Les passionnés français de cyclisme font partie de ceux qui ont pris l'habitude de remonter le temps pour explorer les exploits du passé. Ces voyages dans l'histoire font remonter à la mémoire des épisodes à la fois superbes et cruels : Bernard Hinault était déjà une légende lorsqu'il courait, mais sa victoire dans le Tour de France en 1985 est la dernière en date pour un Français ; de même, son succès sous la neige de Liège-Bastogne-Liège en 1980 est d'autant plus célébrée qu'aucun de ses compatriotes n'a remporté la « Doyenne » dans les quatre décennies qui ont suivi.
Le cyclisme français peut également s'enorgueillir d'un passé glorieux sur Paris-Nice : 21 succès sur les 77 éditions disputées depuis 1933, avec des vainqueurs comme René Vietto, les frères Bobet, Jacques Anquetil ou encore Raymond Poulidor. Mais ils affrontent une autre disette dans la « course au soleil » : Laurent Jalabert est le dernier Français à avoir remporté le classement général à Nice, en 1995, 1996 et 1997.
Heureusement, de nouveaux talents français ont émergé. Ils ont reconquis les Monuments italiens (Arnaud Démare et Julian Alaphilippe vainqueurs à Milano-Sanremo, Thibaut Pinot sur Il Lombardia) et réveillé les rêves de jaune en juillet. Paris-Nice, sixième épreuve au calendrier de l'UCI WorldTour 2020, est une nouvelle occasion pour eux de montrer qu'ils ont repris leur place dans l'élite du peloton, 23 ans après le dernier succès de Jalabert.
Alaphilippe-Pinot : le duo de l'été dernier est de retour
Une belle participation française est attendue sur la « course au soleil » (8-15 mars). Les champions locaux trouveront-ils le chemin du succès ?
« On fait ce qu'il faut pour leur proposer un parcours idéal, bien évidemment, confie le Directeur de Paris-Nice, François Lemarchand. On s'aperçoit avec le Tour de France que les coureurs français sont capables de revenir au plus haut niveau. Avec le parcours de Paris-Nice cette année, on y croit. C’est sûr qu’en face il y a beaucoup de bons coureurs, mais on y croit. »
De nombreux regards seront tournés vers le duo flamboyant du Tour de France 2019, Paris-Nice étant la première course où Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) et Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) se retrouveront. Absent en 2019, « Loulou » retrouve la « course au soleil » pour une quatrième participation sur une épreuve d'une semaine adaptée à ses talents. Il avait notamment fini cinquième et Meilleur Jeune en 2017, avec une victoire d'étape. Déçu par ses premières sorties en 2020, Alaphilippe va vouloir remettre les pendules à l'heure rapidement.
Pour Thibaut Pinot, cette participation à Paris-Nice est une première. Le grimpeur franc-comtois, qui aura 30 ans en mai, a longtemps évité la pression de ses compatriotes, mais il a offert sur le dernier Tour de France de beaux moments de communion avec ses supporters, notamment après sa victoire au Tourmalet.
« Au-delà de la confrontation sportive, ces quelques jours autours de Nice vont me permettre de repérer certains passages du Tour de France, a souligné Pinot lors de la présentation du parcours, en janvier. Je ne connais pas très bien ces routes. Le Col de la Colmiane par exemple, arrivée de la septième étape, sera également la première ascension répertoriée de la Grande Boucle cet été, dès le deuxième jour de course ! » Pinot veut également affronter le vent et les possibles bordures des premiers jours après avoir été piégé lors du dernier Tour.
Répétitions pour juillet
Guillaume Martin (Cofidis) va lui aussi courir vers Nice pour la première fois de sa carrière, après avoir rejoint l’UCI WorldTeam cette saison. « J'aborde ce Paris-Nice avec confiance et ambition, assure le grimpeur français après de bons résultats sur la Faune-Ardèche Classic (3e) et la Royal Bernard Drome Classic (4e) le week-end dernier. Cédric Vasseur, Manager Général de l'équipe nordiste, a déjà affirmé son ambition de voir Guillaume Martin monter sur le podium du Tour : « Il s’agit du premier grand rendez-vous de l’année », dit-il au sujet de Paris-Nice.
Martin courra avec le soutien de coureurs comme Anthony Perez et Nicolas Edet pour développer des automatismes en vue du Tour. AG2R-La Mondiale s'avance avec une approche similaire autour de Pierre Latour, qui devra assumer ses galons de leader en juillet pendant que Romain Bardet poursuivra d'autres objectifs, sur le Giro d'Italia et aux Jeux Olympiques notamment. Lors de sa dernière participation à Paris-Nice, en 2017, Latour avait fini 7e sur le Col de la Couillole, entre Jakob Fuglsang (Astana Pro Team) et Ilnur Zakarin (qui défendait alors les coureurs du Team Katusha Alpecin et va désormais disputer Paris-Nice avec le CCC Team).
Le Champion de France Warren Barguil voudra laisser bien loin derrière lui la chute sévère qui l'avait poussé à l'abandon l'an dernier dans la 2e étape de Paris-Nice. Leader de l'équipe Arkéa-Samsic avec son nouveau coéquipier Nairo Quintana, Barguil s'est montré en forme le week-end dernier (4e sur la Faune-Ardèche Classic, 2e sur la Royal Bernard Drome Classic). Il peut être ambitieux pour son septième Paris-Nice, à l'instar des coureurs français qui reprennent leur place dans l'élite d'un peloton mondialisé.