Lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée en tête lors de la manche de Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI à Yverdon-les-Bains (Suisse), la femme d’Israel Hilario était là pour le féliciter. Elle a aussi pris les photos, s'est renseignée pour le contrôle antidopage, lui a fourni une tenue propre, et fit office d’interprète pour les officiels.
Il n’y a pas eu de tente d’équipe pour l’accueillir ni de débriefing avec l’entraîneur national. Il s’est mis sur un banc sous la pluie, à attendre un éventuel contrôle antidopage. Hilario est le seul représentant de son pays sur le circuit paracycliste international et Sandra est sa masseuse, cuisinière, agent de voyage, médecin … elle a juste barré la mention « mécanicien ».
Hilario porte actuellement le maillot de leader de la Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI 2015 après ses victoires dans les courses en ligne C2 lors des deux premières manches (à Maniago en Italie et à Yverdon-les-Bains en Suisse). Il a aussi terminé 6e et 3e des deux contre-la-montre, bien qu’il n’ait jamais eu un vélo de chrono.
Paracycliste depuis 2010, Hilario effectue d’énormes progrès, et veut croire que ses bons résultats depuis 2012 portent leurs fruits dans son pays : le gouvernement péruvien commence à financer des athlètes paralympiques.
« Nous avons les moyens de rivaliser au niveau international mais il faut changer les mentalités, dit-il. La société péruvienne n’est pas aussi avancée qu’ailleurs sur les questions des personnes handicapées. Un handicapé n’a pas de futur. Si tu ne peux pas travailler, c’est ton problème, alors qu’en Europe et aux Etats-Unis, les personnes handicapées ont un salaire. »
Après un bon résultat, il envoie un petit article et une photo au journal local dans le but de donner plus de visibilité à son sport et modifier les comportements dans son pays.
« Les gens peuvent lire dans le journal qu’une personne avec un handicap a remporté une course internationale, et c’est très motivant pour les jeunes. »
Il affirme que le regard des athlètes des nations leaders en paracyclisme est aussi en train d’évoluer. « Les autres pays réalisent que des gens des pays pauvres peuvent être compétitifs. Ils ne peuvent pas sous-estimer nos capacités, même si nous n’avons pas les mêmes ressources. Mais au final je ne suis pas là pour prouver quoi que ce soit. Je suis fier d’être Péruvien et je cours tout simplement. Je m’entraîne tous les jours avec des coureurs valides et ça m’aide à progresser. »
Hilario n’a jamais été aussi performant qu’aujourd’hui sur la scène internationale. Avec les Championnats du Monde Paracyclisme Route UCI approchant fin juillet à Nottwil (Suisse), et Rio 2016 l’an prochain, il ne se risquera pas à un quelconque pronostic.
« Qui sait ce qu’il se passera ? Je veux être en forme et avoir de bons vélos. Pour le reste, on verra bien. »