Gros plan sur le paracyclisme indien

« Ce n’est que le début pour nous. Nous sommes très fiers d’être ici. »

Ces propos de Katkam Dattatraya, entraîneur principal de l’équipe d’Inde aux Championnats du Monde Paracyclisme Route UCI à Pietermaritzburg, en disent long sur les ambitions de son pays dans la discipline.

Même s’il faut fouiller au fond du classement pour trouver les noms des quatre représentants indiens à la course de Pietermaritzburg, ces athlètes ont déjà écrit l’histoire pour leur pays. C’était en effet la première fois que l’Inde était représentée sur les Championnats du Monde Paracyclisme UCI.

Fièrement installée dans sa tente d’équipe, entourée par des nations alignant des équipes aux effectifs quatre fois plus importants, la délégation indienne ne se laissait pas pour autant déborder par l’événement.

« Nous sommes ici pour engranger de l’expérience et pour nous jauger face aux athlètes européens, explique l’entraîneur. Le paracyclisme est en train de se développer en Inde donc nous nous réjouissons déjà de pouvoir participer à une épreuve UCI. »

La qualification de l’Inde pour les Championnats du Monde fait suite à sa remarquable performance lors des Championnats d’Asie de Paracyclisme à Bahreïn, en février, où les athlètes indiens ont fait main basse sur les médailles d’or, d’argent et de bronze du contre-la-montre de 12,8 km.

« J’ai toujours voulu prendre part à des Championnats du Monde donc pour moi, c’est un rêve qui se réalise, »

se réjouit le champion d’Asie, Abishek Kumar (C2), touché par la polio à la jambe droite dans son enfance. Cela fait 11 ans que je poursuis cet objectif, donc c’est génial de me retrouver ici. »

Tombé malade avant les Championnats du Monde, il avait reçu une contrindication de son médecin, mais il ne comptait pas laisser filer cette opportunité : « Je n’ai peut-être pas évolué à mon meilleur niveau, mais le but, ce n’était pas de gagner, c’était de participer. Je suis tellement heureux d’avoir pu venir. J’ai rencontré plein d’athlètes et je me sens encouragé. »

Kaigoulal Kaigoulal (C3) a subi une amputation au-dessus du genou après avoir perdu la jambe dans un accident de train. Tous les yeux étaient braqués sur lui à Pietermaritzburg, où il était le premier athlète à s’élancer pour le contre-la-montre individuel lors du deuxième jour de compétition.

« J’ai eu le trac mais c’est exceptionnel de se retrouver ici. Cela a dépassé mes espérances. »

Les quatre athlètes indiens qui ont couru en Afrique du Sud du 31 août au 3 septembre font partie des 15-20 paracyclistes d’une équipe nationale en plein développement. Cette équipe est majoritairement composée d’anciens soldats – par exemple des membres des forces de sécurité aux frontières ou de la Central Reserve Police Force – qui ont été blessés en service.

Ils ont été mesure de s’entraîner et de progresser grâce au soutien apporté par la Fédération Indienne de Cyclisme, l’Aditya Mehta Foundation et l’État.

« Sans la Fédération Indienne de Cyclisme, rien de tout cela n’aurait été possible », reconnaît Katkam Dattatraya.

Plus tôt dans l’année, une équipe de huit paracyclistes a bénéficié d’un stage intensif à Hyderabad sous la direction d’Aditya Mehta, double médaillé d’argent aux Championnats d’Asie de Paracyclisme 2013.

Avant les Championnats du Monde, les paracyclistes Élite indiens ont dû rallonger les distances de leurs entraînements. En effet, le contre-la-montre de Pietermaritzburg était deux fois plus long que celui qu’ils avaient disputé aux championnats continentaux à Bahreïn. Avec 60,7 km – et 85 km pour le coureur C4 Harjinder Singh – la course en ligne était également plus longue que celles qu’ils disputent d’habitude.

« À l’entraînement, nous avons dû mettre l’accent sur l’endurance, avec des parcours de côtes ainsi que sur la vitesse », explique Katkam Dattatraya.

S’il rêve de voir son sport prendre une autre dimension, le technicien reconnaît que cela n’ira pas sans difficulté. Le pays n’organise pas d’épreuves qualificatives et pas de courses pour les paracyclistes, où ceux-ci pourraient acquérir de l’expérience. Ce sport nécessite également des investissements financiers considérables. Par exemple, un vélo adapté de haute qualité est très onéreux.

C’est pour cette raison que l’Inde n’aligne pour l’instant aucun athlète dans les catégories vélo à main et tricycle, même si Dattatraya se réjouit d’avoir vu une femme se lancer récemment dans le vélo à main.

Si l’équipe revient en Inde sans médaille, elle a engrangé une expérience incomparable et peut maintenir se fixer des objectifs pour l’avenir, ajoute l’entraîneur.