Il est temps de lâcher le guidon et de déconnecter, histoire de se changer les idées. Après une saison particulièrement chargée, nos deux pros, Annemiek van Vleuten (Pays-Bas) et Kasia Niewiadoma (Pologne), dressent le bilan de l’exercice écoulé et se projettent vers 2017.
Juste après les Championnats du Monde Route UCI à Doha, je me suis envolée pour l’Australie, sans prendre de billet retour. Je pars à l’aventure et je ne sais pas exactement quand je vais rentrer en Europe.
J’ai d’abord participé au Crocodile Trophy, une course de mountain bike à étapes où j’ai pris énormément de plaisir. Je m’étais inscrite pour le fun, mais à mi-course, je me suis rendue compte que je pouvais jouer la gagne alors j’ai commencé à me donner davantage. Malheureusement, je me suis perdue deux jours de suite et j’ai cédé beaucoup de temps. Mais j’ai quand même pris la deuxième place du général et, plus important, je me suis éclatée. On dormait dehors, dans des tentes. J’ai rencontré beaucoup de monde. C’est un super moyen de découvrir certains coins de l’Australie. Depuis, j’ai complètement coupé avec le vélo. J’ai commencé par faire de la plongée à la Grande barrière de corail. Puis je suis partie trois jours sur un bateau pour une petite croisière de plongée sous-marine. Sur un bateau, impossible de rouler !
En ce moment, je suis en Nouvelle-Zélande, où je fais un circuit d’aventure à base de rafting et de randonnée. J’adore sortir du cadre du vélo, mais je suis aussi à la recherche de sensations, même si je fixe ma limite au saut à l’élastique ! Je veux profiter au maximum de l’opportunité de faire quelque chose de différent, sans me soucier de savoir si je me sens bien ou pas, si j’ai mal aux jambes ou pas, si c’est bien ou pas de me coucher tard ou de boire une bière…
Pour en revenir à Doha et à ma cinquième place sur le contre-la-montre individuel, disons que c’était un bon résultat pour mon tout premier contre-la-montre en Championnat du Monde. Mais j’aurais aimé décrocher une médaille. J’avais très peur des effets de la chaleur sur mon organisme alors j’ai pris un départ trop prudent. Dans des conditions normales, j’aurais pu faire mieux. Pour ce qui est de la course en ligne, je savais que le parcours ne me serait pas favorable. J’aurais adoré une course hors de la ville, comme les hommes, avec du vent et des échelons.
Je me suis surprise cette saison, que ce soit dans les ascensions ou en contre-la-montre. J’ai été régulière du début à la fin de la saison. Dans les classiques, j’ai toujours été présente dans le final. J’ai pu maintenir un haut niveau de performance jusqu’aux Championnats du Monde au Qatar. C’est de bon augure pour l’année prochaine.
J’ai vécu beaucoup de grands moments et de victoires, mais l’un des temps forts de cette année a été mon titre de championne des Pays-Bas de contre-la-montre. Le maillot de championne des Pays-Bas a beaucoup d’importance à mes yeux.
Même si la saison a été longue, je l’ai terminée en bonne forme, sans me sentir trop fatiguée. À mon dernier stage en Sicile, j’avais même l’impression d’être en vacances. Dès que je pars à l’étranger et que je m’entraîne dans un environnement différent, j’adore le style de vie et j’ai l’impression d’être en vacances, même si je m’entraîne dur.
J’ai un petit stage d’entraînement avec mon équipe en Australie à la mi-novembre et je vais sûrement faire quelques criteriums, notamment une course en Tasmanie. Ce ne sont pas de grandes courses, mais c’est un moyen sympathique de reprendre le vélo. Mon objectif sera d’arriver en forme en mars et avril prochains. Le calendrier 2017 de l’UCI Women’s WorldTour est énorme, avec notamment l’ajout de courses comme l’Amstel Gold Race. C’est génial de voir de nouvelles courses intégrer ce calendrier, ça nous aide à conserver notre fraîcheur.
Je suis également heureuse que La Course by Le Tour de France ne se limite plus à une course de plat sur les Champs Élysées.
Tous ces changements montrent que le cyclisme féminin est pris au sérieux.
