Le format innovant de la Ligue des Champions Piste UCI permet d’avoir un aperçu impressionnant des performances des concurrents. Et sans surprise, le niveau est incroyablement élevé…
Quel est le niveau de compétition de la Ligue des Champions Piste UCI 2022 ? Extrêmement élevé, à en croire les performances réalisées par les stars de la piste lors des deux premières manches de la série dans les vélodromes de Palma de Majorque (Espagne) et de Berlin (Allemagne).
L’analyse des données des leaders des quatre ligues le confirme : le Néerlandais Harrie Lavreysen (vitesse masculine), la Colombienne Martha Bayona (vitesse féminine), le Canadien Mathias Guillemette (endurance masculine) et l’Américaine Jennifer Valente (endurance féminine) ont livré des performances exceptionnelles pour devancer leurs adversaires au classement général avant les trois dernières manches du circuit, qui se dérouleront à Saint-Quentin-en-Yvelines, en France, le 26 novembre, puis à Londres, en Grande-Bretagne, les 2 et 3 décembre.
La Ligue des Champions Piste UCI propulse la discipline dans une nouvelle dimension grâce à son format innovant, et elle offre également un aperçu plus approfondi des performances des athlètes.
« Ce qui est excitant avec la Ligue des Champions Piste UCI, c'est qu'elle rassemble les meilleurs cyclistes du monde, alors les chiffres et les données que nous pouvons voir sur leurs performances offrent des informations extraordinaires sur la différence qui les séparent d’un être humain normal », se réjouit Alex Skelton, Directeur de Sport Science Agency.
Des millions de données pour comprendre la performance
En un peu plus de trois heures de compétition, la deuxième manche de la Ligue des Champions Piste UCI, à Berlin, a ainsi vu Sport Science Agency et Amazon Web Services enregistrer et analyser 2,4 millions de valeurs en partenariat avec Warner Bros. Discovery. « D’ici à 2025, nous étudierons 43 types de données , explique Skelton, en commençant par des mesures relativement simples comme la fréquence cardiaque, la puissance, la cadence et la vitesse, et en évoluant vers de nombreuses mesures plus compliquées pour calculer la pénétration dans l’air, et la puissance ou la vitesse nécessaire pour dépasser dans certaines situations. »
Certaines de ces données peuvent sembler anecdotiques, mais elles permettent toujours de mieux comprendre les performances de l’athlète. Etonnamment, dès le premier sprint de la course à l’élimination, Laura Kenny (GBR) affichait un rythme cardiaque de 183 battements par minute (bpm), bien en deçà de son maximum potentiel de 206 bpm, ce qui montre clairement que la quintuple Championne Olympique n'a pas su exprimer tout son potentiel physique. Pendant ce temps, sa compatriote Katie Archibald a réussi à rester sous les 180 bpm pendant la majeure partie de la course, économisant de l'énergie avant un dernier effort pour prendre le dessus sur Jennifer Valente.
D'autres chiffres sont tout à fait exceptionnels. Ils soulignent le très haut niveau de la Ligue des Champions Piste UCI et montrent à quel point la compétition est exigeante, avec deux épreuves pour les coureurs d'endurance (scratch et course à l’élimination) et les sprinteurs (keirin et vitesse) en une soirée.
Avant de maîtriser l'élimination, Archibald s’était livrée à fond dans le scratch, avec une attaque précoce aux côtés de Valente et un dernier sprint intense au cours duquel elle a atteint les 200 bpm, tandis que sa rivale américaine restait sous les 190 bpm. Valente a expliqué qu'elle abordait la Ligue des Champions Piste UCI comme un omnium disputé sur plusieurs semaines. Elle souhaite donc gérer ses efforts sur la durée. Distancée après n'avoir marqué aucun point dans la course à l’élimination à Palma de Majorque, Archibald ne pouvait de son côté pas se permettre le luxe de choisir ses batailles.
« Il ne s'agit pas seulement de savoir qui a le plus gros moteur »
« Avant le début de chaque édition de la Ligue des Champions Piste UCI, les coureurs fournissent des données sur leur fréquence cardiaque maximale, leur fréquence cardiaque au repos, leur puissance maximale…, explique Skelton. Lors de la dernière course, nous avons vu Kelsey Mitchell (CAN) dépasser la puissance maximale qu'elle annonçait avant la saison. C'est toujours impressionnant quand un athlète professionnel bat un de ses records, et que cela se produise dans une course plutôt que dans des conditions de laboratoire montre que la qualité de la compétition est très élevée. »
Championne Olympique à Tokyo (Japon), Mitchell a établi un record personnel en demi-finale de la vitesse à Berlin… mais elle a pourtant été battue par Mathilde Gros (FRA) ! Plus tôt dans la soirée, la Française avait connu un destin similaire lorsqu'elle avait atteint une fréquence cardiaque de 204 bpm (le maximum qu'elle avait déclaré avant l'événement était de 200 bpm), tout en étant éliminée du keirin.
📊 Data of the night, powered by @awscloud❤️
— UCI Track Champions League (@UCITCL) November 20, 2022
⚡ Women's Sprint League
1525W. Olympic Champion @_kmmitchell came to the UCI Track Champions League with a maximum power of 1500 watts... And she beat her record last night.#UCITCL #TrackCycling #AWS #AWSishow pic.twitter.com/JbH30DI1iN
« La plupart des gens connaissent la formule de base pour calculer la fréquence cardiaque maximale : 220 moins votre âge, explique Skelton. La plupart de ces coureurs sont dans la vingtaine. L'année dernière, nous avons vu la fréquence cardiaque dépasser les 210, et cette année, une poignée de coureurs ont fait plus de 200. Nous assistons donc à des performances vraiment exceptionnelles. »
Les chiffres soulignent le haut niveau de performance et montrent également que le cyclisme sur piste n'est « pas seulement une question de qui a le plus gros moteur », comme le dit Skelton. « Matt Richardson et Harrie Lavreysen se sont affrontés à plusieurs reprises dans le keirin et la vitesse. En vitesse, Richardson a gagné les deux fois, tandis que Lavreysen a remporté les deux keirins. »
A Palma de Majorque, Lavreysen a réalisé sa meilleure performance en demi-finale de la vitesse, avec une puissance maximale qui a atteint les 1’937 watts, avant de tomber à 1’728 watts en finale. A force de répéter les efforts, il était « mort », comme il l'a expliqué. Une semaine plus tard, il a constamment dépassé les 1’800 watts pour s’assurer la tête du classement général. Va-t-il atteindre les 2’000 ce week-end à Saint-Quentin-en-Yvelines ?