La professionnalisation du cyclisme féminin se poursuit avec le nombre sans précédent de femmes ayant participé au récent cours pour Directeurs Sportifs (DS) organisé au Centre Mondial du Cyclisme UCI, à Aigle, en Suisse.
Lancée en 2010, la formation sanctionnée par un Diplôme de Directeur Sportif UCI doit maintenant obligatoirement être suivie par toute personne exerçant cette profession au sein d’un UCI WorldTeam. Le cours peut cependant être suivi par toutes celles et ceux qui assument cette fonction, toutes divisions confondues.
La certification de Directeur Sportif, qui n’est pas encore requise au niveau des Equipes Féminines UCI, a attiré peu de femmes jusqu’ici. Pour corriger ce déséquilibre, l’UCI a offert sept bourses à des femmes désirant devenir des Directrices Sportives certifiées par l’UCI. L’intérêt suscité par l’initiative a été massif : plus de 50 demandes en provenance de 20 pays lui sont parvenues. Les sept femmes sélectionnées ont été rejointes par deux autres qui ont payé leur taxe d’inscription au cours qui s’est terminé mardi avec un examen écrit final.
Pour le Président de l’UCI Brian Cookson, le programme de bourses d’étude destiné aux femmes fait partie des mesures prises par l’UCI pour continuer à améliorer la professionnalisation du cyclisme féminin.
« Il y a peu de femmes occupant le poste de Directeur Sportif. L’UCI veut y remédier. Depuis deux ans, le cyclisme féminin se développe à un rythme incroyablement élevé. En parallèle, nous devons développer et professionnaliser le rôle des femmes dans les différents métiers du cyclisme. Le nombre de candidatures que nous avons reçues pour les bourses d’étude montrent que les femmes sont prêtes à s’investir dans de nouveaux rôles et en ont envie. J’espère sincèrement que nous allons voir de plus en plus de femmes travailler au sein des équipes, pas seulement féminines, mais aussi masculines. »
L’une des participantes à la formation était Rachel Heal, Directrice Sportive au sein de l’Equipe Féminine UCI UnitedHealthCare Professional Cycling Team et Directrice Sportive Assistante dans l’Equipe Continentale Professionnelle UCI masculine du même nom.
« Je travaille dans un environnement principalement masculin, c’est sûr, admet-elle. Sur les courses masculines, il y a actuellement au maximum une autre femme DS. Et sur les courses féminines, les femmes DS sont encore largement minoritaires. Mais je n’ai pas l’impression de ne pas être à ma place ou que l’on ne m’accepte pas. »
Malgré cela, elle concède que le fait de voir plus de femmes dans la profession pourrait être une bonne chose pour le sport : « Les femmes auront généralement une perspective et une approche différentes, parce qu’elles ont vécu d’autres expériences dans le milieu sportif. Je pense qu’aussi bien les hommes que les femmes peuvent bénéficier de cette perspective différente. »
Bien qu’elle possède déjà une expérience pratique de terrain conséquente, elle a apprécié l’occasion qui lui était donnée d’acquérir de nouvelles connaissances et d’échanger avec des personnes exerçant la même profession qu’elle. « La formation m’a permis de mieux comprendre la structure de l’UCI, et il s’agissait aussi d’une bonne opportunité pour nouer des contacts avec des collègues travaillant aussi bien du côté masculin que féminin de notre sport. »
Ayant récemment pris sa retraite sportive, la coureuse néerlandaise Loes Gunnewijk est habituée à mener des ateliers et des séminaires. Elle a donc profité de la possibilité qui lui était offerte de participer à la formation des DS.
« C’est une excellente occasion d’apprendre et de rester impliqué dans le sport. Ce sera une bonne chose de disposer de cette qualification au plus haut niveau. On voit les choses sous un autre angle selon la place où on se trouve, dans une voiture ou sur un vélo.
« Comme coureuse, c’est assez facile. Vous roulez et on s’occupe de vous. Comme DS, le travail ne s’arrête jamais : vous êtes responsable de l’ensemble de l’équipe, vous devez être sur le qui-vive durant la course et faire en sorte que tout se déroule de manière harmonieuse et dans une bonne ambiance. Le stress n’est pas le même. »
Entraîneur et DS à Cycling Australia et au Victorian Institute of Sport (l’Institut des Sports de l’Etat de Victoria), Donna Rae-Szalinski a déposé sa candidature pour participer au cours afin de renforcer ses compétences.
« J’ai vraiment appris de nouvelles choses et en ai validé d’autres que je savais déjà. J’ai aussi beaucoup apprécié de pouvoir nouer des contacts et partager nos expériences avec mes homologues, parce que comme DS, on travaille beaucoup dans un certain isolement », déclare-t-elle.
Elle pense qu’un accroissement du nombre de femmes DS serait conforme à la tendance positive actuelle du cyclisme féminin : « Je n’ai jamais senti une telle dynamique en faveur du cyclisme féminin auparavant, pas seulement parmi les coureuses, mais aussi les médias, le public et même les sponsors. »
A son retour en Australie, elle donnera un cours pour les DS dans le cadre de Cycling Australia.