« Les rêves se réaliseront un peu plus tard, mais ça ne veut pas dire qu’ils ne se réaliseront pas ! »
Même si elle se retrouve de l’autre côté du monde par rapport à ses coéquipières de la WCC Team en raison de la pandémie de Covid-19, la Chilienne Catalina Soto Campos reste positive.
En 2020, pour la deuxième année consécutive, le Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI, à Aigle (Suisse), a inscrit une équipe féminine auprès de l’Union Cycliste Internationale (UCI). Cette formation est composée principalement de coureuses stagiaires du CMC UCI qui viennent du monde entier pour s’entraîner sous la tutelle des entraîneurs du Centre et gagner en expérience de course en Europe et au-delà.
Cependant, avec la fermeture temporaire du CMC UCI en raison de la pandémie, pour la santé des athlètes et leur sécurité, les coureuses sont retournées chez elles au Canada, en République tchèque, en Lituanie, en Biélorussie, en Ethiopie, en Slovaquie, en Australie et en Grande-Bretagne.
Après un très bon stage d’entraînement au Portugal en février (au centre satellite du CMC UCI d’Anadia), les jeunes femmes font de leur mieux pour gérer cette pause forcée.
Catalina Soto Campos, dont la famille est établie à Melbourne (Australie), voit le bon côté des choses – passer du temps avec sa mère – dans cette période difficile : « En dehors du fait que le danger pèse constamment sur les populations, je me suis entraînée tout l’été dernier et je me suis préparée mentalement pour la longue saison qui m’attend. J’avais prévu la plupart des courses et je m’étais entraînée mentalement à faire face à tous les scénarios qui pourraient se produire en compétition. Maintenant je ne peux mettre aucune de ces choses en pratique.
« Et je ne peux pas être avec mes coéquipières, qui ont toujours quelque chose à m’apprendre, ni avec les coureurs du CMC dont la compagnie est toujours un plaisir. »
Inscrite dans les programmes route et piste Juniors du CMC UCI, Catalina s’est distinguée l’année dernière aux Championnats du Monde Piste Juniors UCI (argent dans le Scratch) et aux Championnats du Monde Route UCI où elle a été un élément-clé de l’échappée du jour.
Elle était motivée pour sa première année avec la WCC Team, dont elle est l’une des membres les plus jeunes, à tout juste 19 ans. Elle essaie de tirer les leçons des deux courses qu’elle a terminées avec l’équipe au début de l’année pour travailler sur ses faiblesses.
« Sur les deux courses, j’ai terminé à 2’30’’ de la gagnante, alors je travaille pour combler ce retard. Je veux être meilleure et plus compétitive la prochaine fois que j’accrocherai un dossard sur mon maillot. »
Elle se rend compte qu’elle a de la chance de toujours pouvoir s’entraîner en extérieur, mais regrette la solitude : « Il y a moins de discussions, évidemment, et je me sens seule sur les routes. Parfois je m’imagine à vélo avec mes coéquipières pour me motiver. »
Après ses sorties matinales quotidiennes à vélo, elle consacre ses après-midi au yoga ou à la gymnastique, aux siestes occasionnelles et à l’apprentissage du français, avant d’aller dîner et se coucher pour « dormir et rêver grand ».
Après deux semaines en quarantaine, la coéquipière de Catalina, Tereza Medvedova, est de retour dans sa famille en Slovaquie et s’adapte : « Au début, c’était dur de voir le positif dans cette situation... mais au moins je suis chez moi avec ma famille, et personne n’est malade.
« Le pire, c’était de quitter Aigle. Aujourd’hui, nous sommes toutes confinées dans nos pays sans pouvoir nous voir ou participer à des courses ensemble. Et sans savoir quand la saison reprendra, donc c’est assez stressant pour nous toutes. »
Comme Catalina, Tereza peut faire du vélo en extérieur. C’est très différent d’un entraînement avec ses coéquipières, mais elle en tire le meilleur : « J’aime vraiment le vélo et j’apprécie chaque fois que je sors à vélo, alors ça m’aide à rester concentrée. Cette situation se terminera, et je veux être prête pour la compétition. »
Une fois descendue de son vélo, elle participe aux sessions en ligne organisées par la physiothérapeute du CMC UCI avec son équipe, s’entraîne dans espace de musculation aménagé chez elle et participe aux activités et corvées familiales comme le jardinage : « Ici, j’ai une “vie normale” », dit-elle en souriant.
Pour Tereza, malgré la distance, l’équipe est encore soudée : « Je trouve que c’est important de garder l’esprit d’équipe et de demeurer en contact. »
Elle est également en contact tous les jours avec Adam Szabó, l’entraîneur de la WCC Team resté en Suisse. L’équipe ayant recours toute l’année à un logiciel pour s’entraîner, leur entraîneur continue donc d’observer et d’analyser l’entraînement de ses membres où qu’elles soient.
« Pendant la période de quarantaine, c’était difficile mais très important de trouver un bon équilibre et d’éviter l’ennui, explique Szabó. J’ai essayé de rendre les sessions turbo aussi ludiques que possible, et nous avons également fait des doubles sessions (vélo + musculation) pour les occuper. »
La plupart des coureuses de l’équipe sont jeunes – entre 18 et 21 ans – et peuvent donc utiliser cette période pour travailler sur leurs faiblesses individuelles. Leur entraîneur ajoute : « La plupart d’entre elles sont en manque de kilomètres et d’heures nécessaires pour les courses Elite. Travailler sur les fondamentaux les rendra plus fortes; pas pour cette saison, mais aussi pour les années à venir. »
En attendant, Catalina Soto rappelle à tout le monde de « rester en sécurité. On est tous dans le même bateau. »