Une révolution cycliste à Rome

Comme beaucoup d’autres pays dans le monde, l’Italie a constaté une forte hausse des ventes de bicyclettes depuis la fin des mesures de confinement imposées par le gouvernement. Dans ce contexte, les citoyens préfèrent éviter les transports publics et semblent sensibles aux recommandations des autorités en matière de protection de l’environnement.

Sur le plan local, des responsables ont pris un certain nombre de mesures pour encourager la pratique cycliste. En mai, le conseil municipal de Rome a approuvé la construction de 150 km de pistes cyclables transitoires le long des principales artères et des axes les plus empruntés de la ville. L'objectif est ici de soutenir les mesures de distanciation sociale, mais aussi de favoriser la santé et le bien-être. L’aménagement de la première piste, le long de la Piazzale Cina, a débuté le 7 mai, rapidement suivi par une voie cyclable sur la Tuscolana et un plusieurs autres infrastructures cyclistes prévues avant même la pandémie de Covid-19. A ce jour, une dizaine de kilomètres ont été achevés, ce qui témoigne de l’engagement de la ville dans ce domaine. La voie cyclable de Tuscolana a beaucoup fait parler d’elle. Elle a notamment été citée en exemple des meilleures pratiques par l’Association Nationale des Dirigeants des Transports Urbains (NACTO) dans le guide « Des rues pour répondre à la pandémie et rebondir ».

Les mesures prises pour encourager la pratique cycliste présentent de nombreux avantages, mais pas seulement à court terme, comme nous l’explique Virginia Raggi, la Maire de Rome : « En favorisant une mobilité active, que ce soit à pied ou à bicyclette, nous limitons le trafic automobile et nous soulageons les transports publics. Nous comptons mettre en œuvre ce plan en conjonction avec d’autres dispositions conçues dans le respect des mesures de lutte contre le Covid, comme la distanciation sociale. Ainsi, nous rendrons nos routes plus agréables. Nous parlons de pistes transitoires et non temporaires, car l’urgence de la situation nous oblige à ouvrir ces voies rapidement et sous une forme simplifiée ; à plus long terme, l’objectif est de multiplier les projets et les constructions pour améliorer la sécurité de tous les usagers de la route. A mesure que nous affinerons notre offre, ces voies pourront être considérées comme permanentes. »

En outre, les nouvelles infrastructures cyclistes contribueront au développement du réseau de transport interconnecté imaginé par la capitale italienne dans son Plan de mobilité urbaine durable (SUMP), adopté à l’été 2019. Le SUMP traite un grand nombre de questions liées à la mobilité urbaine et plus particulièrement à la mobilité active (marche, cyclisme, etc.), aux infrastructures de transport public, au réseau routier primaire et à la distribution des biens en ville. Ce plan a vocation à favoriser l’accessibilité du plus grand nombre et l’utilisation de technologies dites « intelligentes » pour établir la communication entre les infrastructures, les véhicules et les personnes. Le plan prévoit également de laisser une place plus importante aux vélos-cargos dans le système logistique de la ville.

Par ailleurs, les routes doivent « systématiquement augmenter le niveau de circulation cycliste à Rome ; c’est l’ambition que la ville compte réaliser avec l’aide de Handshake », complète Francesco Iacorossi, responsable du projet au sein des Roma Servizi per la Mobilità et premier Maire cycliste de Rome BYCS.

CIVITAS Handshake est un projet Horizon 2020 financé dans le cadre de l’initiative CIVITAS, un réseau de ville engagées en faveur d’un transport plus propre et meilleur, en Europe et ailleurs.  Ce projet permet de partager connaissances et expertise dans le domaine cycliste, via un programme innovant de mentorat entre les villes. Depuis 2018, il a déjà associé dix villes européennes motivées par le développement du cyclisme à trois villes pionnières dans ce domaine, qui ont déjà atteint un niveau d’excellence : Copenhague (Danemark), Amsterdam (Pays-Bas) et Munich (Allemagne) ont ainsi pu partager des solutions éprouvées. Ensemble, ces 13 villes collaborent sur une soixantaine de mesures dans 23 secteurs. Ces solutions sont conçues pour faire de la bicyclette un moyen de transport quotidien plus attractif.

Rome, qui compte parmi les dix « futures capitales du cyclisme » identifiées, a largement bénéficié de cette initiative, qui donne la priorité à la marche et au cyclisme, et promeut une juste réallocation de l’espace urbain entre ses différents usagers. Handshake a joué un rôle crucial dans le développement du nouveau plan de voies cyclables transitoires : les meilleures pratiques expérimentées par les villes du réseau ont influé sur la mise en œuvre du projet et sur la vision globale. Le plan transitoire marquera certainement une étape importante dans l’évolution de la ville vers la réalisation de ses objectifs cyclistes ambitieux.

Malgré l’ajout récent de nouvelles pistes cyclables, les efforts de la ville de Rome dans la promotion du cyclisme s’inscrivent dans un mouvement déjà initié. L’opérateur des transports publics de la ville (Roma Servizi per Mobilità) présente le cyclisme comme un mode de déplacement efficace et durable. Ceci comprend l’association du vélo à des événements sportifs internationaux. En février 2020, les supporters de rugby venus dans la capitale italienne pour le Tournoi des Six Nations ont pu profiter de conseils judicieux pour rallier le stade olympique de manière durable, grâce au guide touristique durable de la ville de Rome (à télécharger ici).

L’initiative, baptisée « When in Rome, go sustainable! », a été lancée en 2015, en partenariat avec la ville de Rome, Federugby (la Fédération italienne de rugby) et le CONI (le Comité National Olympique Italien). Ce programme invite tous les supporters de rugby à se rendre au stade olympique de Rome en vélo. Il leur propose pour ce faire de suivre un trajet clairement balisé et, sur place, il met à disposition des places de parking gratuites pour les vélos, dans des zones spécifiques.

Interrogé sur les défis liés à la promotion de mesures en faveur d'une mobilité active en ville, Francesco Iacorossi répond en citant une métaphore avec laquelle le grand Fausto Coppi parlait de son dévouement à l’entraînement : « C’est un peu comme se battre avec un gorille. On n’arrête pas quand on est fatigué ; on s’arrête quand le gorille est fatigué. »

#PedalaperRoma