanhoucke (Lotto Soudal), Robert Stannard (Mitchelton-Scott) et Albert Torres (Movistar Team). Partis à 41km de l'arrivée, ils n'ont jamais pu créer un écart supérieur à une minute et le peloton les a repris alors qu'il restait 22km.
Les coureurs les plus attendus faisaient alors partie d'un groupe de 50 hommes prêts à se disputer la victoire sur le final explosif autour de Plouay. Plusieurs attaquants ont tenté leur chance. Scott Thwaites (Alpecin-Fenix) est sorti le premier. Victor Lafay (Cofidis) y est allé à son tour et a été repris dans la dernière ascension de la côte de Pont-Neuf. La relance puissante de Stan Dewulf (Lotto-Soudal) a étiré le peloton au point de casser dans la plongée vers l'arrivée. Le favori Michael Matthews a profité de l'excellent travail de son équipier Nils Eekhoff pour piéger ses rivaux et finalement dominer le sprint en montée devant Luka Mezgec et Florian Sénéchal.
L'Australien s'offre une nouvelle victoire prestigieuse dans une course d'un jour après les Grand Prix de Québec (2018, 2019) et de Montréal (2018) au Canada et la Clásica de Almería (2012) en Espagne. Matthews s'est également imposé sur les routes du Tour de France (3 étapes), de la Vuelta a España (2 étapes) et du Giro d'Italia (2 succès individuels et 2 contre-la-montre par équipe).