La Côte d’Ivoire se battait encore en 2012 pour se relever d’une crise économique, sociale et politique qui avait laissé peu de place aux plaisirs simple de la vie, comme faire du vélo. Seuls six clubs existaient et le Tour de Côte d’Ivoire, lancé en 1953, avait disparu. Jean-Marie Allah-Kouamé a alors été élu à la présidence de la Fédération Ivoirienne de cyclisme. Cinq années de reconstruction et de travail acharné ont vu le nombre de clubs passer à 20. La Fédération compte actuellement plus de 200 coureurs licenciés – un chiffre qui grandit chaque année – et deux compétitions au moins sont organisées chaque mois. L’une des plus grandes réussites est probablement la renaissance du tour national, sous le nouveau nom de Tour de Côte d’Ivoire – Tour de la Réconciliation. Après dix années d’interruption, l’épreuve a été relancée en 2012 et intégrée trois ans plus tard à l’UCI Africa Tour. Jean-Marie Allah-Kouamé explique ce que cachent cette renaissance et la nouvelle appellation :
« Nous nous sommes demandés comment le cyclisme pouvait jouer un rôle dans la réconciliation. »
« Le sport permet de rassembler les gens, pas seulement physiquement parlant, mais aussi d’un point de vue sentimental et psychologique. Les gens se rassemblent au bord des routes pour applaudir et encourager les athlètes sans se soucier de leurs tendances politiques, sociologiques, culturelles ou religieuses. » « Nous pouvons montrer, à travers le cyclisme, qu’il est possible d’aller partout dans notre pays : au nord, au sud, à l’ouest ou à l’est », ajoute-t-il. « Le cyclisme apporte à tous les mêmes sentiments, en faisant comprendre aux gens qu’ils appartiennent au même pays, qu’ils supportent les mêmes athlètes et les mêmes équipes. » Cette course par étapes d’envergure a permis à la population locale de s’éprendre à nouveau d’une discipline longtemps laissée de côté dans le pays. Deux jours après la fin du Tour de Côte d’Ivoire – Tour de la Réconciliation, l’ensemble des équipes participantes se joignent aux coureurs de clubs locaux pour le Grand Prix International d’Abidjan. Les athlètes du pays d’Afrique de l’est sont également présents sur la scène internationale. Issiaka Cissé (37e) est l’Ivoirien le mieux classé de l’UCI Africa Tour, tandis que la Côte d’Ivoire pointe au 10e rang du classement des nations. Chez eux en Côte d’Ivoire, on trouve toujours du monde au siège de la Fédération, dont les bureaux, les salles de réunion et les locaux à vélos en font un lieu de rassemblement très prisé. « Je travaille étroitement avec la Fédération Ivoirienne de cyclisme et j’apprécie la qualité de son travail, toujours conduit dans une ambiance conviviale et sereine qui favorise le dialogue », résume Laurent Bezault, consultant de l’UCI pour le continent africain.
« C’est un exemple de dynamisme et d’engagement, alors que le cyclisme ivoirien avait quasiment été réduit à néant il y a quelques années. »
La pratique des autres disciplines cyclistes est également encouragée. Cinq clubs de Mountain bike et trois de BMX ont ainsi vu le jour. Utilisé pour des séances d’entraînement, le vélodrome d’Abidjan doit être rénové prochainement et la Fédération a hérité de 10 hectares dans le centre du pays, où elle entend construire un centre d’entraînement.
Le cyclisme féminin n’est pas en reste : quatre clubs comptent des femmes et plusieurs coureuses ivoiriennes ont représenté leur pays aux Championnats d’Afrique en 2012 au Burkina Faso et en 2015 en Afrique du Sud.