La Volta a Catalunya (lancée en 1911) a été marquée par une première fin mars. Alors que Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) maintenait une domination slovène sur la course à étapes espagnole, un an après le succès de Primož Roglič, les fans ont assisté à la première participation d'un coureur mongol à une épreuve de l'UCI WorldTour. Et Jambaljamts Sainbayar (Burgos-BH) a fait plus que participer - il a montré ses galons de Champion National avec une échappée le deuxième jour, une étape de montagne brutale menant à Vallter 2000.
🤩 10ª posición de un brillante @josediazgallego en Vallter y primera fuga de @SJambaljamts
— Burgos BH (@BurgosBH) March 19, 2024
🗣️ "Ha sido una sorpresa. No sabía que había tan pocos corredores por delante, ya que iba remontando por un enganchón al inicio del puerto"
📝 https://t.co/XgUvfVEsvA#VoltaCatalunya103 pic.twitter.com/usuCc7fX9i
Sainbayar n'est pas étranger à l'altitude, puisque sa ville natale, Ulaanbaatar, est perchée à environ 1 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Mais alors que le printemps s'est installé dans la station pyrénéenne, les conditions générales étaient bien différentes de celles des hauteurs de la Mongolie. "Il fait froid la plupart du temps, jusqu'à -20°C en hiver", explique le jeune talent. "Et il y a beaucoup de vent. Ces dernières années, je ne me suis pratiquement pas entraîné à l'extérieur en Mongolie.
Dans ces conditions, "la lutte et la boxe sont les sports traditionnels", explique Sainbayar avant de citer ses références cyclistes mongoles. Il y a trois décennies, Jamsran Ulzii-Orshikh était "le grand nom". Également connu sous le nom d'Oggi, il a impressionné aux Jeux olympiques de 1992 (un top 10 était en jeu avant qu'il ne soit pris dans une chute) et a failli signer pour Gatorade. Il est décédé en 2019.
Dans l'épreuve UCI ProSeries du Tour d’Oman, Sainbayar a roulé aux côtés de Tegshbayar Batsaikhan (Roojai Insurance), ancien stagiaire du Centre Mondial du Cyclisme UCI (CMC), qui a laissé sa marque à Aigle (Suisse) avec une médaille d'or surprise dans la course aux points des Championnats du Monde Piste Junior UCI 2016. Le talent peut grandir dans les hauteurs de l'Asie centrale et Sainbayar est le plus brillant d'entre eux en ce moment, alors qu'il se prépare à conquérir l'Espagne et l'Olympe.
D'Oulan-Bator à Burgos, en passant par Minsk
"Il est très calme, mais il est très fort mentalement", explique son Directeur Sportif de Burgos-BH, Damien Garcia. "Il n'abandonne jamais. Son parcours personnel pour devenir cycliste professionnel en dit long sur ses capacités". Pour atteindre Burgos, où il s'est installé pour la saison cycliste, Sainbayar a dû surmonter de nombreux obstacles et détours.
Son premier vélo, offert par sa famille à l'âge de trois ans, était trop grand pour lui. "Je devais m'appuyer sur un mur pour m'arrêter et descendre", sourit-il. Les premières graines sont plantées et, 12 ans plus tard, il rejoint naturellement l'équipe cycliste du lycée sportif national de Mongolie. "Je faisais du foot mais j'adorais le vélo, j'ai participé à une course et je suis tout de suite monté sur le podium".
Il est sur la voie du succès cycliste, mais avec encore quelques détours.
"En tant que junior, je suis allé en Corée pour suivre un cours de cyclisme UCI sur piste et, de là, j'ai participé à une course de côte que j'ai remportée", se souvient Sainbayar. "C'est à ce moment-là que j'ai commencé à penser que le cyclisme pourrait être ma carrière. Il a laissé sa marque sur l'UCI Asia Tour et a signé avec Ferei Pro Cycling Team en 2019... "Et puis tout s'est arrêté en Chine avec le Covid et j'ai fini par passer six mois à vivre avec mon Directeur Sportif Yahor Buben en Biélorussie", raconte-t-il.
Après 18 mois sans course, les gens se souvenaient encore des précédents aperçus du talent de Sainbayar. "L'équipe cycliste de Terengganu m'a donné un contrat pour une demi-saison avec un bloc de courses 1.2 en Turquie. "J'ai obtenu quatre podiums en six courses, alors l'équipe m'a donné un nouveau contrat et j'ai fini par rester trois ans.
"Nous voyons avec l'UCI WorldTour que le cyclisme est de plus en plus international »
"J'avais remarqué le talent de Jambal lorsque j'étais en Asie avec Interpro, il y a trois ou quatre ans", explique son Directeur Sportif actuel. "Il se débrouillait très bien sur l'UCI Asia Tour et son entraîneur Jeremy Hunt l'a recommandé. Nous avons observé ses données pendant toute l'année 2023 et nous avons décidé de lui donner une chance à Burgos-BH.
"C'est un coureur complet, fort en montée, avec un bon sprint, et il roule bien sur le plat", poursuit Garcia. "Il sait aussi se positionner dans le peloton. Il doit donc s'adapter un peu, mais c'est déjà un coureur intéressant. On voit avec l'UCI WorldTour que le cyclisme est de plus en plus international et c'est intéressant pour nous de trouver de nouveaux talents".
Se remémorant les batailles d'Alberto Contador et de Chris Froome dans les années 2010, Sainbayar veut montrer son talent dans les Grands Tours et à Paris 2024. "Je rêve des Jeux Olympiques", dit-il après que la Mongolie ait réussi à obtenir une entrée pour la course sur route et le contre-la-montre.
"Avec la Fédération Cycliste Mongole, nous nous sommes vraiment concentrés sur l'obtention de cette place", explique-t-il. "Nous sommes un petit pays cycliste, ce n'est pas comme si nous avions beaucoup de coureurs pour accumuler beaucoup de points. Participer aux Mondiaux UCI et aux Jeux Olympiques est un succès et une fierté pour le cyclisme mongol."
Là aussi, il poursuivra l'héritage de son compatriote "Oggi".
🚴♂️❄️ From enduring training rides in -25°C to making history as Mongolia's first professional cyclist! 🇲🇳
— The Olympic Games (@Olympics) February 9, 2024
Find out more about the journey of Jambaljamts Sainbaya ➡️ https://t.co/SQYEoYSIaH@SJambaljamts I @BurgosBH I @UCI_cycling pic.twitter.com/jJUBbY6Cvu