Le Trofeo Alfredo Binda-Commune di Cittiglio, troisième manche de l’UCI Women’s WorldTour qui se déroulera ce 24 mars, célèbre le champion italien des années 1920 surnommé « La Joconde », pour la beauté de son style, considérée du même niveau que le tableau de Léonard de Vinci. Le peintre est également salué par le monde du cyclisme en cette 500e année de sa mort.
Le 13 mai, la troisième étape du Giro d’Italia partira ainsi de Vinci. C’est un bourg de Toscane, où est né Léonard de Vinci, dont le décès remonte au 2 mai 1519. La course rose a tenu à s’associer aux nombreuses manifestations de l’année célébrant le peintre mondialement connu.
D’abord popularisé comme « le trompettiste », sous le vocable de l’instrument de musique dont il avait appris à se servir avec ses frères avant d’être envoyé à Nice à l’âge de 16 ans pour devenir plâtrier – mais il a surtout embrassé la carrière de coureur cycliste sur la Côte d’Azur –, l’Italien a ensuite reçu, en France, le surnom de « La Joconde ». Son coup de pédale enchanteur faisait merveille et était considéré à l’époque d’une beauté équivalente à l’œuvre d’art exposée au musée du Louvre. En cyclisme, il n’y a pas que la victoire qui compte. Dans les années 70, le Tour de France remettait, parmi ses classements annexes, un Prix de l’élégance et un Prix de l’amabilité…
Binda a reçu plusieurs surnoms, dont « le Campionissimo » (super champion) et « l’imbattable ». Il est l’un des cinq détenteurs du plus grand nombre de victoires au Championnat du Monde Route UCI : trois (en 1927, 1930 et 1932), comme Peter Sagan, Oscar Freire, Eddy Merckx et Rik Van Steenbergen. Il est aussi l’un des trois recordmen des victoires finales au Giro d’Italia (5 : en 1925, 1927, 1928, 1929 et 1933), à égalité avec Eddy Merckx et Fausto Coppi. Mais il est probablement encore plus connu pour avoir accepté de renoncer à disputer le Giro 1930, à la demande des organisateurs qui lui ont versé l’équivalent du prix du vainqueur (22'500 lires) pour rester à la maison au lieu de ruiner une nouvelle fois le suspense.
Binda a aussi été le directeur technique de l’équipe nationale d’Italie victorieuse au Tour de France et aux Championnats du Monde UCI, de 1948 à 1961. Son nom apparaît à chaque décennie des cent dernières années de l’histoire du cyclisme puisque, bien avant son décès en 1986, à l’âge de 84 ans, une course a été créée en son honneur dans sa ville natale de Cittiglio, dans la province de Varèse, près du lac Majeur.
Il s’agit depuis l’origine d’une épreuve féminine dont la première édition fut remportée en 1974 par Giuseppina Micheloni. « C’était d’abord une course régionale, devenue nationale dans les années 90 puis internationale à partir de 2007 », signale son organisateur Mario Minervino. Elle a fait partie de la Coupe du Monde UCI de 2008 à 2015 et représentait un choix évident pour l’élaboration du nouveau calendrier de l’UCI Women’s WorldTour à partir de 2016. « Je dois souligner que cette organisation a été reconnue comme la meilleure du monde », se félicite d’ailleurs Renato Di Rocco, Vice-président de l’UCI.
Techniquement, c’est la version féminine d'Il Lombardia. Son parcours comporte un dénivelé suffisant pour créer des écarts entre les concurrentes. Lauréate l’an dernier, la Polonaise Katarzyna Niewiadoma, de l’équipe Canyon-SRAM Racing, est du reste connue pour ses qualités de grimpeuse. Le Trofeo Alfredo Binda-Commune di Cittiglio, de fait, présente des critères bien différents de la précédente manche de l’UCI Women’s WorldTour, le Women's WorldTour Ronde van Drenthe, remporté aux Pays-Bas par l’Italienne Marta Bastianelli (Team Virtu Cycling) qui occupe, après trois manches, la tête du classement général avec 300 points, devant la triomphatrice des Strade Bianche, Annemiek van Vleuten (Mitchelton-Scott), 200.
A l’image de Léonard de Vinci, Annemiek van Vleuten est née, aux Pays-Bas, dans une localité qui s’appelle… Vleuten.