Une heptathlonienne parcourt le monde à vélo

Rebecca Wardell (NZL), ancienne athlète olympique spécialiste de l’heptathlon, a récemment rallié la Nouvelle-Zélande après avoir parcouru le monde à vélo pendant 10 mois.

Partie du lac Léman en Suisse – où elle travaillait comme manager pour la planification et la coordination des Jeux au Comité international olympique (CIO) –, elle a parcouru 20 000 km à vélo, traversé 19 pays et grimpé l’équivalent de 11 fois la hauteur du mont Everest pour rentrer chez elle, en Nouvelle-Zélande.

Plus qu’un simple défi personnel, le voyage de la Néo-Zélandaise, qu’elle a appelé The Long Way Home (« Le long retour à la maison »), a levé des fonds pour la fondation Forward – œuvre caritative qui incite les lycéennes à s’investir dans le sport et à acquérir des compétences de leaders.

Pour l’heptathlon, Wardell, qui a participé aux Jeux olympiques de Pékin 2008, a dû maîtriser le 100 mètres haies, le saut en hauteur, le lancer de poids, le 200 mètres, le saut en longueur, le lancer de javelot et le 800 mètres. Si elle n’a jamais participé à des compétitions à vélo, elle s’est rapidement habituée à passer une grande partie de sa journée assise sur la selle.

« J’avais fait un peu de cyclisme en loisir et participé à quelques événements pour m’amuser. C’est tout. Le vélo est une façon incroyable de découvrir le monde et de rencontrer des personnes. Les choses que je n’aime pas, ce sont les grandes collines quand je suis assez chargée ou avec un vent de face ! »

« Comme on n’allait pas très vite, les habitants venaient facilement nous voir à vélo. Et je pense qu’on avait l’air vulnérables, donc ils étaient plus enclins à nous parler et à nous aider. »

« Nous » désigne les rameuses Emma Twigg et Sarah van Ballekom, compagnes de voyage, compatriotes néo-zélandaises et collègues au CIO. Parties de Lausanne avec Wardell, les rameuses n’ont jamais eu dans l’idée de faire tout le voyage ; la première est rentrée plus tôt en Nouvelle-Zélande afin de préparer sa qualification pour une quatrième participation aux JO et van Ballekom devait retourner en Suisse pour le travail.

Wardell, 41 ans, a pu compter sur des amis et sur sa famille pour l’accompagner lors de petites portions de son voyage à travers l’Europe, l’Asie centrale et l’Asie du Sud-Ouest – mais elle a parcouru seule de très longues distances. Dans la plupart des pays, elle a rencontré d’autres athlètes olympiques grâce à ses contacts au CIO.

« Rencontrer les habitants, traverser des frontières – notamment l’entrée en Chine qui était une étape majeure –, parcourir le Tadjikistan et suivre le fleuve frontière avec l’Afghanistan… » L’athlète a du mal à choisir les moments les plus forts de son voyage.

Comme on peut s’y attendre, tout ne s’est pas passé sans encombre pendant le voyage. Citons notamment qu’elle a chuté en Iran – ce qui aurait pu mettre fin prématurément à son aventure –, passé des nuits dans des canalisations sur l’autoroute et poussé son vélo dans la boue en Chine, dans le sable au Tadjikistan ; elle a roulé sous des températures proches des 40 degrés au Turkménistan et de -11 en Chine. Elle a franchi des cols à 4655 m, a dormi dans des abris bus, s’est réfugiée dans la hutte d’un berger dans le « no man’s land » entre le Tadjikistan et le Kirghizistan quand il faisait trop froid pour planter sa tente.

Sans aucun doute, son passé d’athlète de haut niveau l’a aidée lors des mauvais jours : « Je gardais l’objectif final en tête et ça me donnait la force mentale de continuer, même dans les pires moments, en sachant que ça faisait partie de l’aventure et rendrait les bons moments encore meilleurs ! »

Elle a été « impressionnée » par l’hospitalité dans chaque pays visité, où elle recevait souvent une invitation à rester chez les habitants. En Turquie, un policier, qui avait vu son aventure sur les réseaux sociaux, a appelé ses collègues pour lui offrir une escorte policière qui l’a suivie patiemment à 6 km/h en montée.

Arrivée saine et sauve en Nouvelle-Zélande, l’aventure de Wardell est loin d’être terminée : elle va se diriger vers le sud du pays en essayant d’arriver chez ses parents au lac Hawea avant Pâques. En chemin, elle compte s’arrêter dans autant d’écoles que possible pour échanger avec les élèves sur son périple.

La Néo-Zélandaise, à qui il reste encore plusieurs centaines de kilomètres à parcourir en Nouvelle-Zélande, a déjà réussi son objectif : soulever 1 dollar néo-zélandais par kilomètre pour la fondation Forward. Elle a choisi cette œuvre de charité avec ses partenaires cyclistes Twigg et van Ballekom ; les trois athlètes sont de ferventes défenseuses du sport comme moyen de valoriser les femmes et de leur donner une voix.

« La Fondation nous a vraiment touchées parce que le sport était une grande partie de nos vies quand on était au lycée. Ça a été un moment très important pour nous aider à connaître de la réussite dans la vie, que ce soit dans le sport ou en carrière, grâce à la confiance engendrée, à ce qu’on a appris et aux amis rencontrés. »

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