Après les Strade Bianche, Milano - Sanremo : Wout van Aert (Jumbo-Visma) a remporté samedi la 111e édition de la course d'un jour la plus longue, le premier Monument d'une carrière qui l'a déjà couronné de succès sur de multiples terrains. À 25 ans, le Belge est l'homme fort de la reprise après la longue interruption due à la pandémie de Covid-19. Il s'est imposé devant le vainqueur sortant, le Français Julian Alaphilippe (Deceuninck – Quick-Step), tandis que l'Australien Michael Matthews (Team Sunweb) prenait la troisième place en dominant le sprint du peloton.
Triple Champion du Monde Cyclo-cross UCI (2016-2018), Van Aert reproduit l'exploit d'Alaphilippe l'an dernier en s'offrant le doublé Strade Bianche - Milano-Sanremo. "Je suis super heureux. Je ne peux pas croire que j'ai remporté ces deux victoires à la suite", s'est-il réjoui. "Je reste sans voix, à vrai dire. Je sais que tout le monde dit ça après avoir gagné un Monument, mais débuter la deuxième partie de la saison comme ça... c'est fou. Julian a très bien joué le coup, il m'a fait passer en tête et je devais garder de la vitesse parce que le peloton revenait. Il était difficile de maintenir le bon rythme tout en préservant un peu de force pour le sprint mais ça a suffi, pour seulement une demi-roue."
La Classicissima di Primavera (la "grande classique du printemps") est devenu la Classicissima d’Estate (la grande classique d'été) avec son report du 21 mars au 8 août en raison de la pandémie de Covid-19. Loin des températures printanières de la Riviera ligure (il n'est pas rare d'observer de la neige sur les Apennins), le peloton évoluait sous des températures supérieures à 30ºC et le bitume était chauffé à plus de 40ºC. Les organisateurs ont dû changer non seulement la date mais aussi le parcours, en raison de l'opposition d'une douzaine de maires de la province de Savone et des violents orages qui se sont abattus sur Alessandria ces derniers jours.
Les coureurs se sont engagés dans un défilé traditionnel à travers Milan, depuis la Piazza Castello, avec une dizaine de kilomètres jusqu'au départ réel, via della Chiesa Rossa à Trezzano sul Naviglio. Le parcours file ensuite dans les terres, en direction du sud-ouest, et traverse le Piémont, flirte avec Alessandria et sillonne le Montferrat et les terres de Langhe (célèbres pour leur production vinicole) avant les ascensions de Niella Belbo at 161km et du Colle di Nava au km 229. Ces deux montées précèdent l'entrée dans la province d'Imperia.
Le parcours de Milano-Sanremo 2020 perd les ascensions du Turchino et des Capi (Melo, Cervo et Berta) mais le dénivelé positif dépasse les 2 800m avec de nouvelles difficultés en direction de la côte et de la Via Aurelia. Le final explosif reste intact, avec les montées de la Cipressa et du Poggio avant la plongée vers l'arrivée sur la Via Roma à Sanremo, au bout de 305km, et même 315 en considérant le départ fictif, soit l'édition la plus longue de la Classicissima. Les équipes devaient affronter cette distance inédite avec six coureurs (contre 7 habituellement), les organisateurs ayant choisi de réduire le nombre d'équipiers pour inviter deux équipes supplémentaires, Androni Giocattoli-Sidermec et Bardiani-CSF.
Trois coureurs parmi ces invités de dernière minute se sont faits une place dans la grande échappée du jour, partie après seulement 2 km de course : les Italiens Alessandro Tonelli, Fabio Mazzucco (Bardiani CSF Faizane) et Mattia Bais (Androni Giocattoli-Sidermec) sont sortis avec leurs compatriotes Manuele Boaro (Astana), Damiano Cima (Gazprom-Rusvelo) et Marco Frapporti (Vini Zabu-KTM). L'Espagnol Héctor Carretero (Movistar Team) les a accompagnés avant d'être distancé à 73km de l'arrivée. L'écart maximal, 6'50", a été atteint après 52km et Boaro a été le dernier fuyard repris par le peloton, à Imperia.
Le Belge Loïc Vliegen (Circus-Wanty Gobert) a lancé la première offensive dans la Cipressa, en compagnie de l'Italien Jacopo Mosca (Trek-Segafredo), vainqueur du Tour de Hainan en 2017. Mais les deux hommes ont été repris avant le sommet. L'ascension a enterré les espoirs de deux favoris d'avant-course : l'Australien Caleb Ewan (Lotto Soudal), qui avait pris la 2e place à Sanremo en 2018, et le Colombien Fernando Gaviria (UAE Team Emirates), 5e en 2017. Daniel Oss (Bora-Hansgrohe) a accéléré dans la descente de la Cipressa et maintenu un rythme élevé sur la via Aurelia. Le peloton est revenu juste avant le Poggio, où tout s'est emballé.
Le vainqueur sortant Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) s'est montré le plus saignant pour faire la différence dans la partie la plus pentue de l'ascension. Seul le vainqueur des Strade Bianche Wout van Aert a pu accompagner le Français dans la plongée vers l'arrivée. Le duo a insisté dans les derniers kilomètres pour se disputer la victoire sur la Via Roma. Alaphilippe a tout donné au sprint mais il n'y avait rien à faire contre Van Aert, qui avait déjà affiché une belle pointe de vitesse mercredi en prenant la 3e place de Milano-Torino derrière les spécialistes du sprint Arnaud Démare (Groupama-FDJ) et Ewan. La victoire de Van Aert est la première pour un Belge à Sanremo depuis Andreï Tchmil en 1999.
Le calendrier UCI WorldTour va offrir de nouvelles émotions intenses avec le Tour de Pologne et la Classica delle Foglie Morte (la classique des feuilles mortes), Il Lombardia, une semaine après la Classicissima de Primavera (samedi 15 août).