Pogačar : « Gagner tous les Grands Tours est l'un de mes principaux objectifs »

« Le cyclisme vit une très belle période »

Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) est venu au Giro d'Italia, il a vu l'Italie et il l'a conquise, en remportant l'une des victoires les plus éclatantes de l'histoire des Grands Tours et du cyclisme. A 25 ans, le Champion de Slovénie n'est plus le petit prodige juvénile qui avait pris le monde d'assaut avec ses premiers exploits lorsqu’il avait 20 ans. Il est devenu l’un des meilleurs coureurs de l’histoire, notamment en réalisant récemment des performances de haut niveau trois semaines durant maillot rose de leader sur le dos, ajoutant une victoire au Giro à ses nombreuses autres conquêtes (Tour de France, Il Lombardia, Liège-Bastogne-Liège, Ronde van Vlaanderen - Tour des Flandres, Volta Ciclista a Catalunya, Tirreno-Adriatico, Paris-Nice...). Chéri par les tifosi, il peut se tourner vers les grands objectifs qui l'attendent encore en cette saison déjà extraordinaire.

La victoire au général, 20 jours en rose, six victoires d'étapes... De quoi êtes-vous le plus fier après ce premier Giro ?

Tadej Pogačar (T.P.) : Ce fut une aventure extraordinaire. Lorsque nous sommes arrivés à Turin, personne n'aurait pu me dire que cela se passerait de cette façon. Bien sûr, nous espérions et rêvions de gagner, mais remporter six étapes et porter le maillot rose pendant 20 étapes dans toute l'Italie a été une expérience incroyable. C'est quelque chose que je n'oublierai jamais.

Quelle a été la partie la plus difficile dans la construction de ce triomphe ?

T.P. : Outre la bataille sur la route, je suppose que le plus grand défi est tout ce qui entoure le maillot rose et les responsabilités qui en découlent. Tous les entretiens et protocoles supplémentaires demandent beaucoup d'énergie jour après jour, mais c'est une chose à laquelle on s'habitue. Cela fait aussi partie du travail et je le comprends.

Comment considérez-vous votre autorité sur la course et sur le peloton ?

T.P. : Avec le recul, j'ai vécu de très bons moments et j'ai pu prendre beaucoup de plaisir sur le vélo. J'ai eu la chance d'arriver sur ce Giro avec une préparation presque parfaite, ce qui m'a permis de faire ce que je voulais, d'être offensif et agressif et d'aller chercher des victoires. Mes coéquipiers ont joué un rôle important dans tout cela, car sans eux, rien n'aurait été possible.

« Le cyclisme vit une très belle période ».

Il y a quelques années, vous déclariez : « Je veux profiter du moment présent, je ne me soucie pas de marquer l'histoire ». Qu'est-ce qui a changé dans votre esprit ?

T.P. : Je dirais que je ressens plus ou moins la même chose. Je préfère ne pas courir après les records, mais les nouveaux défis, et surtout les courses que je n'ai jamais disputées auparavant, m'attirent beaucoup. Ce n'est pas un secret que je voulais gagner ce Giro, et gagner des étapes avec le maillot rose a également été spécial. Je laisserai les historiens s'occuper des records.

Que représente l'histoire pour vous ?

T.P. : Je pense que c'est quelque chose d'assez difficile à définir... Peut-être que c'est quelque chose qui va au-delà des capacités athlétiques et qui relève davantage de la qualité humaine.

Avez-vous des références en dehors du cyclisme ? Des sportifs que vous considérez comme des grands et qui vous inspirent d'une manière ou d'une autre ?

T.P. : Je dirais que j'ai un intérêt général pour tous les sports et que je les apprécie. Tout sport pratiqué au plus haut niveau est toujours impressionnant à suivre. Cet été, j'espère aller aux Jeux Olympiques et peut-être que je pourrai voir de l'athlétisme ou autre chose, ce serait bien, si j'ai le temps.

Quel rôle jouent vos rivaux dans la construction de votre propre histoire ?

T.P. : Oui, je pense que le cyclisme se trouve dans une très belle période et j'ai livré de belles batailles avec d'excellents coureurs. J'espère que nous aurons encore un grand spectacle au Tour. Les coureurs jouent un rôle important dans la course, pas seulement le parcours. Je pense qu'en cyclisme, nous avons un bon mélange de personnalités et de talents dans le peloton, ce qui rend notre sport très intéressant.

« Le Tour et les Championnats du Monde UCI constituent deux objectifs majeurs.

Deux coureurs ont réalisé le doublé Giro-Tour et ont remporté les Championnats du Monde UCI la même année : Eddy Merckx en 1974 et Stephen Roche en 1987. Vous sentez-vous prêt à relever le défi ?

T.P. : Je ne m'avance pas trop. Il est évident que le Tour et les Championnats du Monde UCI sont deux objectifs majeurs pour moi. Pas seulement cette année, mais chaque année. Je ne ressens pas trop de pression, je suis encore assez jeune, mais j'ai très envie de les gagner un jour.

Il y a aussi des exploits qui n'ont jamais été réalisés dans le cyclisme... Y a-t-il une performance inédite que vous aimeriez accomplir ?

T.P. : Nous verrons... Comme je l'ai dit, j'aime les nouveaux défis pour garder de l’enthousiasme, alors je ne suis fermé à rien. Mais je suis aussi réaliste et je sais qu'il ne suffit pas de se présenter au départ et de gagner : le cyclisme est un sport avec de nombreuses spécialités, et des courses et des terrains différents favorisent des athlètes différents et des préparations différentes. Demandez à n'importe quel coureur et il vous dira que remporter une victoire professionnelle n'est pas une mince affaire et qu'il faut être dans une forme exceptionnelle, quelle que soit la course.

Qu'en est-il d'un triplé Giro-Tour-Vuelta ?

T.P. : Je peux dire que ce n'est pas à l'ordre du jour cette année. Gagner chaque Grand Tour est un objectif majeur pour moi un jour, mais le faire la même année ? Peut-être que c’est trop fou.