L’intersaison, ce n’est pas facile à gérer ! C’est très dur de s’habituer à vivre comme une personne normale… de se réveiller et de se dire : « Qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui ? ». J’ai apprécié le fait de passer du temps avec mes amis et ma famille, car je ne les vois pas beaucoup le reste de l’année. Comme l’an dernier, certaines filles de mon équipe sont venues passer deux jours en Pologne. C’est sympa de se retrouver en dehors du vélo. On a fait de la randonnée, on a passé une nuit en montagne et on s’est également payé un bon dîner sans faire attention ce que l’on mangeait.
Je viens de reprendre l’entraînement. Même si c’est une reprise en douceur pour l’instant, je suis contente d’avoir de nouveau un programme.
C’est difficile pour moi de retenir un temps fort de ma saison 2016. Je garde d’excellents souvenirs de toutes les courses et j’ai réalisé des performances régulières tout au long de l’année. Bien entendu, j’ai adoré les Strade Bianche car j’ai terminé sur le podium ; je me suis éclatée sur les classiques de printemps ; et c’était extraordinaire de voir Anna (van der Breggen) remporter la Flèche Wallonne, d’autant que j’ai pris la quatrième place. Il y a une atmosphère incroyable sur cette course, avec toute cette foule dans le Mur de Huy. Ma victoire au Luxembourg (au Festival Luxembourgeois du cyclisme féminin Elsy Jacobs), pour la dernière course de la première partie de la saison, a également eu une saveur spéciale car j’ai pu rentrer chez moi et fêter ça en famille. Ensuite, j’ai remporté le championnat de Pologne, ce qui a également été un grand moment. Cela faisait longtemps que je courais après ce maillot et cette année, le parcours était parfait.
Bien entendu, une grande partie de la saison a consisté à préparer les Jeux Olympiques de Rio 2016. Je me suis peut-être mis trop de pression, mais j’ai tiré des enseignements de cette expérience, ce qui est une bonne chose pour la suite. Je dois m’attacher à rester moi-même, à rester la même Kasia. C’est une course comme les autres.
Les Championnats du Monde Route UCI à Doha ont également été très difficiles pour moi. J’ai dépensé beaucoup d’énergie à cause de la chaleur lors du contre-la-montre par équipes et je n’ai pas pu rouler comme d’habitude. Je me sentais faible. Je me suis sentie mieux lors de la course en ligne. Je crois que c’était juste une question d’acclimatation. L’un dans l’autre, c’était une bonne expérience.
Après Doha, je me suis rendue au Gala du Cyclisme UCI avec Anna à Abu Dhabi, où on a passé un très agréable séjour, à bronzer sur la plage. Le Gala en lui-même a été extraordinaire, on m’a remis la récompense de meilleure jeune de l’UCI Women’s WorldTour. Je n’avais jamais côtoyé tous ces grands cyclistes et j’ai réalisé que ce sont des êtres humains avant tout ! J’étais un peu stressée à l’idée de les rencontrer mais lorsqu’on a commencé à discuter ensemble, c’était comme une grande famille.
C’était ma troisième année chez les pros. Je connais les courses et je connais les endroits où il est important d’être aux avant-postes. Je crois que j’ai amélioré mon intelligence de course par rapport à l’an dernier grâce mon équipe et mon directeur sportif. J’ai toujours considéré Anna (van der Breggen) comme un exemple. Quoi qu’il arrive, elle reste égale à elle-même, toujours aussi cool. Elle n’accorde pas aux choses plus d’importance qu’elles n’en ont. Je peux apprendre des tas de choses en m’inspirant d’elle.
J’ai vraiment hâte d’être à l’an prochain, avec toutes ces superbes courses qui sont intégrées à l’UCI Women’s WorldTour comme Liège-Bastogne-Liège et l’Amstel Gold Race. J’adore ce coin et j’ai gagné au sommet du Cauberg lors du Boels Ladies Tour. C’est clair que je vais cocher cette course dans mon calendrier.
Notre équipe a un nouveau sponsor et de nouvelles membres pour 2017. C’est vraiment très enthousiasmant. Je m’attends à une très belle année 2017 !