"Tout ou rien" : Stuyven a forcé les portes du paradis à Sanremo

Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) a pris rendez-vous avec la gloire en 2021 et il l'a connue avec une première victoire sur un Monument, samedi, sur les routes de Milano-Sanremo. Grâce à une accélération opportune dans les trois derniers kilomètres, la star belge de 28 ans a devancé d'un rien les sprinteurs lancés à ses trousses, à commencer par Caleb Ewan (Lotto Soudal) et Wout van Aert (Team Jumbo-Visma), qui complètent le podium sur la Via Roma. "Je pense que je suis capable de gagner les Flandres ou Roubaix", annonçait Stuyven avant le début de la saison. Il peut désormais se tourner vers ces grands rendez-vous avec la sérénité d'un vainqueur de Monument.

“Il y avait trois gars très forts, tout le monde le sait, a observé Stuyven après avoir pris le meilleur sur les épouvantails Wout van Aert, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step) et Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix). On n'allait pas pour autant ne pas courir pour la victoire. On avait un plan pour jouer notre chance, être à l'avant, et je me suis senti vraiment bien toute la journée. Dans le final, ça s'est bien passé. Il y avait beaucoup de coureurs rapides, donc je savais qu'il fallait que je tente le tout pour le tout. Je préfère jouer ma chance et repartir les mains vides ou avec la plus grande victoire de ma carrière, plutôt que de repartir 10e."

Avec 299 km à parcourir en direction de Sanremo, les 172 partants se sont élancés tôt, à 9h40 depuis la Piazza Castello de Milan. Sept coureurs ont rapidement montré leurs intentions offensives : Mattia Viel (Androni Giocattoli-Sidermec), Alessandro Tonelli (Bardiani CSF Faizane’), Taco van der Hoorn (Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux), Mathias Norsgaard (Movistar Team), Andrea Peron et Charles Planet (Team Novo Nordisk), et Nicola Conci (Trek-Segafredo) sont sortis d'entrée et ont creusé un écart de 2 minutes après 8 km de course.

Filippo Tagliani (Androni Giocattoli-Sidermec) a rejoint le groupe de tête au km 15, et l'écart a continué d'augmenter avec son soutien. Le peloton était pointé à 7'35'' après 30 km, avant de voir les principaux favoris prendre la course en main avec l'appui de leurs coéquipiers. Les Deceuninck - Quick-Step de Julian Alaphilippe, le Team Jumbo-Visma de Wout van Aert et les Alpecin-Fenix de Mathieu Van der Poel ont contrôlé l'écart pendant une course menée à belle allure : 42,75 km/h pendant les quatre premières heures de course.

Le peloton s'est momentanément cassé dans la descente du Colle di Giovo, mais tout est rentré dans l'ordre au moment d'attaquer les 100 derniers kilomètres avec un écart autour de 3 minutes entre les échappés et le groupe principal. La tension est progressivement montée dans le peloton. et Nacer Bouhanni (Team Arkéa-Samsic) est tombé dans les rues de Savone. Le sprinteur français, 4e de Milano-Sanremo en 2016, est rapidement reparti.

Mattia Viel a été distancé par ses compagnons d'échappée juste avant le Capo Mele (1,8nkm à 3,6 %), à un peu plus de 50k m de l'arrivée. L'échappée a commencé à se déchirer sur ces pentes, et ils ne restait plus que quatre hommes en tête avec une avance de 1'20'' : Alessandro Tonelli, Taco van der Hoorn, Mathias Norsgaard et Nicola Conci. Ils ont maintenu l'écart dans la montée du Capo Cervo (2,5 km à 4,1 %) pendant que les principaux prétendants se disputaient les premières places au sein du peloton.

Tonelli a tenté de partir en solitaire dans le Capo Berta (3 km à 4,3 %), sans succès. A l'arrière, Sam Bennett (Deceuninck-Quick-Step) était victime d'un incident mécanique. Le Team DSM de Søren Kragh Andersen a pris la tête du peloton dans les 40 derniers kilomètres, avant de voir les AG2R Citroën Team de Greg Van Avermaet prendre le relais à 30 km de l'arrivée. La bataille pour le positionnement faisait rage et l'écart s'étiolait : 20'' au pied de la Cipressa (5,6 km à 4,1 %), à 27 km de l'arrivée.

Van der Horn a rapidement distancé ses compagnons d'échappée, sans pour autant résister au retour du peloton mené par Sam Oomen pour le Team Jumbo-Visma. A 24 km de l'arrivée, tous les échappés matinaux avaient été repris. Des outsiders comme Alberto Bettiol (EF Education-Nippo) et Fernando Gaviria (UAE Team Emirates) étaient distancés dans l'ascension. Mais les principaux attaquants restaient groupés à l'avant d'un peloton emmené par les Ineos Grenadiers dans la descente de la Cipressa.

De nouvelles cassures se sont créées en route vers le Poggio, et on ne comptait plus qu'une quarantaine de coureurs dans le groupe de tête à 15 km de l'arrivée. Un peloton d'une centaine de coureurs s'est reconstitué à 3 km du pied de l'ascension décisive (3,7 km à 3,7 %). Place à la bataille finale !

Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) a imposé un rythme élevé dans la première partie de la montée. Son équipier Dylan van Baarle a pris la relève à 7 km de l'arrivée. Dans sa roue, le peloton s'étirait en une longue ligne, et Caleb Ewan pointait déjà en deuxième place. Alaphilippe a ouvert les hostilités à 1 km du sommet ; Van Aert a immédiatement suivi et a accéléré à nouveau avant le sommet. Ewan était directement dans sa roue, suivi par une dizaine de prétendants pour la plongée vers Sanremo.

Stuyven a attaqué au bas de la descente. Derrière lui, ses rivaux se sont regardés quelques instants. Kragh Andersen l'a rejoint sous la flamme rouge, et les autres poursuivants ont tout donné dans les derniers hectomètres... Mais il était trop tard pour priver Stuyven du triomphe.