Le jeune vainqueur roule pour l'histoire. C'est évident depuis ses premières démonstrations de force dans les rangs Juniors, et encore plus depuis qu’il accumule les succès de prestige chez les professionnels, comme sur la Clásica San Sebastián, remportée à 19 ans seulement. Mais la saison 2022 propulse la jeune star belge dans une nouvelle dimension, avec un Monument au printemps (Liège-Bastogne-Liège), un deuxième succès dans la Classique basque et désormais le classement général de La Vuelta.
A Madrid, il est monté sur le podium du classement général devant deux Espagnols, Enric Mas (Movistar Team) et la sensation de 19 ans Juan Ayuso (UAE Team Emirates), le deuxième coureur de moins de 20 ans à terminer dans le top 3 d'un Grand Tour, 118 ans après qu'Henri Cornet a remporté le Tour de France 1904 à 19 ans et 355 jours.
« C'est la meilleure année que j'aurais pu imaginer et souhaiter », a déclaré Evenepoel après avoir franchi la ligne à Puerto de Navacerrada (20e étape) en larmes, samedi, évoquant également son mariage à la fin de l'année en plus de ses succès sur le vélo. Par-delà les ascensions emblématiques de la Sierra de Guadarrama, Evenepoel venait de s’assurer une victoire dans un Grand Tour avec des répercussions historiques pour lui, son équipe, son pays et le monde du cyclisme. « C'est le plus beau jour de ma vie », ajoutait-il.
A 22 ans, la star belge est le plus jeune vainqueur du Grand Tour espagnol depuis 1961. Il est aussi le premier membre de l'équipe de Patrick Lefevere à remporter une épreuve de trois semaines. Entre autres records, il devient le premier coureur à remporter Liège-Bastogne-Liège, la Clásica San Sebastián et La Vuelta la même année... Mais surtout, Remco Evenepoel est le 18e vainqueur belge d'un Grand Tour et le premier depuis Johan De Muynck en 1978.
Bennett et Jumbo-Visma se partagent les premiers lauriers
L’aventure de trois semaines d'Evenepoel a commencé près de chez lui, aux Pays-Bas. À Utrecht, les héros locaux de Jumbo-Visma ont brillé en dominant le contre-la-montre par équipes d'ouverture. Sur le sol néerlandais, Robert Gesink a été le premier porteur de La Roja. Les Jumbo-Visma ont ensuite partagé les honneurs du maillot de leader dans les jours suivants. Mike Teunissen et Edoardo Affini en ont profité, tandis que Sam Bennett (Bora-Hansgrohe) a remporté deux victoires au sprint à Utrecht et Breda.
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Lorsque la course est arrivée en Espagne (4e étape), il était temps pour Primož Roglič de prendre la tête dans une arrivée en montée à Laguardia, où le Slovène a affirmé son autorité de triple vainqueur sortant. La Jumbo-Visma et leur leader semblaient prêts à remporter de nouveaux succès espagnols. Mais la route vers Madrid était encore longue, et Evenepoel allait rapidement montrer sa force.
Dans la 6e étape, la première arrivée au sommet a vu le jeune Belge prendre la tête du général. Quelques jours plus tard, lors de l'ascension de Collau Fancuaya, il était à nouveau le meilleur coureur parmi les prétendants au général. Mais à chaque fois, c'est Jay Vine (Alpecin-Deceuninck) qui a levé les bras dans le brouillard asturien.
Evenepoel, Pedersen et Carapaz s’élèvent vers la gloire
Après une nouvelle démonstration de force sur les pentes éprouvantes des Praeres (9e étape), où Louis Meintjes (Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux) s'est imposé en échappé, Evenepoel a finalement remporté l'étape du contre-la-montre individuel d'Alicante, 48'' devant Roglič. C'était la première fois que le Champion Olympique slovène s’inclinait dans un contre-la-montre d’une course espagnole (quatre victoires sur La Vuelta et autant sur l’Itzulia Basque Country).
Était-ce déjà le signe que le règne de Roglič sur le Grand Tour espagnol était sur le point de prendre fin ? Le Slovène accusait 2'41'' de retard au classement général à mi-parcours, mais à la fin de la deuxième semaine, il avait repris plus d'une minute sur son rival belge sur les sommets andalous de la Sierra de la Pandera et de la Sierra Nevada. Roglič se préparait à livrer de nouvelles batailles mais il est tombé et a dû abandonner après une attaque féroce dans les rues de Tomares (16e étape).
Suivant une trajectoire inverse, Richard Carapaz (Ineos Grenadiers) a survolé les sommets menant à Peñas Blancas (12e étape), Sierra de la Pandera (14e étape) et Puerto de Navacerrada (20e étape). L’Equatorien s’offrait ainsi trois étapes et le maillot à pois en tant que vainqueur du classement de la montagne après un début de Vuelta décevant qui l'a rapidement écarté de la bataille au général.
Parmi les autres héros des trois dernières semaines, Mads Pedersen (Trek-Segafredo) a dominé trois sprints (13e, 16e et 19e étapes) et s'est emparé du maillot vert du classement par points. Les autres vainqueurs d'étape sont Marc Soler (5e étape), Jesús Herrada (7e), Kaden Groves (11e), Thymen Arensman (15e), Rigoberto Urán (17e) et finalement Sebastián Molano, à Madrid, où Evenepoel a pu savourer son triomphe.