Mercredi, l’Australien Rohan Dennis s’est nettement imposé sur le contre-la-montre Hommes Élites de ces Championnats du Monde UCI 2018, poussant le Néerlandais Tom Dumoulin, Champion en titre, vers la médaille d’argent. Le Belge Victor Campenaerts, une demi-seconde derrière Dumoulin, s’est adjugé le bronze.
Vainqueur de six contre-la-montre cette année, dont deux sur la Vuelta a España 2018, le coureur de 28 ans était l’un des grands favoris avec Dumoulin. Et l’Australien n’a pas déçu : il a franchi la ligne d’arrivée à Innsbruck avec une avance confortable d’une minute et 27 secondes sur son rival néerlandais.
Sur un parcours exigeant de 52,1 km, qui comprenait une première partie longue et plate après le départ à Rattenberg, puis une ascension ardue de cinq kilomètres jusqu’à Gnadenwald et enfin une descente technique et roulante jusqu’à la ligne d’arrivée devant le palais impérial d’Hofburg, Dennis a prouvé qu’il était capable de dominer à la fois ses concurrents et le parcours sur les trois types de terrain très différents.
Sous des conditions chaudes et sèches, dont ont bénéficié les 61 coureurs, Dennis a été le plus rapide à tous les temps de passage intermédiaires. Savoir qu’il avait une avance confortable sur Dumoulin au sommet de l’ascension de Gnadenwald, à mi-parcours, l’a encore plus motivé, a-t-il expliqué par la suite.
« Je recevais des informations de [l’ancien professionnel] Brad McGee dans la voiture d’équipe, et il m’a mis en confiance au sommet de l’ascension », a plus tard raconté Dennis.
« Quand Dumoulin est parti, Brad m’a dit que j’avais une minute d’avance et il m’a aidé à garder la tête froide. Je voulais faire un signe de victoire, mais je voulais d’abord être sûr ; on ne sait jamais tant que Tom n’a pas franchi la ligne. »
Si Dennis a apprécié cet encouragement moral de la part de son directeur sportif, il a confié que les données concrètes le motivaient aussi.
« Je connaissais notre vitesse lors du CLM par équipes [dimanche] » – où son équipe, BMC Racing, a remporté la médaille de bronze –, « où nous avons perdu 19 secondes sur les gagnants. Je suis allé plus vite sur l’ascension que dans le CLM par équipes, et je savais que Dumoulin avait poussé fort dimanche, donc j’avais une bonne idée de la vitesse qu’il fallait pour le retenir. Je crois que c’était un écart de 35 secondes en bas et au sommet je pensais avoir fait au moins le même temps que lui. »
Visuellement, les spectateurs ont pu se rendre compte de la course incroyable de l’Australien quand il a dépassé près du sommet de Gnadenwald l’Espagnol Jonathan Castroviejo, médaillé de bronze aux Mondiaux de Doha en 2016, et qui a commencé le parcours d’Innsbruck 90 secondes avant Dennis.
Un signe encore plus encourageant pour Dennis est venu quand il a rattrapé, puis doublé près de la ligne d’arrivée Vasil Kiryenka, Champion du Monde 2015 et parti trois minutes avant lui. À la fin de sa course, avec une vitesse moyenne de 49,6 km/h, et bien devant le meilleur temps établi par Campenaerts, son grand sourire en ralentissant et en prenant le staff australien dans les bras était la preuve qu’il connaissait l’ampleur de sa réussite.
« Je ne l’avais jamais gagné, et c’est mon rêve depuis que je suis un Junior, donc remporter mon premier en Élites est assez spécial », a déclaré l’Australien, huitième l’année dernière à Bergen.
La déception de Dumoulin, dernier coureur à s’élancer, était palpable quand il a appris sur la ligne d’arrivée que Dennis lui avait succédé en tant que Champion du Monde. Ce qui a peut-être rendu la chose encore plus difficile, c’est que Dumoulin semblait en grande forme sur la première partie plate, tellement en forme d’ailleurs qu’il n’avait que neuf secondes de retard sur Dennis au premier checkpoint après 16,6 km.
On s’attendait à ce que Dumoulin, grimpeur talentueux, rattrape son retard dans les virages larges et les portions à 14 % de Gnadenwald. Mais si Dennis n’a pas faibli le moins du monde, Dumoulin a, lui, perdu au sommet plus d’une minute sur son rival australien, et par la même occasion tout espoir de conserver son titre.
Sur les 17 derniers kilomètres, presque entièrement en descente, le souci principal de Dumoulin était de s’assurer la médaille d’argent devant Victor Campenaerts. Dans l’ensemble, le Champion d’Europe de contre-la-montre a été d’une constance prodigieuse mercredi, ratant la médaille d’argent à seulement une demi-seconde.
L’ascension de Gnadenwald à mi-parcours, longue de cinq kilomètres, a été un élément décisif, où les premiers coureurs, notamment l’ancien multiple Champion du Monde allemand Tony Martin, mais également Vasil Kiryenka et le Suisse Stefan Kung ont eu tout le mal du monde à conserver leur vitesse sur les pentes bien plus raides. Ce sont les coureurs qui ont le mieux réussi à gérer le changement abrupt de parcours, comme le Polonais Michal Kwiatkowski, finalement bon quatrième derrière Campenaerts à +2’04’’, le Portugais Nelson Oliveira, cinquième à +2’14’’, et Castroviejo, sixième à +2’17’’, qui se sont classés parmi les meilleurs. Mais Dennis était dans un jour de grâce mercredi ; intouchable.
Après le contre-la-montre individuel Hommes Élites, les Championnats du Monde Route UCI se poursuivent jusqu’au dimanche 30 septembre avec au programme cinq épreuves de peloton : les premières seront les courses en ligne Femmes Juniors et Hommes Juniors, jeudi.
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