Elle tentera de faire mieux que 48,405 km, le record mondial établi par la Britannique Joscelin Lowden sur le même vélodrome en septembre 2021.
La semaine dernière, la Championne du Monde UCI du contre-la-montre individuel avait pris ses quartiers près de la ville suisse d'Aigle, où elle s'est entraînée quotidiennement sur le vélodrome du Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI. Nous avons passé un moment avec elle à 10 jours de sa tentative.
Malgré ses nombreux titres mondiaux UCI sur piste (Scratch en 2008) et sur route (six en contre-la-montre individuel et par équipes), Ellen van Dijk accorde une grande importance au Record de l'Heure UCI chronométré par Tissot.
« En tant que spécialiste du contre-la-montre, c'est l’objectif ultime. C'est un rêve que je caresse depuis longtemps, et le jour approche maintenant à grands pas, c'est très spécial. J’accorde une grande valeur à mes titres mondiaux, alors je ne peux pas dire que c'est au-dessus de ça. Mais battre le record signifierait beaucoup pour moi... c'est un tel défi de puissance et de force de caractère. Cela représente tellement de travail. Pour moi qui aime tant le contre-la-montre, ce serait l'ultime victoire dans cet effort individuel. »
La piste de Granges sur laquelle Ellen van Dijk tentera de battre le record mesure 250 mètres de long, alors qu'un tour de piste du CMC UCI ne fait que 200 mètres.
« C'est une piste plus courte mais je pense que c’est une bonne chose pour me préparer techniquement , explique Ellen van Dijk. Il n’est pas évident de tenir la ligne sur cette piste (plus courte), mais à Granges, ce sera plus facile car les virages sont plus larges. »
Cette piste de 200 m n’avait en tout cas posé aucun problème à l’Autrichien Matthias Brändle, qui avait établi un nouveau Record de l'Heure UCI (battu depuis lors) au CMC UCI en 2014.
« J'ai regardé quelques images de son record, et je trouve qu'il a suivi une très bonne trajectoire. C'est génial ce qu'il a fait ici, et j'espère pouvoir emmener une partie de son énergie avec moi à Granges. »
La coureuse néerlandaise ne s’est toutefois pas contentée d’entraînements sur piste : « Chaque jour, je fais généralement une séance sur la route et une séance sur la piste. A la base, je suis une coureuse sur route, donc cela fait du bien de sortir... Un jour, nous avons même fait une longue boucle très sympa, juste pour me faire un peu oublier la piste ! »
Cela fait dix ans que l'ancienne spécialiste de la piste est passée à la route. Elle a donc dû s'habituer au changement de position, qui est beaucoup plus aérodynamique qu'à l'époque où elle pratiquait le cyclisme sur piste, et à l'ennui relatif de tourner en rond.
Pour ce faire, elle compte sur son équipe Trek-Segafredo, leur psychologue sportif, leur nutritionniste, leur sponsor principal Trek qui a fabriqué un vélo spécialement pour l'occasion, son entraîneur Josu Larrabazal et une équipe de spécialistes qui « calculent tout ce qu'il est possible de calculer ».
« Faire des tours de piste pendant une heure, cela n’a pas l’air très compliqué, mais il y a tellement de choses à prendre en compte, explique-t-elle. Il y a plus de 15 personnes qui travaillent sur ce projet. Cela exige l’implication de nombreuses personnes qui y consacrent beaucoup de temps et d'efforts. »
Bien que sa préparation spécifique ait commencé relativement récemment, Ellen van Dijk a gagné en force physique et mentale lors des Classiques sur route du printemps, en particulier lors de sa longue remontée de 20 km pour revenir dans le peloton de Paris-Roubaix après une crevaison, et terminer finalement à la 7e place.
« Tout le printemps, quand il se passait quelque chose ou quand je devais faire une longue course-poursuite, je me disais ‘c'est un bon entraînement... un bon entraînement pour l'Heure’. Je pense que ces courses sont excellentes pour travailler la puissance et l’endurance en vue d’un Record de l'Heure. »
Lundi prochain à Granges, Ellen van Dijk ne sera pas en course-poursuite derrière le peloton. Elle sera seule sur la piste, à la poursuite du record de Joscelin Lowden. A quoi pensera-t-elle pendant cette heure d’effort ?
« C'est une bonne question. C'est un vaste sujet, et j'en parle avec mon psychologue et mon physiologiste sportif. Nous essayons de décomposer la course en plusieurs parties, mais en même temps, c'est assez ennuyeux. Il n'y a pas tant de choses auxquelles il faut penser, juste la trajectoire, la position et l’allure à maintenir.
« Je dois encore affiner ma stratégie à ce sujet, mais en même temps, j'espère que le jour même, je serai si concentrée et plongée dans mon effort que je n'aurai pas besoin de tant de distractions.
« Je n'ai pas encore roulé pendant une heure complète à l’allure de course. C'est quelque chose qui me fait un peu peur. Mais c’est justement le grand défi à relever, et je suis impatiente de m’y frotter.
« C’est pour ça que je le fais. »