Dans un pays miné par la guerre, la Fédération Arabe Syrienne de Cyclisme tente de redonner à la population le goût de l’un des plaisirs simples de la vie : faire du vélo.
Le Vélo pour Tous est désormais l’une des priorités de l’organisation, qui a mis sur pied un comité Vélo pour Tous afin d’organiser des événements, d’encourager les gens à faire du vélo et de contribuer ainsi à améliorer la santé du grand public. Cela constitue, en de nombreux aspects, un retour aux sources pour un pays dont les courses sur route masculine et féminine du Golan figuraient jadis au Calendrier international UCI et dont les coureurs nationaux avaient l’habitude de briller dans les compétitions au Moyen-Orient et en Asie.
« L’équipe de Syrie n’a pas pu continuer en raison de la situation dans notre pays, de la souffrance de notre peuple et du manque de structures et d’équipements », regrette le président de la Fédération, Mohammad Khuder. « Les Syriens se consacrent par ailleurs globalement moins aux activités physiques, tandis que la circulation et la pollution de l’air ont augmenté. »
La Fédération a continué, malgré la guerre, à organiser des championnats nationaux et des festivals locaux, avec l’ambition de promouvoir la culture du vélo.
Quelque 500 hommes et femmes ont ainsi participé à Damas, en mai 2014, à une sortie à vélo baptisée « La Syrie est toujours vivante ».
Une autre initiative, « Yalla Let’s Bike », a attiré l’année suivante un millier de personnes dans la capitale syrienne. Selon le journaliste Yazen Kalash, ce rassemblement « a envoyé au monde le signal clair que la Syrie survivra malgré la barbarie, les meurtres et les destructions ».
Mohammad Khuder ajoute que ces deux événements, « La Syrie est toujours vivante » et « Yalla Let’s Bike », étaient destinés à convaincre la population d’abandonner leurs véhicules au profit du vélo, à lutter contre les problèmes de pollution atmosphérique et à faire face à l’envolée des prix des ressources énergétiques.
Forte de ces succès, la Fédération Arabe Syrienne de Cyclisme a créé l’an dernier un comité Vélo pour Tous afin d’encourager la pratique du vélo au sein de la communauté, quels que soient l’âge ou la catégorie sociale.
Son message est simple : une meilleure qualité de vie apportera à la population davantage de plaisir et de bonheur. Le président de la Fédération estime par ailleurs que participer à une manifestation cycliste peut aider à reconstruire une certaine cohésion sociale.
Le comité Vélo pour Tous entend organiser plusieurs événements au cours de l’année 2017, en collaboration avec des organisations politiques et publiques. L’objectif est de sensibiliser aux bienfaits du cyclisme et de voir grandir le nombre de personnes faisant du vélo, notamment les enfants et les femmes.
« Un vélo, un environnement sain et une bonne santé. » Tel était le slogan du premier festival cycliste organisé récemment à destination des écoliers de plusieurs villes du pays : Lattaquié, Tartous, Hama, Damas et ses environs et Soueïda. Quelque 1145 enfants âgés de 8 à 12 ans ont participé aux courses, longues d’environ 2 km, sous le regard de 3000 spectateurs, dont de nombreux parents très fiers.
Mohamed Khuder souligne que sa Fédération a été en mesure d’organiser ces courses grâce à la collaboration du Ministère de l’Éducation et d’un grand nombre de bénévoles, sponsors et partenaires, dont un magazine pour enfants très populaire, Osama. Le président témoigne:
« Cet événement a apporté de l’espoir à tous les enfants et leurs familles après sept années de conflit en Syrie. »
Les jeunes cyclistes ont confié aux médias locaux tout leur bonheur et leur fierté d’avoir pu prendre part à la course :
Huda Al-Dara : « Mes parents ne voulaient pas que je fasse du vélo, mais j’ai réussi à les convaincre que le cyclisme était un bon sport et que mes amis en faisaient. Ils m’ont acheté un vélo et sont heureux aujourd’hui de m’accompagner sur cette course. »
Rita Barakat : « Cette course était belle, je suis tellement content de pouvoir faire du vélo dans les rues sans aucune voiture. C’est la première fois que je peux faire du vélo sans avoir peur des voitures. »
Abdul Alrahman : « J’étais très heureux de participer à cette course, je m’y suis préparé dès que l’école nous en a parlé. »
La Fédération Arabe Syrienne de Cyclisme entend continuer à travailler aux côtés de l’UCI dans le domaine du Vélo pour Tous.
« Nous espérons pouvoir inscrire dans un futur proche un événement Vélo pour Tous au calendrier UCI », conclut Mohammad Khuder.