Paracyclisme : Le Néo-zélandais Tim Williams en route pour Nottwil

C’est revêtu du maillot arc-en-ciel et soumis à toute la pression attachée à la défense d’un titre mondial que Tim Williams participera au contre-la-montre des Championnats du Monde Paracyclisme Route de Nottwil, en Suisse.

« Bien sûr que la pression existe, mais elle émane principalement de moi-même, » déclare l’athlète de catégorie H1 qui en a surpris plus d’un l’année dernière lors des Mondiaux de Greenville, en terminant avec plus de 21 secondes d’avance sur son plus proche rival, le Sud-Africain Nicolas Pieter du Preez.

« Je suis passé inaperçu l’année dernière. Je ne m’attendais donc pas à faire un si bon résultat. »

S’il s’est surpris lui-même et a surpris ses concurrents en 2014, c’est parce qu’il était relativement nouveau sur la scène internationale du paracyclisme. Williams était âgé de 19 ans quand il s’est brisé la nuque en jouant au rugby en 1995. A la suite de l’accident, il s’est retrouvé tétraplégique mais il ne lui a pas fallu longtemps avant qu’il ne se consacre au rugby en fauteuil roulant, remportant l’argent en tant que membre de l’équipe néo-zélandaise des Wheel Blacks, lors des Championnats du Monde de Rugby en fauteuil roulant qui se sont déroulés en 1998 à Toronto.

Après une pause pour passer davantage de temps avec sa famille (sa femme Jo et ses enfants : Katie née en 2000, et Noah né en 2007) il s’est mis au vélo à mains en 2008 sans grandes ambitions de faire de la compétition : « C’était juste une façon de me maintenir en forme. Je mettais un jean, prenais le vélo et parcourais quelques kilomètres et c’était tout. »

Mais : sportif un jour, sportif toujours, et Williams a commencé par se fixer de petits objectifs : 10 km par jour… 4000 km par an… une course locale… Avant même de s’en rendre compte, il était invité à participer à un camp de perfectionnement qui lui a ouvert les yeux.

« Je suppose que j’ai ce côté compétitif… Je suis le troisième d’une famille de cinq enfants, alors j’ai toujours dû défendre ma place. »”

Après son succès aux Championnats Nationaux 2013 du Club Road néo-zélandais, il est allé représenter la Nouvelle-Zélande pour la première fois aux Championnats du Monde Paracyclisme Route 2013 à Baie-Comeau, au Canada. L’expérience a été fantastique mais il ne représentait pas une menace sérieuse pour ses adversaires. Toutefois, seulement un an après, il devenait Champion du Monde H1 de contre-la-montre et, en dépit de problèmes mécaniques, médaillé de bronze H1 de course en ligne.

Absent des deux premières manches de la Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI 2015, l’athlète de 39 ans va entamer sa campagne de Coupe du Monde à Elzach, en Allemagne, seulement une semaine avant les Championnats du Monde. En attendant, il a suivi de près les compétitions se déroulant en Italie et en Suisse pour se faire une meilleure idée de la concurrence.

« Un an avant Rio, il y aura davantage de concurrents. Ce sera difficile mais je m’entraîne dur et je ferai du mieux possible. Je sens que je fais des progrès, et en fin de compte, si vous vous classez deuxième mais que vous avez fait votre maximum, vous n’avez rien à regretter. »

Comme il vit à Ngatea, une région de production laitière de l’Ile du Nord, Williams doit partager ses itinéraires d’entraînement avec des camions et des camions citernes laitiers. « Ça peut être assez amusant, dit-il avec une pointe d’ironie. J’ai de la chance parce que Jo m’accompagne. Elle surveille et s’assure que je sois sustenté ! »

Ses enfants, qui sont parmi ses plus fervents supporters, n’ont pas encore manifesté de l’intérêt pour le cyclisme. Katie préfère le netball et l’aviron, et Noah joue au hockey.

« Ils ne sont pas aussi combatifs, fait-il remarquer. J’espère qu’ils viendront faire du vélo avec moi à un moment ou à un autre mais pour l’instant je roule trop vite pour eux ! »

Williams a la chance de vivre à moins de 100 km de Cambridge, où se trouve le nouveau Centre de cyclisme d’excellence de Nouvelle-Zélande, doté des installations les plus modernes, y compris l’Avantidrome. Ses séances de gymnastique à Cambridge lui offrent une opportunité de se mettre à jour avec son entraîneur, Jono Hailstone, et de puiser de l’inspiration dans l’atmosphère d’un centre d’entraînement de haut niveau, qui abrite les organisations nationales de cyclisme et de triathlon du pays.

« C’est vraiment très excitant. Il y règne une incroyable effervescence. »

Le but immédiat est de conserver le maillot arc-en-ciel UCI, mais plus loin devant il y a l’attrait des Jeux paralympiques de Rio 2016.

« Oui, c’est un de mes objectifs. C’est le but ultime de tout paracycliste. J’aurai 40 ans en 2016 et cela fera 21 ans depuis que j’ai eu mon accident. J’aimerais y être, mais je ne veux pas déjà trop m’emballer à ce propos. »