UCI WorldTour : un trio slovène très en vue en ce début de saison

Les quatre premières épreuves UCI WorldTour du mois de mars ont couronné trois stars slovènes : Tadej Pogačar (Strade Bianche et Tirreno-Adriatico), Primož Roglič (Paris-Nice) et Matej Mohorič (Milano-Sanremo).

Les Slovènes se distinguent au plus haut niveau depuis quelques années, mais jamais le pays alpin n'a été aussi dominant que ce mois-ci. Le prodige Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) a illuminé les routes italiennes en affichant une suprématie absolue sur les Strade Bianche et Tirreno-Adriatico. Son aîné Primož Roglič (Jumbo-Visma) s'est joint à la fête en remportant, à l’arrivée de Paris-Nice, son 10e succès au général dans une épreuve de l’UCI WorldTour. Et Matej Mohorič (Bahrain Victorious) a volé la vedette dans la descente du Poggio pour remporter le premier Monument de la saison, Milano-Sanremo, et le troisième pour le cyclisme slovène en un an, après les triomphes de Pogačar à Liège-Bastogne-Liège et Il Lombardia.

Mohorič, l’audacieux

Après avoir vu Pogačar survoler ses trois premières courses de la saison (UAE Tour, Strade Bianche et Tirreno-Adriatico), tous les yeux étaient rivés sur lui lorsqu'il a accéléré à quatre reprises dans la montée du Poggio di Sanremo, samedi dernier, pour tenter d’écarter les sprinteurs avant une plongée furieuse vers la Via Roma.

Le prodige ouvrait encore la voie dans la descente… ce qui l’a mis aux premières loges pour voir son compatriote Mohorič filer vers la victoire grâce à ses talents étourdissants et son calme époustouflant.

« Avant la course, [Mohorič] m'a dit de ne pas essayer de le suivre en descente, et j'ai répondu que j'étais conscient qu'il serait très difficile de le suivre, car je sais qu'il est fou sur ce type de terrain », a déclaré Pogačar à Sanremo.

Pogačar est tout à fait conscient des compétences uniques de son compatriote, venu décrocher un succès de prestige dans la lignée de ses triomphes précédents, dont deux titres de Champion du Monde Route UCI, en tant que Junior (2012) et dans les rangs des Moins de 23 ans (2013). Ce dernier succès l'avait vu repousser de justesse ses poursuivants, parmi lesquels Louis Meintjes et Julian Alaphilippe après une descente spectaculaire à Florence (Italie).

« Dans les 3 derniers kilomètres, j'étais super concentré, a décrit le vainqueur. Je n'ai pensé à rien d'autre, je n'ai fait que donner le meilleur de moi-même. Je suis resté concentré même si j’ai failli chuter deux fois. Je suis tellement heureux d’y être arrivé. C'est une opportunité unique dans une vie, et cela accompagnera l'équipe et moi pour toujours. »

Désormais vainqueur d’un Monument, en plus de ses victoires d'étapes dans les trois Grands Tours, Mohorič construit un palmarès spectaculaire, et de nombreuses occasions de briller se présentent à lui dans les prochaines semaines, avec des courses d'un jour comme l’E3 Saxo Bank Classic, le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race, Paris-Roubaix ou Liège-Bastogne-Liège à son programme.

Tout le monde est désormais pleinement conscient de ses possibilités et de sa détermination. Cela vaut notamment pour ses rivaux comme le Néerlandais Mathieu Van der Poel (impressionnant 3e à Sanremo pour sa première course de la saison). Le coureur d’Alpecin-Fenix aura hâte de prendre sa revanche.

Pog & Rog matent l’opposition

Avant que Mohorič ne vole vers le triomphe à Sanremo (sa 16e victoire en tant que professionnel, dont la moitié dans des épreuves de l’UCI WorldTour), Pogačar et Roglič avaient dominé les premières courses par étapes UCI WorldTour de la saison de manière plus traditionnelle : en matant l’opposition dans les ascensions, et avec une frayeur pour 'Rogla' le dernier jour.

Le leader slovène de Jumbo-Visma revenait sur la Course au Soleil bien conscient des nombreux pièges que cette semaine peut lui tendre. L'année dernière, il avait affiché une domination impressionnante et remporté trois étapes, pour finalement perdre le maillot jaune sur chute lors de la dernière étape.

Cette fois-ci, Roglič s'est contenté d'une victoire d'étape, au Col de Turini. Sa performance dans le contre-la-montre individuel (2e derrière Wout van Aert) et la domination collective de Jumbo-Visma le plaçaient en position idéale au moment de relever les défis de l'arrière-pays niçois. Pourtant, « ça ne se passe jamais comme sur des roulettes pour moi », a déclaré le vainqueur avec un sourire de soulagement après avoir remporté la victoire au général.

Les coureurs ont été accompagnés par la pluie pour le dernier jour de la Course au soleil, et un peloton réduit a livré une grande bataille. A 49 km de l'arrivée, il ne restait que cinq coureurs en tête, et Simon Yates (Team BikeExchange-Jayco) a remporté la victoire en solitaire après une attaque spectaculaire dans la dernière ascension. Heureusement pour lui, Roglič pouvait compter sur un Van Aert souverain pour le mener à la victoire finale.

Le même jour, la route de Pogačar vers San Benedetto del Tronto était beaucoup plus tranquille. Phil Bauhaus (Bahrain-Victorious) a sprinté vers la victoire d'étape, tandis que le grimpeur slovène validait sa victoire au général à Tirreno-Adriatico pour la deuxième année consécutive.

Toute la semaine, il a été dominant, remportant deux victoires d'étape : un sprint en montée vers Bellante, et un autre numéro en solitaire sur les pentes autour de Carpegna. Avec sept victoires déjà en 2022 (toutes dans l'UCI WorldTour), Pogačar semble encore plus dominant que l'année dernière, au cours de laquelle il avait accumulé 13 succès (dont un Grand Tour et deux Monuments).

Milan-Sanremo l'a vu faire le spectacle, mais la Primavera a également démontré que le Cannibale en puissance peut encore être battu. Sa 5e place est le meilleur résultat à Sanremo pour un vainqueur sortant du Tour de France depuis la victoire d'Eddy Merckx en 1976. Et voilà maintenant que Pogačar se prépare pour les pavés du Tour des Flandres !