UCI Women’s WorldTour : les SD Worx règnent en Suisse ; peuvent-elles être renversées cet été ?

Après leurs démonstrations de puissance dans les Classiques avec le Team SD Worx, Marlen Reusser et Demi Vollering ont remporté trois des quatre dernières courses par étapes de l'UCI Women's WorldTour. La première vient de s’offrir un triomphe à domicile à l’occasion du Tour de Suisse Women.

Un rapide coup d'œil aux résultats du Tour de Suisse Women ne laisse aucun doute quant à l'équipe qui a dominé la dernière épreuve en date de l'UCI Women's WorldTour (17-20 juin). Le Team SD Worx a remporté trois des quatre étapes avec trois coureuses différentes, sans même que Demi Vollering ne lève les bras dans le nord-est de la Suisse. La star néerlandaise n’en a pas moins participé aux conquêtes de son équipe : elle a terminé 2e au classement général, derrière Marlen Reusser. Une nouvelle démonstration de l’efficacité de l’association de ces deux championnes polyvalentes.

Un regard plus poussé sur les résultats met en évidence les premiers succès sur les routes de l’UCI Women's WorldTour de trois talents éclatants : la Hongroise Blanka Vas (1re étape) et la Néo-Zélandaise Niamh Fisher-Black (4e étape) pour SD Worx, ainsi que l'Italienne Eleonora Gasparrini (3e étape) pour la formation UAE Team ADQ. L'autre étape est revenue à Marlen Reusser, qui a construit son triomphe au général en remportant le contre-la-montre individuel de 25,7 km entre Saint-Gall et Abtwil au deuxième jour de course avec 8'' d’avance sur Vollering et 16'' sur Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo), les deux coureuses qui l'ont accompagnée sur le podium final.

Enfin, une analyse plus large confirme la domination de SD Worx, avec trois coureuses occupant les trois premières places du classement de l’UCI Women’s WorldTour : Demi Vollering (3’821,86 points), Marlen Reusser (2’090,86) et Lotte Kopecky (1’560). Elles sont suivies par Elisa Longo Borghini (1’492), de la Trek-Segafredo, et Kasia Niewiadoma (1’403,71), pour Canyon//Sram Racing. Une autre star de SD Worx émerge ensuite : Lorena Wiebes (1’326).

Le collectif néerlandais impose sa puissance sur l’UCI Women’s WorldTour. Mais de nouvelles dynamiques de course sont en gestation, et leurs rivales veulent en profiter pour prendre leur part de gloire et renverser les leaders de la SD Worx.

De nouvelles opportunités pour un casting varié

Même si les SD Worx ont porté le maillot de leader du Tour de Suisse à chaque fin d'étape, elles ont pu sentir la menace de Canyon//Sram Racing le dernier jour. Tiffany Cromwell s’est lancée dans une échappée précoce, et Kasia Niewiadoma l’a rejointe pour initier une ambitieuse attaque au long cours qui lui a permis de creuser un écart de 2’15’’ sur le groupe de Reusser. La coureuse polonaise menait alors le classement virtuel, et Vollering a dû mener la poursuite pour sa coéquipière suisse, avant que Reusser ne se lance seule derrière Niewiadoma.

Fisher-Black, qui avait suivi le mouvement, a finalement pris le dessus sur Niewiadoma dans la dernière ligne droite. Et Reusser a terminé 3e (+ 37’’) pour valider sa victoire au général. Les SD Worx ont dominé, encore une fois, mais le dénouement était serré. Annonce-t-il un vent de changement pour l'été ?

Au cours des six dernières semaines, le Team SD Worx a remporté l'Itzulia Women (Reusser), la Vuelta a Burgos Feminas (Vollering) et le Tour de Suisse (Reusser). Seule la RideLondon Classique leur a échappé en couronnant la fusée du Team DSM Charlotte Kool. Mais les premières courses par étapes de la saison ont couronné un casting plus varié : Grace Brown (FDJ-Suez) a remporté le Santos Tour Down Under ; Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo) s’est offert l’UAE Tour Women ; Annemiek van Vleuten (Movistar Team Women) s’est imposée sur La Vuelta España Femenina.

D'autres occasions de renverser les SD Worx dans les courses par étapes de l'UCI Women's WorldTour attendent le peloton avec le Giro d'Italia Donne (30 juin-9 juillet), le Tour de France Femmes avec Zwift (23-30 juillet), le Tour of Scandinavia (23-27 août), le Simac Ladies Tour (5-10 septembre), le Tour de Romandie Féminin (15-17 septembre) et le Tour of Chongming Island (12-14 octobre).

« J'espère que nous pourrons leur compliquer la tâche »

Mavi Garcia (Liv Racing Teqfind) a passé ces dernières semaines en altitude, à s'entraîner dans la Sierra Nevada (Espagne) pour préparer ce qu'elle considère comme « la partie la plus importante de la saison, pour moi et pour l'équipe, avec le Giro et le Tour ». Troisième du Giro d'Italia Donne l'an dernier avant de remporter la Classic Lorient Agglomération-Trophée Ceratizit, elle retrouvera la compétition sur les Championnats d’Espagne.

Avant d’attaquer sur les routes suisses, Niewiadoma avait passé une semaine en France pour reconnaître des étapes du prochain Tour, et notamment découvrir les pentes du col du Tourmalet, grand sommet de la prochaine édition. « C'est bien que le Tour se déroule plus tard dans la saison parce que nous savons quels sont leurs points forts [SD Worx] et où nous en sommes », a déclaré la coureuse polonaise de 28 ans, qui se sent « beaucoup plus forte mentalement » depuis qu'elle est montée sur le podium du Tour de France Femmes avec Zwift en 2022.

Elle salue la « saison incroyable de Demi et des SD Worx » mais souhaite également ouvrir des opportunités tactiques pour secouer la course. « J'espère que mon équipe et celle d'Annemiek, la Movistar, pourront leur compliquer la tâche, confiait-elle. Et je pense que ça peut être intéressant d'avoir deux coureuses fortes qui se battent l'une contre l'autre, comme Demi et Annemiek, parce qu'elles peuvent oublier le reste de la course. J’y vois des opportunités d'aller chercher une victoire ou de prendre plus de temps. Cela peut fonctionner avec Elisa Longo Borghini ou Cecilie Uttrup Ludwig… »