Sarah Hammer : une pistarde convertie entraîneure de paracyclisme

Sarah Hammer a annoncé en septembre dernier qu’elle se retirait de la compétition, avec à son palmarès huit titres de Championne du Monde UCI, quatre médailles d’argent olympiques et un record du monde.

Une décision plutôt logique après avoir évolué pendant des années au plus haut niveau sur piste. La voir embrasser une nouvelle carrière d’entraîneure n’était pas non plus très surprenant. Mais alors que la plupart des athlètes suivant cette voie restent dans leur discipline, Sarah Hammer, elle, s’est tournée vers le paracyclisme. Nommée fin février Directrice adjointe du haut niveau à la Fédération paracycliste des Etats-Unis (US Paralympics Cycling), elle entraînait un mois plus tard au vélodrome olympique de Rio – théâtre de deux de ses médailles d’argent olympiques – les 17 athlètes américains engagés sur les Championnats du Monde Paracyclisme Piste UCI.

« J’ai évolué dans le milieu du cyclisme toute ma vie d’adulte et je me doutais qu’il ne serait pas facile de m’en éloigner, confie-t-elle. J’ai participé aux Championnats du Monde Piste UCI 2017 de Tokyo pour éviter le blues post-olympique, mais je savais que la retraite était proche après Rio. »

Hammer avait déjà fait preuve de qualités de meneuse en 2009 et 2010, lors des 18 mois passés à s’entraîner au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI d’Aigle, en Suisse.

« J’avais 26-27 ans et j’étais parmi les plus âgés des athlètes basés au CMC. J’ai endossé sans même le réaliser une sorte de rôle de mentor », se souvient-elle.

La Fédération cycliste des Etats-Unis avait également salué cette aptitude lorsque Hammer a annoncé l’an dernier qu’elle raccrochait son vélo. L’ancienne pistarde n’a d’ailleurs pas tardé à rejoindre l’encadrement de l’équipe paracycliste américaine, d’abord en CDD, avant de décrocher un poste permanent.

La détentrice du record du monde de la poursuite (3 km), qui habite depuis 2013 dans le Colorado, n’était pas tout à fait étrangère au paracyclisme. C’est en effet dans cet Etat que la Fédération paracycliste des Etats-Unis a son camp de base, au Centre d’entraînement olympique de Colorado Springs.

« Je me suis entraînée aux côtés de nombreux paracyclistes préparant les Jeux de Rio et j’ai réalisé que j’aimerais, d’une façon ou d’une autre, travailler dans le milieu du paracyclisme, explique-t-elle. Ils figuraient parmi mes derniers compagnons d’entraînement, et je peux vous dire qu’ils s’entraînent avec la même intensité et la même volonté de gagner. »

Hammer était fin mars de retour au Velodromo Municipal do Rio, où elle avait décroché deux médailles d’argent olympiques moins de deux ans plus tôt. Elle avait cette fois un chronomètre autour du cou, notait les temps intermédiaires de ses protégés, leur hurlait ses consignes, leur donnait des conseils, les félicitait… et devait composer avec le stress.

« Jamie Whitmore était la première athlète de notre équipe à rentrer en piste, et je me demande vraiment quel était mon rythme cardiaque lorsqu’elle est montée sur son vélo, témoigne la jeune entraîneure. Je pense que j’étais plus nerveuse que lorsque j’étais athlète.

« Cela dit, je pense que cela aide de devenir entraîneure juste après la fin de sa carrière sportive. Je n’ai pas oublié ce que c’est, ajoute-t-elle. Le mental a toujours été l’un de mes points forts, savoir comment se gérer en compétition, surtout sur la piste. » Elle ajoute:

« C’est un environnement tellement pesant, les athlètes s’échauffent dans des petites cages, comme des hamsters, sous les yeux de tous les spectateurs. »

Les paracyclistes ne sont pas en reste en matière de difficulté, mais comme le dit l’entraîneure américaine, « il y a une différence entre savoir souffrir et être capable d’allumer tous les voyants.

« J’utilise également mon expérience pour superviser leur entraînement et voir ce qui fonctionne, explique-t-elle. Nos athlètes absorbent les conseils comme des éponges. Même les plus expérimentés cherchent à s’améliorer. »

Hammer sera de nouveau auprès de ses athlètes, du 3 au 6 mai, à Ostende, en Belgique, mais sur route cette fois plutôt que sur piste, à l’occasion de la première manche de la Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI. Des objectifs ont été fixés pour l’ensemble de l’équipe, parmi lesquels plusieurs médailles.

« Mais au bout du compte, tous les esprits sont tournés vers Tokyo 2020 », conclut l’ancienne championne.

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