Katarzyna Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing) a remporté le Tour de France Femmes avec Zwift 2024 avec la plus petite marge de l’histoire de l’épreuve. Quatre secondes seulement la séparent de sa dauphine Demi Vollering (Team SD Worx - Protime) au final. Niewiadoma a pris le maillot jaune de leader du classement général lors de la cinquième étape et l'a conservé jusqu'au bout, au sommet de la légendaire montée de l’Alpe d'Huez. Il s'agit de la première victoire dans un Grand Tour de la coureuse polonaise, qui a fait part de son émotion aux médias dimanche soir.
Vous venez de remporter le Tour de France Femmes avec Zwift avec une marge historique ! Qu'est-ce que vous ressentez ?
Katarzyna Niewiadoma (K.N.) : Quatre secondes... ça paraît magique maintenant. Je suis très heureuse. Pour être honnête, j'ai l'impression que tout au long de ma carrière, il y a eu tellement de fois où nous sommes passées à côté d'une victoire à cause de quelque chose. Cette semaine a été parfaite pour moi et mon équipe, tout allait dans notre sens. Malgré quelques chutes en début de course, nous avons pu garder notre sang-froid et nous concentrer sur notre objectif. Pour gagner de grandes courses, il faut mettre toutes les chances de son côté.
Aviez-vous pour objectif de gagner une étape spécifique, par exemple la quatrième, terminée à la troisième place ?
K.N. : La quatrième étape était une belle combinaison de toutes ces Classiques, et j'aime ce genre de course. J'aime les côtes courtes et nerveuses, alors je visais vraiment cette étape. Bien sûr, je ne suis pas connue pour être la plus rapide, alors malheureusement j'ai perdu le sprint, mais je suis heureuse que nous ayons pu créer un écart sur les autres pendant cette étape.
Que s'est-il passé dans votre tête lorsque Demi Vollering a attaqué dans le col du Glandon aujourd'hui ?
K.N. : C'était terrible. La montée était très dure, et j'avais l'impression que mes jambes me lâchaient. Et puis elle a attaqué. Ce n'était pas idéal. Je savais que je devais rester patiente et garder mon rythme. Dans la descente, j'ai pu me ravitailler et boire, et j'ai senti que je retrouvais ma puissance. Je pense que j'ai peut-être négligé l'importance du ravitaillement dans une montée aussi longue. Mais j'ai retrouvé ma puissance et je savais que je devais donner simplement le meilleur de moi-même dans l'ascension finale.
Que penseriez-vous d'une telle course sur une durée de deux, voire trois semaines ?
K.N. : C'était l'une des courses par étapes les plus difficiles que j'aie jamais faites. Les étapes étaient très longues. C'est intéressant de voir comment le cyclisme féminin évolue, parce qu'il devient plus rapide et que tout le monde devient plus fort. Alors d'une certaine manière, je suis heureuse d'avoir 30 ans, car peut-être que dans deux ans, lorsque ce sera vraiment difficile, j'aurai déjà pris ma retraite. Mais je suis toujours vraiment favorable aux courses par étapes plus longues : je pense que cela apportera plus d'attention et de publicité au cyclisme féminin et, je l'espère, incitera plus de femmes à faire du vélo.
Lors de l'édition de l'année dernière, vous aviez terminé troisième au classement général. Qu'est-ce qui a changé au cours des 12 derniers mois pour que vous puissiez gagner maintenant ?
K.N. : J'ai surtout travaillé avec mon entraîneur sur la résistance à la fatigue. Comme je l'ai dit, les courses sont de plus en plus longues et les étapes ne durent plus trois heures, mais plutôt quatre ou cinq. Il faut donc passer plus de temps sur le vélo. Nous avons également passé beaucoup de temps dans des camps d'altitude, à travailler mes qualités de grimpeuses et à tout améliorer. C'est le cas de tout le peloton. Le cyclisme féminin se développe si rapidement que vous ne pouvez pas rester à la traîne si vous voulez gagner.
Vous venez d'entrer dans l'histoire en établissant un nouveau record pour le Tour le plus serré de tous les temps...
K.N. : Je n'ai pas encore eu le temps d'assimiler tout cela et de réfléchir à ce que nous avons accompli aujourd'hui, à la signification historique de ce que nous avons fait. Mais c'est formidable d'être sur la première marche, c'est vraiment formidable d'être récompensée pour tout le travail accompli. Pas seulement le mien, mais celui de toute l'équipe. Comme je l'ai déjà dit, vous continuez à tout tenter mais les choses ne vont pas nécessairement dans votre sens, comme aux Jeux Olympiques il y a deux semaines. Et puis il y a une semaine où tout est parfait : après tout ce travail acharné, les étoiles s'alignent pour vous, et... Je pense que nous avons toutes écrit une page d’histoire cette semaine et nous en sommes très fières.
Vous avez remporté la Flèche Wallonne en avril dernier, cela a-t-il contribué à renforcer votre confiance pour le Tour ?
K.N. : Pour être honnête, je pense que la course la plus décisive pour ma confiance a été celle des Championnats du Monde Gravel UCI [qu'elle a remportés en octobre 2023]. C'est à cette occasion que j'ai réalisé que si je dépensais trop d'énergie à craindre mes concurrentes, je ne serais pas en mesure de me battre pour les victoires. C'est à ce moment-là que j'ai compris que je pouvais faire face à la concurrence, que je devais juste avoir plus confiance et utiliser mon pouvoir de manière plus efficace ou plus intelligente.