UCI WorldTour : Van der Poel vs Pogačar, le duel monumental

Sept Monuments chacun après un Milano-Sanremo époustouflant

Résister à l'ambition de Tadej Pogačar de remporter toutes les grandes courses, et notamment les Monuments, est en train de devenir l'une des performances les plus difficiles à réaliser dans l'histoire du cyclisme. Pourtant, Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceuninck) a réussi, une fois de plus, à contrer les nombreuses attaques de la star slovène samedi dernier sur les routes de Milano-Sanremo.

L'UAE Team Emirates-XRG a préparé le terrain pour Pogačar avec encore plus d'intensité et d'anticipation que les années précédentes. Il s'est envolé dans la Cipressa, à près de 25 kilomètres de l'arrivée. Puis il a attaqué, encore et encore, y compris dans le Poggio. Mais Van der Poel n'a jamais faibli – il a même tenté de se détacher dans la dernière montée de la journée –, et Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) a réussi à revenir dans le dernier kilomètre, juste à temps pour participer au sprint final et terminer 2e, comme il l'avait fait en 2024.

Sur la Via Roma, Pogačar a tenté de jouer avec les nerfs de Van der Poel, un rival qu'il a affronté à plusieurs reprises dans de telles situations... mais le Néerlandais a déclenché son sprint à 300 mètres de l'arrivée pour remporter sa deuxième victoire à Sanremo, sa septième victoire sur un Monument, égalant ainsi le record de son rival slovène, bien au-delà de celui de tous les autres coureurs en activité (John Degenkolb, Remco Evenepoel, Jakob Fuglsang et Alexander Kristoff en ont remporté deux chacun). Les deux hommes sont également les seuls à avoir gagné trois Monuments distincts.

Une domination historique

« Je voulais vraiment cette victoire, mais ce n'était pas facile contre ces deux rivaux, a déclaré Van der Poel. Tadej a essayé de me lâcher, mais je me sentais plutôt en forme. J'ai riposté dans le Poggio, mais il a réussi à revenir. A ce moment-là, je savais que les deux autres essaieraient de forcer un long sprint et je pense que je les ai un peu surpris. J'ai lancé quand j'ai vu le panneau des 300 mètres. Gagner Milano-Sanremo est spécial, mais le faire contre deux coureurs incroyables me rend super heureux et fier d'être sur le podium avec eux. »

« Nous verrons l'année prochaine, a annoncé Ganna après avoir assuré qu’il n’aurait pas pu faire plus aujourd'hui. » Pogačar a quant à lui déclaré : « Chapeau à Mathieu Van der Poel. C'était une belle édition de la course, nous avons tout donné. J'espère pouvoir gagner ici un jour. Aujourd'hui, je dois me contenter de la troisième place, mais nous reviendrons l'année prochaine pour faire mieux ».

Il est fort probable que Pogačar doive à nouveau affronter Van der Poel pour régner sur Sanremo, où Alpecin-Deceuninck s’est imposé chaque année depuis 2023 : d'abord avec Van der Poel, puis Jasper Philipsen, et maintenant Van der Poel à nouveau. La star néerlandaise, qui portait le maillot arc-en-ciel l'année dernière avant que Pogačar ne remporte les Championnats du monde Route UCI à Zurich (Suisse), établit ainsi la domination absolue du duo sur les Monuments.

Sanremo, les Flandres et Roubaix pour « MVDP », Liège et la Lombardie pour Pogačar : ils sont les derniers vainqueurs des cinq Classiques les plus prestigieuses. Ensemble, ils ont remporté 10 des 12 derniers Monuments disputés, Evenepoel à Liège-Bastogne-Liège en 2023 et Philipsen à Milano-Sanremo en 2024 étant les deux seules exceptions. Ils sont montés ensemble sur le podium à trois reprises.

En route pour les Flandres, avec Roubaix en tête

En sera-t-il de même dans deux semaines, lorsque les deux stars s'affronteront dans le Ronde van Vlaanderen (Tour des Flandres), le deuxième Monument de la saison ? C'est jusqu'à présent le seul qu'ils aient tous deux conquis – à trois reprises pour Van der Poel, une pour Pogačar –, et, ensemble, ils en ont remporté les trois dernières éditions. Avec ses courtes ascensions, ses pavés exigeants et ses routes difficiles, le Ronde offre un excellent mélange pour mettre à l'épreuve leurs différentes qualités.

Jusqu'à présent, Sanremo a résisté à Pogačar. Quant à Liège-Bastogne-Liège et Il Lombardia, Van der Poel a déclaré samedi qu'il serait « presque impossible d’y gagner contre des coureurs comme Tadej et Remco. Peut-être pas absolument impossible, mais il faudrait que j'aie beaucoup de chance ». Il a terminé 10e lors de sa seule participation à Il Lombardia (2020) et 3e l'année dernière à Liège.

Avant de s'attaquer à ces sommets, Van der Poel aura un rendez-vous majeur sur les pavés de Paris-Roubaix : il pourrait devenir le troisième coureur à remporter trois éditions successives de l’épreuves, après Octave Lapize (1909, 1910 et 1911) et Francesco Moser (1978, 1979 et 1980).

Pogačar n'a pas encore participé à Paris-Roubaix... Mais il a déjà montré son talent sur les pavés et son ambition de dompter l'Enfer du Nord. Celle-ci se concrétisera-t-elle en 2025 ? Une annonce devrait être faite dans les prochains jours.