UCI WorldTour : des victoires canadiennes à Zurich pour Pogačar et Matthews

Les deux amis s'imposent au Canada

Lorsqu'il roulait vers la ligne d'arrivée du Grand Prix Cycliste de Montréal dimanche, son 54e jour de course, Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) a eu amplement le temps de célébrer sa 22e victoire d'une spectaculaire année 2024.

Dans la lignée de ses succès solitaires caractéristiques, le Slovène avait porté son attaque décisive quelques dizaines de kilomètres auparavant, et aucun de ses poursuivants – d'abord Pello Bilbao (Bahrain Victorious), puis Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step), plus rapide d'un groupe de 15 hommes – n'avait été en mesure de revenir sur lui.

Pogačar a donc partagé son succès avec les foules massées le long des routes canadiennes pour les deux Grands Prix, à Québec (13 septembre) puis à Montréal (15 septembre). De nombreuses mains se sont tendues pour frapper la sienne, dont celle de Michael Matthews (Team Jayco AlUla).

Mais la star australienne ne s'était pas rendue en Amérique du Nord simplement pour le plaisir et admirer les attaques stupéfiantes de Pogačar. Il était là pour travailler, ayant lui-même remporté le Grand Prix Cycliste de Québec, quelques jours plus tôt, avant d'abandonner dans le Grand Prix Cycliste de Montréal et d'attendre pour fêter le succès de son ami.

Habitués à s'entraîner ensemble à Monaco, Pogačar et Matthews peuvent tous deux rentrer victorieux dans la Principauté. Il est maintenant temps pour eux de peaufiner leur préparation en vue des Championnats du Monde Route UCI 2024 qui auront lieu à Zurich, en Suisse, du 21 au 29 septembre. Tous deux figureront parmi les favoris au vu de leurs talents de puncheurs.

Matthews, l'expert

Matthews n'est pas un cycliste comme les autres au Canada. Il a déjà accumulé de nombreux succès et une multitudes de places d’honneur, remportant le GP de Québec et de Montréal en 2018, et s’imposant à nouveau à Québec l'année suivante. En neuf participations au Grand Prix de Québec, il n’a abandonné qu’une fois (en 2012, lorsqu’il découvrait l’épreuve), a terminé 5e en 2016 et est monté sur le podium les sept autres fois où il a pris le départ !

L'accumulation de petites montées sur un parcours totalisant quelque 2’500 mètres de dénivelé usant les sprinters correspond parfaitement à ses capacités : il sait passer les ascensions avant d'imposer sa vitesse dans la dernière ligne droite.

Cette année, il a démarré à environ 300 mètres de l'arrivée pour un long sprint autoritaire en montée. Tiesj Benoot (Visma | Lease a Bike) a failli revenir à son niveau, mais le Belge a faibli (pour terminer 4e) tandis que Matthews a triomphé devant Biniam Girmay (Intermarché-Wanty) et Rudy Molard (Groupama-FDJ).

Pogačar a été parmi les premiers à féliciter son ami, après que son accélération dans le final l'a propulsé à la 7e place dans la première des deux courses d'un jour canadiennes.

« Je pense que cela signifie beaucoup plus que ce que je peux exprimer avec des mots, a déclaré Matthews. La saison a vraiment bien commencé avec les Classiques et depuis, rien ne s'est vraiment bien passé pour moi. Revenir ici, sur une course que je connais très bien, pour gagner une troisième fois à Québec… je pense que c'est probablement le plateau le plus relevé contre lequel j'aie couru ici au Québec, alors je pense que c'était certainement l'un des victoires les plus spéciales. »

Pogačar, l'insatiable

Le Grand Prix Cycliste de Montréal comportait encore plus de dénivelé (près de 4’000 m au total), ce qui a rendu la tâche beaucoup plus difficile à ses rivaux pour résister à l’attaque de Pogačar. Pour corser les choses, Finn Fisher-Black puis Juan Ayuso et Rafal Majka avaient secoué le peloton avant l'attaque décisive du Slovène à 23 km de l'arrivée.

« L'équipe a fait un super travail, s’est enthousiasmé Pogačar. Nous avons fait les choses exactement comme nous le voulions. C'était vraiment une belle course, et merci à tous mes coéquipiers, parce que, sans eux, ce plan n'aurait pas été parfait. Heureusement, j'avais aussi de bonnes jambes pour réussir ce que je voulais à la fin. Nous avons durci la course dès le début, y compris pour contrôler l'échappée, et vraiment, le parcours difficile m'a bien convenu. La journée a été exigeante avec toutes ces ascensions, mais je suis très heureux de remporter à nouveau la victoire ici à Montréal. »

Le Slovène avait déjà remporté l'épreuve en 2022, lorsqu'il avait pris le dessus sur Wout van Aert dans un sprint à cinq. Mais 2024 est l'année des exploits solitaires pour Pogačar, qui remporte sa 14e victoire en solo de la saison à Montréal, six mois après avoir lancé les hostilités avec une chevauchée solitaire de 81 km dans les Strade Bianche.

Il domine également le Classement mondial individuel UCI. Mais cela ne lui suffit pas. Pogačar a été conquérant toute l'année, de l'Italie au Canada, en passant par l'Espagne, la Belgique et la France. Il veut maintenant remporter les Championnats du Monde Route UCI en Suisse.