UCI Women's WorldTour

Rio 2016, c’est fini ! La tension est retombée mais la saison de cyclisme continue. Après avoir vécu de manière très différente leur expérience olympique, Annemiek van Vleuten (Pays-Bas) et Kasia Niewiadoma (Pologne) partagent leurs impressions.

Rio 2016 – Course sur route : n’a pas terminé

Il n’y pas que les médailles d’or dans la vie.

Pour l’instant je suis en Italie et je profite des vacances (en vélo bien sûr !). Et franchement, je suis ravie d’être ici. Ça va beaucoup mieux depuis que je suis en Italie, physiquement et mentalement. Je retrouve le plaisir de pédaler, de vivre au jour le jour et de savourer les choses.

Si tout se passe bien, j’aimerais disputer le Lotto Belgium Tour sur quatre jours. La course débute le 6 septembre, soit un mois exactement après la course sur route de Rio ! Je n’ai aucun objectif précis pour cette course. J’ai juste envie de rejoindre le peloton et de courir sans pression.

J’ai connu plusieurs déceptions au cours de ma carrière. Comme tout un chacun. C’est le lot de tout cycliste professionnel. Mais faire une chute aux Jeux Olympiques, à quelques kilomètres seulement de la ligne d’arrivée, alors que j’étais seule en tête et que l’or me tendait les bras…Ça a été le moment le plus difficile de ma carrière.

Je sais que cet accident a choqué beaucoup de personnes qui assistaient à la course. J’ai été bouleversée par tous les messages d’amitié et de soutien que j’ai reçus. J’ai souffert d’une grave commotion cérébrale avec des micro-fractures sur trois vertèbres, mais pour moi, la gestion de l’échec a été beaucoup plus difficile que la convalescence physique proprement dite. Le pire a été quand le médecin m’a mise au repos complet, sans télévision ni Internet ni téléphone. Je n’avais rien d’autre à faire que de ressasser ce qui s’était passé. Ça a été terrible. Mais ça n’a duré que quelques jours. Ensuite, j’ai recommencé à regarder devant moi.

J’étais dans une forme pour ainsi dire olympique à Rio. Je n’en revenais pas ! Pendant la course, je me suis rendue compte que j’étais capable de faire beaucoup mieux que je ne pensais. Je m’étais toujours considérée comme une médiocre grimpeuse, du genre à m’accrocher, à disparaître pour finalement revenir. Mais à Rio, j’ai grimpé comme jamais. Je ne ressentais aucune douleur, je me sentais invincible. Je pense que dorénavant, j’essaierai davantage de participer à ce genre de courses. C’est étonnant de se dire qu’à 33 ans, on peut continuer à progresser. J’espère que cela pourra inciter d’autres personnes à croire en leurs rêves et à les concrétiser.

Je n’avais pas la moindre appréhension à l’idée de remonter sur un vélo après Rio. Je ne suis pas de calendrier particulier, je pars pédaler quand j’en ai envie, sans forcer. Je me fatigue un peu plus vite qu’avant, mais sinon je me sens vraiment bien. Je pense que je garde un niveau assez élevé même si je n’effectue pas de travail spécifique. Pour moi, c’est aussi les vacances et ma mère est venue me voir pendant la première semaine. Quel bonheur de passer un peu de temps ensemble !

Après le Lotto Belgium Tour, je ferai le point sur mes sensations. Les Championnats d’Europe mi-septembre arrivent trop tôt pour moi mais j’espère participer au Giro dell’Emilia Internazionale et au Gran Premio Bruno Beghelli Internazionale en Italie fin septembre. Dans la mesure où l’équipe Orica-AIS ne sera pas inscrite, je suis à la recherche d’une équipe mixte.

Enfin, mon objectif majeur est de revenir à 100 % pour les Championnats du Monde sur route UCI en octobre. Pour l’instant, c’est relativement réaliste !

Rio 2016 – Course sur route : 6e / Contre-la-montre : 18e

Je pense que tout athlète qui finit une épreuve olympique sans obtenir de médaille doit ressentir une certaine frustration. Mais au final, ça reste une course à vélo et il y des enseignements à tirer de tout cela.

Pour être tout à fait honnête, il est encore difficile pour moi d’évoquer la course sur route à Rio. J’ai l’impression d’avoir manqué le coche. Je sais combien d’efforts j’ai faits pour me préparer, combien de mal je me suis donné à l’entraînement et combien de sacrifices j’ai consentis pour en arriver là. Mais ça n’a pas marché ! J’ai souffert et mes jambes m’ont lâché. Le parcours me convenait bien pourtant. C’est l’un des meilleurs que j’ai jamais vus. Mais ce n’était tout simplement pas mon jour.

D’un autre côté, je suis tout de même fière d’avoir terminé 6e aux Jeux Olympiques !

Concernant le contre-la-montre, tout s’est mal goupillé pour moi dès le début. J’ai failli louper deux virages à cause de la pluie et des routes glissantes. À chaque fois, ça m’a déconcentrée et j’avais toujours la crainte de chuter ou de faire une sortie de route.

Même si les résultats n’ont pas été à la hauteur de ce que j’espérais, j’ai vraiment apprécié ma première expérience olympique. Les Jeux européens 2015 à Bakou m’avaient offert un avant-goût de ce qui m’attendait mais forcément, à Rio c’était différent, avec des athlètes venus du monde entier. Je souhaite à tous les sportifs de connaître ça au moins une fois dans leur vie. C’est génial d’être entouré d’athlètes au palmarès aussi prestigieux et de se sentir l’un des leurs. Côtoyer ces légendes de si près à l’intérieur du village olympique constitue une énorme source de motivation.

Dommage que je n’ai pas pu rester plus longtemps pour regarder les autres disciplines, mais j’ai dû rentrer chez moi le lendemain du contre-la-montre. J’en ai profité pour me reposer, me détendre et vider mon cerveau de tout ce qui pouvait avoir trait au vélo…. Enfin pas pour très longtemps. Ma saison n’est pas finie, alors les vraies vacances, ce sera en octobre.

J’ai participé au GP de Plouay-Bretagne samedi 27 août alors oui, j’ai repris le rythme du haut niveau ! J’ai terminé quatrième et j’ai vraiment eu de bonnes sensations. Je pense que je vais prendre d’autant plus de plaisir à vélo maintenant que l’échéance écrasante des Jeux Olympiques est derrière nous.

Quant au restant de la saison, je vais juste essayer de faire de mon mieux à chaque course. Plus de stage d’entraînement au programme. Et entre les courses, je rentrerai en Pologne pour passer du temps en famille.

En attendant, je me trouve actuellement aux Pays-Bas pour disputer le Boels Rental Ladies Tour, une course à étapes de six jours qui s’achèvera le 4 septembre. Pour l’instant tout va bien !

Mon objectif majeur ce mois sera sans doute les Championnats d’Europe en France le 17 septembre. L’an dernier, j’ai remporté le titre chez les moins de 23 ans. Ce serait formidable de rééditer cette performance mais ce sera compliqué car cette année, on court avec les Femmes Elite. Je l’aborderai comme n’importe quelle autre course, en faisant le maximum mais en courant avec mon cerveau, sans me livrer trop vite !