La dynastie Frischknecht

Evoquez le nom de Frischknecht chez les habitués du cyclisme off-road et vous risquez de vous trouver embarqués dans un jeu d’association de mots. Certains vous diront « Andri », d’autres « Thomas », quand d’autres opterons pour « Peter ». Toutes ces réponses sont bonnes. Andri, Thomas et Peter représentent la Suisse, et avant tout trois générations de la famille Frischknecht. A eux trois, c’est maintenant 23 médailles de Championnats du Monde…

Le « bébé » de cette dynastie cycliste, Andri, a apporté la dernière médaille mondiale avec la deuxième place des Suisses, derrière la France, au relais par équipes XCO, à Hafjell (Norvège), en septembre dernier. Il s’agissait de sa première breloque mondiale en catégorie Elite après les 15 (pour l’essentiel en mountain bike mais également en cyclocross) remportées par son père Thomas ou « Frischi » comme on le surnomme aussi, et les 7 (cyclo-cross) obtenues par son grand-père Peter.

Etre digne du nom Frischknecht « Tradition familiale », jamais l’expression n’a été plus vraie. Mais n’imaginez pas une quelconque pression familiale sur la progéniture. « Il (Thomas) a naturellement grandi dans un environnement de vélo puisqu’il est venu sur toutes mes courses dès sa naissance, explique Peter. Il a eu des résultats très impressionnants dès le début, mais je ne l’ai jamais poussé. Je n’avais pas en tête de continuer à aller courir tous les weekends après l’avoir fait moi-même pensant 20 ans. »

Une remarque qu’approuve son fils Frischi : « Il ne voulait pas aller aux courses week-end après week-end. »

Mais j’avais envie de monter sur un vélo et il a été là pour m’encourager…

« (Avec Andri) j’ai essayé de faire ce que mon père avait fait avec moi. Le calmer quand il fallait mais rester à ses côtés. Il voulait courir, courir et encore courir, et je limitais le nombre de courses pour qu’il reste motivé.

Mon père était un grand modèle sportif et j’avais beaucoup de respect pour lui. Il est possible que j’aie parfois ressenti de la pression à répondre aux attentes liées au nom Frischknecht mais ça m’a aussi ouvert un grand nombre de portes. »

Encore chez les Moins de 23 ans pour plusieurs années, le junior du clan admet qu’il n’est pas facile d’être à la hauteur de la renommée de Frischi et Peter : « Bien sûr, ils m’apportent beaucoup mais au final les gens oublient que je suis Andri et non eux. »

Mountain bike ou cyclo-cross ?

Coureur à pied à ses débuts, Peter Frischknecht a été séduit par le cyclo-cross grâce à Albert Meier, médaillé de bronze aux Championnats du Monde UCI en 1952 qui habitait la même ville. « Quand je me suis mis au cyclo-cross dans les années 60, c’était très populaire en Suisse. Le mountain bike n’existait pas à l’époque, et en tant que coureur, le cyclo-cross me correspondait mieux que la route. »

Son fils a aussi commencé comme spécialiste de cyclo-cross. Il a été Champion du Monde Junior en 1988 et un des meilleurs dans les années 90. Pendant plusieurs années, il a essayé de jongler avec les deux calendriers avant de privilégier le mountain bike quand la discipline est devenue olympique. Pour mémoire, il a remporté la médaille d’argent à Atlanta.

S’agissant du plus jeune des Frischknecht, il ne s’aventurera pas à déclarer publiquement ses objectifs dans les différentes disciplines. Après avoir remporté la médaille d’argent des U23 aux Championnats de Suisse de cyclo-cross en début d’année et terminé 16e aux Championnats du Monde Cyclo-cross UCI un mois plus tard, Andri Frischknecht est de retour sur son vélo de mountain bike.

Il s’est entraîné et a couru en Afrique du Sud et aux Etats Unis avec son équipe Scott-Odlo MTB Racing Team, et a attaqué la saison européenne de mountain bike. La Coupe du Monde Mountain Bike UCI présentée par Shimano débute pour les pilotes XCO ce week-end. « Je vais y aller étape par étape, dit-il. Dans les deux années à venir, je veux m’imposer chez les U23. »

Déjà l'année passée il a terminé 9e des Championnats du Monde Mountain Bike UCI de la catégorie.

Courir en équipe

Andri court de temps à autre avec son père, et peu après les derniers Championnats du Monde Mountain Bike UCI la paire a formé une équipe formidable lors de la première étape du Swiss Epic, compétition à étapes de mountain bike. Face à certaines des meilleures équipes du monde, ils ont fini 9e sur les 90 équipes Elite Hommes engagées.

« Ça a été une grande expérience pour nous deux », dit Frischi qui affirme être celui qui reste aux commandes même s’il sait qu’il ne tient plus la distance face à son fils.

Andri ne dira pas le contraire :

« Mon père, c’est le patron. Mais le plus rapide ? C’est moi ! »

Il n’a pas dit son dernier mot…