Van Baarle, la confiance et la gloire

« L'entraîneur m'a dit que j'avais juste besoin de croire en moi plus que je ne le faisais », raconte Dylan van Baarle, dont la progression régulière au sein de l’UCI WorldTour a été récompensée par un triomphe dimanche à Paris-Roubaix.

Six mois peuvent faire toute la différence, comme le coureur de l’équipe Ineos Grenadiers l'a montré sur les redoutables pavés de Paris-Roubaix. Au mois d’octobre dernier, lorsque le Néerlandais atteignait le vélodrome André Pétrieux, il était hors délai, vaincu par l'Enfer du Nord et ses défis brutaux. Dimanche dernier, il a eu tout le temps de célébrer sa victoire sur la piste emblématique, tout en établissant la vitesse moyenne la plus rapide jamais enregistrée pour un vainqueur de la classique française : 45,8 km/h, sur 257,2 km de bataille acharnée, pour devenir un vainqueur de Monument un mois avant son 30e anniversaire.

« Je sais ce que ça fait d'être le dernier à Roubaix… », expliquait-il au moment où la poussière soulevée par sa cavalcade vers la gloire retombait. « Cette année, j'ai eu la chair de poule, surtout quand j'ai vu Dave [Brailsford, directeur du sport pour Ineos]. Il exultait et on aurait presque cru que nous étions seuls dans le vélodrome. »

Pour sa 13e saison, le projet Ineos Grenadiers (né sous le nom de Team Sky au tournant des années 2010) a dompté l'Enfer du Nord, ajoutant une autre victoire classique d’une journée à son palmarès truffé d’innombrables triomphes dans les courses par étapes.

Et la formation britannique l'a fait avec un talent particulier, qui n'a cessé de grimper dans les rangs du cyclisme d'élite depuis qu'il est devenu professionnel en 2014. Avec sa puissance et sa polyvalence, Van Baarle n'a mis que quelques mois pour remporter sa première victoire chez les pros, sur le Tour of Britain 2014, mais il a dû attendre quatre ans de plus pour gagner à nouveau, lors du contre-la-montre individuel des Championnats nationaux néerlandais 2018.

Les experts en performance l’entourant n’en étaient pas moins convaincus que le coureur né-Voorburg avait toutes les capacités pour revendiquer la gloire au plus haut niveau. Aujourd’hui, Van Baarle est lui-même convaincu de l’étendue de son potentiel, et le monde entier peut admirer ses coups de pédale élégants, même sur les pavés traîtres de Paris-Roubaix.

De Louvain à Roubaix

« Les Championnats du Monde de l'année dernière ont été un moment important, j’ai eu un déclic », a expliqué Van Baarle en tant que tout frais vainqueur de Paris-Roubaix devant Wout van Aert (Jumbo-Visma) et Stefan Küng (Groupama-FDJ).

« L'entraîneur national m'a donné tellement confiance à l’approche de cette course », a décrit le médaillé d'argent de la course sur route Hommes Elite dans les Flandres. « Et après, il m'a dit que j'avais juste besoin de croire en moi plus qu'avant. Je l'ai écouté, et vous voyez ce que ça donne. »

Le résultat est une brillante attaque sur les pavés de Camphin-en-Pévèle, à 20km de l'arrivée, pour finalement s’imposer avec une marge conséquente de 1'47''. Au cours des 235 km précédents, Van Baarle et Ineos Grenadiers avaient fait tout ce qu'ils pouvaient pour se lancer vers la victoire, d’abord en provoquant de premières cassures avant même que le peloton atteigne les pavés, puis en s'assurant de toujours rester aux avant-postes.

« Il me semble que Wout [van Aert] a eu des problèmes mécaniques », s’est remémoré Van Baarle. « Mathieu [Van der Poel, 9e] a aussi dû revenir d'un peu plus loin. Vous vous concentrez simplement sur votre propre course, pour être dans la bonne position au bon moment. Et puis vous devez trouver votre moment. »

« Mettre tout le monde à genoux avant le moment décisif »

Lors d’A travers la Flandre l’an dernier, la première victoire sur une classique de l'UCI WorldTour pour Van Baarle, le bon moment était à 52 km de l'arrivée, avant de signer un grand numéro pour résister à ses poursuivants. Cette fois, le Néerlandais a dû attendre que ses adversaires soient essorés avant de porter le coup de grâce.

« Le cyclisme a beaucoup changé ces dernières années », explique Van Baarle. « Les gars attaquent de plus en plus tôt, et c'est aussi ce que j'ai essayé de faire, pour mettre tout le monde à genoux avant le moment décisif. Je sais que je ne suis pas le meilleur en termes de pics de puissance, mais je peux faire de longs efforts. C'est mon point fort en quelque sorte. »

Sa résistance fait de lui un équipier fiable dans les Grands Tours, pour contrôler le peloton sur tout type de terrain, et il n'est pas surprenant que ses performances les plus impressionnantes soient survenues dans les classiques les plus exigeantes, en particulier le Tour des Flandres, où il a signé cinq top 10 : 6e en 2016, 4e en 2017, 8e en 2020, 10e en 2021 et 2e en 2022. Les places d’honneur se sont désormais transformées en victoire.

« J'ai toujours eu confiance en moi, mais tout d'un coup, tu te retrouves à l’avant dans la finale des Championnats du Monde », a expliqué Van Baarle. « S’appuyer là-dessus pendant tout l'hiver, ça donne confiance en ta capacité à courir pour la victoire. Les Flandres ont été la confirmation que je suis sur la bonne voie. »

Roubaix appelle maintenant de nouvelles conquêtes.