A 35 ans, Nathan Byukusenge sera le premier rwandais à prendre part aux Championnats du Monde Mountain Bike UCI. Le 5 septembre, il sera au départ à Vallnord, en Andorre, confiant de pouvoir remplir de fierté ses compatriotes et motivé par la perspective de Rio 2016.
Des années à courir des heures durant dans les collines du Rwanda ont assuré à Byukusenge une endurance considérable, qui la sans nul doute aidé à décrocher une 6e place aux Championnats d’Afrique de mountain bike au mois de mai. L’entraîneur de Team Rwanda Sterling Magnell déclare:
Byukusenge est l’un des premiers coureurs de Team Rwanda, qu’il a rejoint en 2007. Il vit avec sa femme et son garçon à 130 km du lieu de rassemblement de l’équipe, l’African Rising Cycling Centre, situé à 2000m d’altitude dans le district de Musanze au Nord du pays. Pendant les stages, il séjourne au centre du lundi au vendredi. Bien qu’il soit un spécialiste de la route, il monte sur son vélo mountain bike dès qu’il en a la possibilité et a participé trois fois à la légendaire course par étapes d’Afrique du Sud, Cape Epic, et deux fois à la Swiss Epic.
« Il a une résistance et une endurance incroyables, explique son entraîneur. Bien qu’il ait 35 ans, il progresse toujours parce qu’il ne s’est jamais autant entraîné. Il s’améliore aussi sur le plan technique. »
L’intéressé gagne en confiance à mesure qu’approchent les Championnats du Monde Mountain Bike UCI. « J’ai un bon programme de préparation et je travaille de surcroit ma force, notamment sur les départs. Je suis très impatient et reconnaissant de pouvoir me mesurer à la concurrence que je retrouverai l’an prochain. »
La sélection de Byukusenge pour Rio ne sera connue qu’au printemps 2016, mais dans l’intervalle l’athlète met toutes les chances de son côté. Etre au départ des Championnats du Monde Mountain Bike UCI 2015 est une étape importante, et bien qu’il parte bien trop loin sur la grille de départ pour prétendre jouer les premiers rôles, il vise à tirer son épingle du jeu et s’assurer une position qui lui permette de finir la course.
« Son objectif est de regagner autant de terrain que possible et d’engranger de l’expérience dans la perspective des Jeux, explique Magnell.
« Mais avant tout, il profite de la chance qu’il a de courir au niveau international. Ce garçon aime rouler. Il va se faire plaisir. »
Byukusenge est un athlète léger (55 kg) qui a encore besoin d’améliorer sa puissance et de travailler ses accélérations, deux qualités absolument indispensables dans les efforts courts et intensifs qui caractérisent les compétitions de cross-country. C’est dans cette optique que Magnell a imposé à Byukusenge des sessions de force de même que des entraînements fractionnés avec des répétitions courtes et intenses, afin de reproduire les conditions des courses de cross-country.
« Je ne suis pas un jeune homme dans le milieu, mais faire ses débuts olympiques à 35 ans montre que si vous vous entraînez et mangez correctement, vous pouvez rester compétitif longtemps », déclare Byukusenge.
Il considère le coureur suisse Thomas Frischknecht comme son modèle. L’ancien Champion du Monde UCI est connu pour sa longévité au plus haut niveau. « Il est encore très fort et reste un excellent spécialiste du mountain bike. Parce que je ne suis plus tout jeune, je vois que je peux encore faire des choses dans le sport, comme Thomas. J’ai d’ailleurs roulé avec l’ancien vélo qu’il avait utilisé en Coupe du Monde lorsque j’ai participé à la Cape Epic 2012 », ajoute-t-il.
Il y a sans doute des gens qui n’ont jamais entendu parler de Nathan Byukusenge dans le milieu du mountain bike, mais son entraîneur les avertit :
« Nathan est un professionnel aguerri. Il connaît son corps et sait comment tirer le meilleur parti de ses capacités quand il le faut ».
« Il est enthousiaste et incroyablement motivé. On voit qu’il a une vraie passion pour le terrain, et je pense que beaucoup de gens seront surpris quand ils verront ce qu’il va réaliser dans sa course à la qualification pour les Jeux Olympiques dans l’année à venir. »
Pour l’athlète rwandais, Rio représente un rêve : « Quand ils entendent le mot " Rwanda ", les gens pensent encore au génocide, explique-t-il. J’aimerais qu’ils pensent au cyclisme, à ce qu’il représente dans mon pays et à quel point, notamment avec le Team Rwanda, il contribue à faire évoluer ce dernier et sa population. »